Avril 2003

   
         
         
  1er avril

Ce matin, c'est d'un pas conquérant et alerte que j'ai quitté la maison en répétant mentalement, le sourire d'un boudha serein aux lèvres, mon mantra favori "Om mani padme om, y m'auront pas, Om mani padme om, y me rendront pas foldinguote" (en pensant, bien évidemment, à mes "chers copropriétaires").

Mais voilà, arrivée au bureau, S. m'a fait part de son regret d'avoir quitté son ancien poste pour nous rejoindre et m'a déclaré se sentir "le dindon de la farce". J'ai le vague sentiment qu'elle estime que notre chef ne lui a pas bien dépeint la situation car elle n'arrête pas de répéter "si j'avais su que les clients débarquent comme ça à tout bout de champs" ou "si j'avais su qu'il faut mettre sous pli, soi-même, le quittancement ..." et patati et patata. Moi je m'étonne, sans lui en faire part, qu'elle n'ait pas posé quelques questions sur l'organisation du travail dans notre Cabinet avant de prendre sa décision, mais bon... chacun ses méthodes. J'essaie d'être là au maximum pour elle et comme nous partageons un grand bureau j'ai toujours l'oreille qui traîne afin de lui venir en aide si nécessaire puisqu'elle reprend principalement les dossiers de gérance que nous avons descendu avec nous mais je craque un peu quand je l'entends marmonner que "là où elle était avant, on faisait comme ci et comme ça". J'espère que ce n'est qu'une humeur passagère !!

Ceci étant dit, nous travaillons toujours dans l'urgence tout en faisant face à la grogne de nos clients. La circulaire d'information que nous leur avons adressée a suscité un nombre d'appels important. Bien évidemment, ils attendent de nous que tout ce qui est resté en attente, depuis des mois, soit réglé en deux temps trois mouvements. Il nous faut donc les rassurer et les convaincre que nous reprenons les dossiers un à un afin de traiter ce qui doit l'être mais que cela va demander encore un peu de temps. J'ai le sentiment d'être en permanence sur la corde raide.

L'ambiance, au sein du service, s'est par contre un peu détendue. Une de mes collègues, rentrée de New-York dimanche, m'a, par exemple, rapporté un petit "carrot cake" sachant que cela me ferait plaisir, c'est dire ... On n'en est pas encore à se taper sur l'épaule et à déjeuner ensemble mais il y a vraiment du mieux.

J'arrive même à leur arracher un sourire lorsqu'elles sont témoins d'un dysfonctionnement dans le service en évoquant "une ambiance à la Pinder pour encore quelque temps" (jonglage, corde raide et cie).

Pour moi, le seul hic (certes très minime) c'est que je partage mon bureau avec S et que celui de notre chef est juste à côté. Pendant l'heure de déjeuner, je n'arrive plus à lire tranquillement les journaux de la RDJ et de la CEV que j'avais pris l'habitude de visiter. Et quand j'y arrive, je suis interrompue par l'une ou l'autre toutes les dix minutes. Ce midi, je lisais justement un commentaire fort intéressant d'un diariste sur ses lecteurs, lequel évoquait le désir de ces derniers de faire partie du journal qu'ils lisent. Ah oui ?

Actuellement, la seule curiosité que j'ai, concernant mes lecteurs, c'est leur nombre. J'ai donc installé un compteur sur mon site afin de connaître le nombre de visites durant le mois d'avril. Après, je pense que je le virerai.

Qu'ils soient nombreux ou pas ne changera, d'ailleurs, rien à ce qui se passe ici entre moi et mon écran bleu. Tant en ce qui concerne ma façon d'écrire ni les sujets abordés. Ce journal que vous pouvez lire tout à loisir est bien le seul endroit où je peux m'exprimer aussi intimement. Exposé au regard de tous mais pourtant un tel espace de liberté.

 
         
         
  3 avril

18h20, je quitte les Champs Elysées en invoquant Sainte Rita (ça mange pas de pain) pour arriver à bon port et pas trop tard.

21h45 : fin du périple.

Je HAIS les fonctionnaires. Je déteste ce chauffeur du bus 31 qui m'a répondu "Fais chier, j'aurais jamais du venir travailler aujourd'hui. Ils ont raison les syndicats, je vais pas me faire chier à bosser jusqu'à 60 ans".

La prochaine fois, je fais tout le trajet à pied. Ca ne me prendra qu'une heure et demie, comme ce matin.

         
  4 avril

le matin, le soleil levant inonde le bureau et joue avec les ailes du poisson qui aimerait tant prendre son envol....

Envol, voyage, temps suspendu, moment du déplacement, mouvement .. là où je suis le mieux. Amala pensait que ce goût me venait de ce qu'elle m'avait porté en son ventre pendant son voyage de noces qui l'avait menée des cimes des Alpes jusqu'à la douce Vénétie en de merveilleuses balades. J'ai du garder en moi une part de son plaisir d'alors.

Vu la belle exposition "Chagall", au Grand Palais, mercredi soir avec Dalba. Bien qu'ayant passé une matinée au musée Chagall de Nice avec un connaisseur, en mai dernier, sa peinture toute en symboles et références aux textes saints est un vrai mystère pour moi. Nous avons donc choisi la visite avec guide audio mais, bien qu'ayant appris deux/trois trucs, j'ai été déçue. Impression d'avoir accordé trop d'attention à ce qui m'était indiqué et pas assez au reste. J'aime me perdre dans ce qui est offert à mes yeux, me laisser guider par l'oeuvre elle-même. J'en conclus que je n'aime pas, dans le fonds, en comprendre tous les mystères. Dans la dernière salle, particulièrement aimé un tout petit assemblage nommé "Profil au Coq" fait de collage de tissu sur du papier journal (1970) ... que je verrais bien au-dessus de mon bureau....

En parlant de bureau, S. grignote une plaquette de chocolat par jour en se justifiant d'un "après l'effort, le réconfort". J'ai la nausée rien qu'à la regarder. Notre chef, elle, péte les plombs et quelques larmes ont failli jallir cet après'm alors qu'elle réalisait qu'il nous restait 1 heure pour faire partir une convocation à une AG (110 copropriétaires), aujourd'hui étant le dernier délai légal. Que nous y soyons parvenues tient d'ailleurs du miracle. Vers 18h00, avant que je ne parte, petite conversation toutes les trois et crises de fou rire quasiment hystériques lors d'un retour sur les anecdotes de la semaine (de la gardienne d'immeuble au fort accent qui parle toujours du "gidicode" et non du digicode, d'un gestionnaire qui passe son temps aux toilettes, porte grande ouverte, à se regominer les cheveux, de S. qui a avalé une dent de fourchette en plastique avec sa salade ce midi, etc....). Il n'en reste pas moins que les tensions restent palpables et la fatigue commence à se faire sentir. Nous sommes réellement submergées de travail et le siège refuse l'embauche d'une intérimaire. J'ai emporté du courrier que je taperai ce week-end à la maison bien que d'après notre chef "ce ne soit pas la solution". Mais comme le dit S. "elle est où la solution ? vous l'embauchez quand ?" Arfffff.....

Et puis la réflexion qui "tue" de notre Président qui, passant dans le bureau un soir vers 20h00, s'étonne de nous y trouver encore et demande à S "mais, vous n'avez pas de vie de famille ?". Arghhhhhhh

Après un tour sur la CEV pour ma mise à jour, je m'en reviens ici pour marquer ma jouaaaaa

Jérôme Attal présente son journal à l'inscription... et Manu est reviendu .. et y'a une nouvelle admin (à suivre ...)

 
         
  5 avril

Ce midi, réveil un peu confus. Il me faut 2 ou 3 secondes pour me rappeler que c'est JG qui dort à mes côtés, que pendant notre conversation l'aube a succédé à la nuit, que nous avons partagé un café au lait avec son ami C. avant qu'il ne nous quitte et que nous nous effondrions au chaud sous la couette, moi consentant à partager mon espace parce que môsieur a la flemme de faire son lit dans le séjour.

Donc, réveillée par la sonnerie du téléphone. Obaasama veut s'assurer que je viens bien la voir le week-end prochain. Je le lui confirme car, de toute façon j'ai proposé à la soeur d'A., dont la petite fille vient d'être hospitalisée à G. Pompidou, de rester chez moi de vendredi à lundi puisque je n'y suis pas. Obaasama me demande, d'une voix hésitante, "ma touplette, qu'as tu prévu ?.. tu sais ...". Oui, je sais, ma chère grand-mère. Je n'oublie pas. Comment le pourrais-je ? Dans 21 jours, cela fera 2 ans. Elle souhaite juste savoir que je ferai bien dire une messe pour Amala au Sacré Coeur, ce dont il faut que je m'occupe.

Pendant ce temps là, j'entends JG s'activer dans la cuisine. J'anticipe avec délice l'odeur de café chaud. Je le vois, avec étonnement, prendre trois citrons et une racine de gingembre dans la corbeille sur le frigo. La boisson idéale pour se remettre d'aplomb, mime t'il en se massant le bidon : la limonade citron/gingembre. Manquent juste quelques feuilles de menthe fraîche me dit-il ! Je hausse les épaules, remplis le filtre de café et plouc ! plouc ! plouc-plouc ! j'attends le chaud breuvage. Mon remède miracle à moi !

Je me recouche quelques instants.Par la fenêtre de la chambre, en me penchant, j'aperçois les deux arbres fleuris de rose qui ont été plantés sur la pelouse de l'immeuble mitoyen. Une journée ensoleillée commence.

 
         
  6 avril

Ponya m'a donné un petit truc hier soir, un remède "home made" (qui, ma foi, semble bien marcher) contre la toux qui me secoue depuis 2 jours : le sirop de carottes. J'ai donc épluché et coupé en fines rondelles deux carottes que j'ai saupoudrées de sucre et qui ont rendu un fort plaisant sirop en à peine 20 minutes (à resauproudrer de sucre et à conserver au frigo jusqu'à ce que les carottes n'en puissent plus). Le fait est que je n'ai presque pas toussé de la nuit.

Marche avec A ce matin mais à un rythme moins soutenu que d'habitude car nous ne sommes pas en super forme. Arrivées près de la Rue des Abbesses, nous assistons à un incident révoltant. Un 4x4 pile devant nous. Le conducteur furibard sort, se dirige vers la portière du passager situé derrière lui et ouvre la porte. Il hurle, donne une claque et secoue .... ce que nous découvrons être, en traversant, un petit bébé dans son siège auto. Le choc ! Je suis clouée sur place et ne peux m'empêcher de dévisager le type. Moi qui ait la répartie assez facile, rien ne sort ... Le type remonte en voiture sans nous regarder et démarre. Le bébé secoué de pleurs et de spasmes a les yeux qui roulent de droite à gauche... Cette violence nous coupe tellement la chique que nous entrons dans un café prendre un expresso et en resortons quelques instants plus tard avec ce petit bout de chou encore en tête.

En passant devant une charcuterie à l'ancienne, dont la devanture présente moultes cochonailles, je pointe mon doigt vers les imposants jambons que reluquent deux braves ménagères chargées de cabas.

Joya :" Regarde un peu la grosseur de ces jambons !"

A : "Ceux de la dame ?"

mdr

Moins morte de rire, quelques heures après, je suis couchée. Mon cerveau qui a du se liquéfier fait flip flop à chaque fois que je me retourne et j'ai un paillasson au fond de la gorge.

Je crois que je vais y retourner, au plum, avec un bouquin et quelques sachets de Doliprane pour compagnie.

 
         
  8 avril

S. arrive dans notre bureau, l'oeil plutôt alarmé, m'annonçant qu'elle vient de voir "une araignée du matin, chagrin" sur la porte en entrant. J'y cavale mais ne remarque rien. Vu l'état de l'équipe, je me demande si les araignées commenceraient pas plutôt à cavaler .... mais non, quand même pas déjà. En regagnant mon bureau, un mug de café à la main, je remarque la démarche entravée de S., qui avance à la pingouin. Elle marque une pause, lève un genou puis repart devant moi, se dirigeant vers les toilettes. Arrivée à la porte, elle me voit et m'explique que le seul collant qui lui restait ce matin est franchement pas de la bonne taille, l'entrejambe lui arrivant à mi-cuisse. Pendant tout le trajet en métro, elle a craint qu'il ne roule le long de ses jambes pour atterrir sur ses mollets. Idem pendant l'achat d'un stock de collants au Monop et le trajet jusqu'à nos bureaux, pendant lequel elle a maintenu le collant sur ses hanches en l'agrippant par ses poches. Pffff. compliqué une vie de femme !

Aujourd'hui, j'ai encore reçu quelques appels concernant la présence de souris dans des appartements. Il s'avère que les immeubles concernés sont tous, ou quasiment, dans le 16ème arrondissement. Que s'y passe t'il donc de particulier ? Les gardiens interrogés ne signalent pas d'immeubles en rénovation ou de chantiers publics. Peut être que ces demoiselles ont tout simplement décidé quelque villégiature dans les beaux quartiers !!! Difficile de faire comprendre aux copro qu'il leur faut dénicher tous les trous d'accès puis les faire boucher avec du verre pilé puis du ciment et de poser des paf ! (tapettes) pour tuer celles qui seront restées piégées dans l'appart (hiiiiiiiirk !!!!!!)

A part ça, je ne tousse presque plus. Merci qui ? Merci Ponya et son sirop de carottes ! (mais je ne peux plus voir un morceau de sucre même en peinture !).

 
         
  9 avril

On pourrait espérer qu'une soirée agréable et intéressante comme celle d'hier (Ah !!! Yahoo Messenger quand tu me tiens....) accoucherait d'une journée du même accabit ... hélas ...

Au programme, ce matin, nous avions : collègue S. péte une bielle, envoie ballader un locataire, revient dans le bureau vociférant, menace de partir (aujourd'hui étant le dernier jour de sa période d'essai), finit par prendre son sac et claquer la porte. Pendant ce temps, j'essaie de rassurer le copro que j'ai au téléphone et qui ne comprend pas bien ce raffut qui couvre ma voix. Ma conversation finie, je regarde, atterrée, la chaise vide, un sentiment de panique commençant à m'envahir à l'idée qu'effectivement S. va rendre son tablier. Je vois bien que, depuis une dizaine de jours, le ton et la tension monte.

Peu après, je résume la situation à ma chef qui enchaîne rendez-vous sur rendez-vous à l'extérieur. On se rassure mutuellement. Pas de panique. On respire, on expire. S. est soupe au lait. Il est probable qu'elle est juste allée faire un tour. Soit. Je raccroche. Je respire, j'expire... Une heure après, S. reprend son poste, dans le silence le plus total. A l'heure du déjeuner, je lui propose de lui prendre quelque chose chez le traiteur chinois mais elle n'a envie de rien. Lorsque je reviens, je la trouve entrain d'attaquer sa deuxième tablette de Côte d'Or.... *soupir* Bon, au moins, j'ai pu aller faire un tour sur la CEV et la RDJ sans être interrompue.

Cherchant à retrouver une certaine sérénité, j'ai sucé frénétiquement des pastilles "peace of mind" d'Origins tout l'après-midi. En vain....

Je suis partie vers 19h00, laissant derrière moi S., visiblement plus calme mais pas beaucoup plus bavarde et ma chef, tout juste rentrée, en espérant qu'elles crèveront l'abcès. Ca devient un peu "trop" pour moi.

Aurais-je atteint mes limites ?

Le pire, c'est que j'ai trouvé le moyen de me reprocher de peut être ne pas être assez là pour elle, de ne pas assez l'aider....

En rentrant, trouvé un court mail de P. qui m'a fait fort plaisir ... mais pas de deuxième épisode d'AD ?????

 
         
  10 avril

J'ai trouvé S. à son bureau ce matin. J'en conclus qu'elle reste au Cabinet. Je suis restée assez silencieuse. J'en conclus que la journée d'hier et les "humeurs" de S. ont du mal à passer. C'est franchement bête mais c'est ainsi.

J'ai la paupière droite qui vrille, par moments, de gauche à droite et vice versa. Ca me gêne.

Je suis fatiguée, je me sens grognon et j'ai horreur de ça.

Autant dire, qu'en arrivant vers 19h30 à la maison, j'ai vite décroché du texte de prières dont Ponya m'avait envoyé le lien sur le ouaib à l'occasion du rassemblement d'amour et de paix de la Mère Marie. C'est quoi cette fondation ASCEND ? Pas la prétention d'être un "travailleur de lumière et d'amour" en ce moment. Quant au nettoyage karmique ????? Rien ne m'inspire là-dedans - Peut être trop greumeuleu ? Peut être dommage ?

"Rassemblement d’amour et de paix de la Mère Marie

Une invitation de la Mère Marie et de tous les Archanges, Anges et Émissaires d’Amour, de Lumière et de paix aux âmes de l’humanité pour se rassembler pour la résolution de toutes les mémoires collectives de guerre sur Terre. La Mère Marie et les Pléiadiens et Arcturiens proposent d’aider tous sur Terre à harmoniser par l’Amour ces énergies qui sont piégées dans les grilles d’énergies de la Terre. La Mère Marie demande à tous d’offrir leur service mondial le 10 avril, le 22 avril et le 10 mai. Elle demande à tous les travailleurs de lumière et d’amour de prêter assistance pour une guérison planétaire par un rassemblement pour une méditation de nettoyage karmique et de paix.

Cette concentration de méditations libérera les mémoires karmiques collectives non résolues de plusieurs lignes de notre librairie vivante dans la Mère Terre. Elle offre une direction particulière pour les mémoires karmiques contenues dans la ligne de San Francisco à Washington et Bagdad, Irak. Cette ligne qui actuellement contient les mémoires karmiques de beaucoup de guerres sur terre et c’est cette énergie qui entraîne karmiquement une plus profonde déconnexion entre les gouvernements d’Irak et des USA. San Francisco est un portail de Lumière actuellement qui assure l’équilibre de ces énergies et leur libération.

Nous nous rassemblerons en cercles d’amour et de lumière autour du monde pour rétablir l’équilibre karmique dans le rassemblement de Mère Marie pour la paix. A cœur ouvert, en tant que des Piliers d’Amour et de Lumière, notre Famille Universelle de Lumière nous demande d’aider à libérer l’amoncellement de ces énergies qui exercent une pression karmique sur ceux qui ont le pouvoir. Pour commencer ce processus immédiatement, on nous demande de dire la prière de Michaël.

Cette méditation est guidée par Mère Marie, l’Archange Michaël et la Conscience Christique de l’humanité et est présentée par la fondation ASCEND dans un service divin par Qala Serenia Phoenix. Veuillez la distribuer à tout le monde sans la modifier." (sur lumiweb.org)

Sans moi !

Coqalane complétement. J'ai lu les dernières entrées de l'Idéaliste, ce midi, concernant sa relation avec sa complice. Je ne suis pas tombée dans de tels extrêmes mais le chemin qu'il parcourt je l'ai emprunté et, sincèrement, je ne sais pas me réjouir pour lui, quoi qu'il en dise.

 
         
   
  11 avril

Dans le compartiment, à la nuit tombée, étrange sensation de voyager dans un train fantôme qui ne s'arrêtera nulle part - Et toujours le malaise en longeant la centrale.

J'arrive tard et Obaasama a les yeux qui papillonent pendant le diner. Cependant, elle n'ira se coucher qu'après m'avoir bordée symboliquement comme lorsque j'étais enfant et fait quelques poutous dans le cou. Dans mon petit lit, je me fais l'effet d'un pâté en croûte. Taie d'oreiller, oreiller, couverture, édredon de plume, le tout bien tiré pour que je ne me découvre pas pendant la nuit.

 
         
  12 avril

Caché au fond du jardin, le protecteur de la maison, auquel je ne manque jamais de rendre une petite visite.

 
         
  13 avril

Obaasama me regarde par en dessous alors que je plonge le nez dans mon bol de café. Mon menton, totalement irrité, me démange. Elle lève un sourcil en s'inquiétant de l'heure à laquelle je suis rentrée. "Juste après le dessin animé. Vers minuit". Je l'occupe avec la liste des quelques courses à faire dans la matinée puis file dans la salle de bains avant que ces investigations n'aillent plus loin. Sous la douche, je tente d'assouplir quelques muscles douloureux à grands jets d'eau chaude. Dans la rue, j'entends la voiture de G. démarrer. Je souris, imaginant sa tête lorsqu'il enfourchera son vélo pour la ballade dominicale avec ses cousins. Après nous être séparés, je n'ai dormi que 4 heures. Dehors, le soleil brille. Il fait très doux.

G. devrait porter une petite notice de mise en garde type "handle with care". A "manipuler" avec précaution. Mais je n'ai pas très envie d'approfondir ce qui s'est passé. Pas encore. Ou peut être jamais.

Après le déjeuner, nous nous installons sous l'auvent pour profiter du soleil en sirotant notre café. Dans le fauteuil en rotin, je somnole pendant que ma grand-mère se remémore certains épisodes de la seconde guerre mondiale : l'exode jusqu'à Saintes avec ses deux bébés, l'isolement, la peur, la survie, le retour, la maison dévastée, puis la naissance d'Annie et son décès en 48. Une tension dans sa voix me rend plus attentive. Elle explique que depuis, elle a toujours gardé le contrôle de ses émotions et ne s'est jamais laissée aller. Comme si il s'agissait d'une faiblesse. Moi, je sais qu'une femme avec un tel caractère n'a jamais su ou pu appeler à l'aide. Autant ma grand-mère a toujours su donner ou partager autant elle n'a jamais su ou pu accepter recevoir. Trahie trop petite, elle n'a jamais vraiment redonné sa confiance.

Mais aujourd'hui, elle aussi a laissé tomber quelques briques. Pour la première fois, en presque deux ans, j'ai pu prendre ma grand-mère dans mes bras et lui expliquer que je comprenais qu'elle n'ait plus de larmes depuis longtemps mais qu'elle ne devait pas, pour autant, garder pour elle tout son chagrin. Son corps qui a rapetissé avec le temps, et me semble maintenant bien fin et si fragile, était secoué de sanglots secs. Je ressentais sa peine dans ma gorge qui se serrait, dans mon cerveau qui refusait de me donner les mots ... Je n'avais que mes deux bras pour lui dire que je l'aime et la comprends. La peine des autres m'est si difficile.... comme le sont ces éternels retours dans le passé qui donnent le sentiment à ma grand-mère de me transmettre quelque chose d'important ... une leçon de la vie.

14 avril

Gros coup de bourdon au retour hier soir ... les week-ends, en tête à tête, chez Obaasama sont toujours un peu longs à digérer pour des raisons que je n'ai pas très envie d'évoquer ici. Disons, pour résumer, que la maison est emplie de fantômes avec lesquels elle vit et avec lesquels il m'est difficile de cohabiter.

Ampo au téléphone cet après-midi me promet une longue soirée jeudi. Sensible à mon humeur qu'il devine tout de suite, il tente par mille pitreries de me faire rire (ce qu'il réussit fort bien à faire). Moi, je dis "vivement jeudi".

Espérons que d'ici là mon menton aura fini de peler et sera moins rouge...

Ponya m'a envoyé un mail concernant la prière de jeudi dernier : "J'ai fait de mon mieux toute seule dans ma cuisine avec ma bougie allumée pour me connecter au pont de lumière." Au mail, était joint un texte, du même accabit, d'un de ses amis parisiens que je n'ai pas le courage de lire.

Si j'étais courageuse, ce soir, je m'occuperais un peu de mon site, surtout des "liens" et de l'option "commentaires". J'avoue hésiter. D'après Cego, techiquement c'est pas du gâteau mais presque. Bon ... je vais encore y réfléchir un peu. Je ne déborde plus autant d'enthousiasme à l'idée d'être confrontée aux éventuels commentaires "à chaud" de mes lecteurs...  Disons que ce que j'écris ici n'appelle pas vraiment de commentaires ! Mouais !!!!! On va laisser tomber l'idée de la boite à commentaires ! En tout cas, jusqu'à la grande mise en chantier de mon journal prévue pour .... on va dire d'ici à l'été prochain (lol).

Bon, ce sera quand même une soirée "web" car je vais, de ce pas, faire un petit tour sur Yahoo pour y retrouver Artdeqo.     

16 avril

"Alors j'ai touché de tous mes sens muets ce qu'elle avait réalisé pour moi. Et c'est un déferlement de sensorialité qui m'a envahi. Le papier sur lequel, de son écriture souple et décidée, elle a tracé les mots qu'elle me donne. Ce papier nuancé qu'elle a touché, parcouru de sa main, plié. Avant même de le lire je me suis enivré de ces sens mis en éveil. L'odeur qui avait voyagé aussi loin de chez elle, intacte. La caresse prolongée du papier sur la peau de ma joue, comme pour la toucher au plus près de ce qui m'était possible. Mes lèvres sur ce papier, imaginant qu'elle y avait posé les siennes...Longtemps je reste comme ça. Et des larmes m'embuent les yeux...Elle me semble si proche, mais je la sais si loin..." L'Idéaliste ... J'arrête de le lire.

Je me plonge plutôt dans les archives de PY en ce moment. Ayant pris ce journal en cours de route, j'ai un sacré retour en arrière à faire. Ce midi, 28ers épisodes. Juste interrompue une fois par une cliente qui cherchait les "vaters". Moi j'étais écroulée de rire à la lecture de l'épisode 21. Il m'a fallu un petit temps pour comprendre ce qu'elle cherchait. J'espère qu'elle n'a pas pensé que je me moquais d'elle. Et puis les "vaters", franchement !!

Ce soir, en arrivant, il m'a fallu 3 minutes pour localiser mes clefs dans mon sac. Pas zen !! Vidé le contenu du sac (un cabas LV qui me vient d'Amala) sur la moquette :

l'agenda (pas de Palm, suis encore entichée de papier), le portable, le vapo d'Herba Fresca de Guerlain, le porte monnaie, les différentes clefs (papa, Sang-Po qui sont retournées dans le tirroir de la commode), des tickets de caisse et des reçus CB, des paquets de Kleenex, 4 paquets de chewing-gum Airwaves Cool Cassis, des plaquettes d'Advil, un flacon de L52, un elixir floral, des tickets restau, un peigne, une pochette maquillage, 4 stylos feutres noirs, le livre "The nanny diaries" de Kraus et Mc Laughlin (prêté par A, toujours pas commencé), le petit carnet Muji sur lequel j'ai jeté des notes pour mon journal pendant mon dernier voyage et week-end.... voili, voilou... Faudrait que je trie, faudrait que je trie, faudrait ....

Faudrait aussi que je sois prudente..... Concernant G., pas le sac. Il passe à Paris pour une compét de judo samedi après-midi et propose que nous dinions ensemble. Terrain miné. Crainte qu'il ne soit un tantinet amoureux de moi. Crainte qu'il ne perde quelques plumes à ce jeu. Je peux me tromper. J'espère que je me trompe. Mince ! Le pire, c'est que je m'en fiche un peu.... qu'il soit amoureux, qu'il perde des plumes.

17 avril

Le bureau de JoYa où le midi elle dévore les aventures de PY. Episodes 29 à 41. Rires en cascades. Collègue S., agacée, l'interrompt toutes les 5 mns pour lui poser des questions sur certains dossiers. Mais JoYa reste zen .... Et puis, un excellent week-end se profile à l'horizon alors JoYa ne va pas se mettre la rate au court-bouillon.

18 avril

Hier soir, après que nos cuillères aient gaillardement mis à mal un pot glacé de Karamel Sutra, je me suis calée, assise parmi les oreillers, le dos d'Ampo contre mon buste, mes mains jointes sur sa poitrine, mes jambes repliées contre les siennes. J'aime cette position car elle me permet de sentir tout son corps contre le mien et de nicher mon nez dans son cou ou ses cheveux avant d'y claquer un baiser. Il se détend alors et s'abandonne. Souvent, dans un geste de tendresse, il saisit ma main, la retourne et dépose sur ma paume le plus délicieux des chatouillis. C'est également dans cette bulle qu'il se livre un peu plus à moi et que le vrai Ampo tombe le masque pour révéler l'homme profondément pessimiste qu'il est. Je le trouve, moi, de plus en plus cynique. Il n'aime pas que je le lui fasse remarquer. Il aimerait pouvoir retrouver la paix de l'esprit et moi lui insuffler un peu de la confiance inébranlable que j'ai en la vie.

Après son départ, j'ai fait un petit tour sur la RDJ puis discuté avec Artdeqo sur YM. Ca devient une vraie manie. Je fais, en quelque sorte, le tour des popotes. Et puis, un petit nuage passe sur mon front jusque là serein. Lamto est là, quelque part sur cette toile. Je n'ai plus de contact. Il en va des relations virtuelles comme des relations non virtuelles.

Bon, il faut que j'aille enfourner le gratin "gifoutout" que j'ai préparé pour un diner avec A. Encore heureux qu'elle m'a appelé au bureau cet après-midi car j'avais complétement oublié qu'en raison des vacances, pas de gospel ce soir. Bon, je ne perds pas au change. A. est d'une compagnie fort agréable et il n'y a plus cette ambiguïté du début qui m'avait mise un peu mal à l'aise.

 
         
  20 avril

Au petit matin :

les cloches sont passées !

Plein de cocholat à grignoter, des petits oeufs en file indienne sur la moquette qui me ramène vers la couette. Et le pov lapin, par petits éclats, a été cueilli par une bouche gourmande sur le chemin de ma peau.

(taille des shoes 45 fillette, arf !) En début d'après-midi, temps gris et pluvieux. Des Lewis Trondheim trainaient pas loin sur la table de nuit. Alors, moi j'ai fait une petite sieste, bercée par les gloussements de G.

Nous sommes sortis de cette douce torpeur pour nous ballader dans quelques rues calmes de Montmartre embaumant le lilas, avons fait quelques emplettes du côté des Abbesses puis sommes rentrés diner à la maison. Tranquille, pépère comme journée. Très plaisant de changer de rythme.

 
         
  21 avril

Grrrr... hier soir, alors que je m'étais éclipsée quelques instants pour faire un tour sur la RDJ et que je retrouvais Cego, PY et Cha sur Yahoo, mon ordi a planté. Incompréhensible. D'autant plus que, malgré l'assistance de G, je n'ai pas pu retrouver la connexion sur free avant ce matin. Et sans avoir rien fait de particulier ... : (

Après le départ de G, j'ai retrouvé Sang-Po chez Kunga ou plutôt devant Kunga. A notre grand étonnement le restau était fermé. Le Clown Bar tenait également portes closes ainsi que le restau mexicain juste à côté. Une sorte de 15 août avant l'heure .... Nous nous sommes donc rabattus sur une "moules/frites" place de la République. Dernières nouvelles de son court métrage (projet pour la musique non encore abouti), discussion sur son statut d'intermittent (modif statut fiscal avec conséquence plutôt dramatique pour lui et ses amis), sur un auteur, Robert Musil, qu'il vient de découvrir et dont il me prête un livre "L'homme sans qualités", derniers potins sur la famille et impressions mitigées sur l'état d'esprit de papa en ce moment (Sang-Po est persuadé qu'il est sous Prozac ou autre du même genre ...).

En rentrant je flâne dans quelques magasins ouverts sur la place et ne résiste pas à une nouvelle guirlande

du plus joli effet !

Bon, je vais essayer de mettre en ligne ces entrées en espérant qu'il n'y aura plus de bugs ! Puis je file rejoindre A. pour une petite marche de remise en forme sous quelques rayons de soleil timides mais bien présents.

 
         
  26 avril

Il y a deux ans, à 5 heures du matin, nous échangions un dernier regard. Tes grands yeux me disaient ton incompréhension, ta douleur, cherchaient une réponse en plongeant dans les miens. Puis, j''y ai vu que tu comprenais, que tu me disais "ma douce" mais tu n'as pas eu le temps de finir. Tes paupières sont retombées. Tu as cessé de respirer. Cela n'avait duré qu'une fraction de seconde.

Il y a deux ans, alors qu'il me semblait que mes entrailles s'étaient retournées, que ma peau s'était fendue pour faire passer à vif l'intérieur vers l'extérieur, ma voix calmement te demandait de te battre, de tenir bon car les secours étaient en route, de rester encore un peu avec nous qui t'aimions tant. Mes oreilles tendues guettaient la sirène des pompiers qui ne mirent que deux/trois minutes à arriver. Une éternité ...

Il y a deux ans, à 6h30 heures du matin, je regardais par la fenêtre alors que le jour se levait, que le coeur de la ville commencait à battre doucement avant de trouver son rythme diurne. En bas de l'immeuble, se trouvaient le camion des pompiers, le véhicule de réanimation et l'ambulance du SAMU dont les gyrophares éclaboussaient de leurs longs traits dorés et rouges les façades d'immeubles. Pendant cette heure et demie, assise silencieuse sur le canapé du séjour, mon esprit reprenait sa place et mon corps sa forme initiale. Pendant ce même temps, dans le bureau, ton corps recevait les soins les plus pointus pour te ramener parmi nous.

Il y a deux ans, à 7 heures du matin, après avoir parlé avec le médecin du Samu, je réalisais soudain que tu étais entrain de nous quitter. Tu n'avais pas repris connaissance. C'est à cet instant que j'ai su qu'il me fallait appeler Sang-Po. Mon appel allait déclencher un cataclysme dans sa vie. Par ma bouche allaient sortir les mots qui feraient tout basculer. Il en serait ainsi lorsque je prendrais le téléphone dans les heures suivantes pour appeler toutes les personnes qui me sont les plus chères.

Il y a deux ans, à 19 heures, après une lourde opération, après que ton coeur ait cessé de battre à nouveau par deux fois, le médecin venait nous annoncer ton décès.

Il y aura bientôt deux ans, alors qu'accompagnée par la douce voix d'un chanteur de gospel, nous te mettions en terre, tu as soufflé à mon oreille "je te remets au monde". La paix revenait en mon âme et ton amour se nichait pour toujours en mon coeur.

Un jour comme celui-ci, il me plait de croire, maman, qu'un lien réunit par la pensée tous ceux qui t'ont aimée et que la lueur des bougies allumées en ta mémoire te parvient où que tu sois.