Décembre 2003

 
         
         
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La nécessité d'écrire s'est faite si pressante ce midi qu'il m'a fallu une page blanche sur laquelle j'ai tout jeté en vrac. J'en ai presque oublié l'effort que ça représenterait de ne pas me relire et de mettre tout cela blanc sur bleu un peu plus tard.

J'aimerais pouvoir laisser de côté cette manie de vouloir comprendre à tout prix tout ce sur quoi je bute. Je suis assez lucide pour comprendre la mise en place du mécanisme (mais pas encore assez (ou pas prête ?) pour voir qu'il n'est pas toujours nécessaire de tourner autour de l'obstacle, de l'observer, de le disséquer jusqu'à prétendre avoir la solution ou jusqu'à n'en plus pouvoir). Ce mode de fonctionnement m'accompagne depuis que j'ai 7 ans, depuis que j'ai voulu comprendre l'incompréhensible et donner un sens à ce que j'avais vécu. Il s'agissait de survivre alors et dans ma tête d'enfant je tentais, tant bien que mal, de m'apporter des réponses qui m'apaiseraient. Peut être y serais je parvenue. Peut être aurais je, avec le temps, arrêter de questionner le comportement des autres dans lequel j'imaginais parfois une menace. Il aura fallu que, quelques années plus tard, la violence d'un autre homme s'abatte sur moi pour ancrer à tout jamais le processus. J'étais alors une adolescente capable de raisonner et d'analyser, ce que j'ai fait jusqu'à avoir le sentiment d'avoir compris l'autre. Le but de la manoeuvre : amener une sorte de conclusion à ce sur quoi je voulais tourner la page.

Aujourd'hui, je ne sais comment me débarrasser totalement de ce dernier maillon qui me lie à ces événements du passé. Comment accepter qu'effectivement je gagnerai probablement à laisser plus facilement filer. Comment admettre que je ne peux pas tout comprendre (pour mieux contrôler ensuite ?).

Abandonner le contrôle ne signifie pas se mettre en danger.

Un dernier effort à fournir.

 
         
         
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Forcément, lorsque le matin, je petit déjeune, je m'habille, je me brosse les dents devant mon PC tout en tentant d'aider Momoyo pour son prochain séjour en France, je finis avec l'étiquette de la culotte battant pavillon sur la hanche droite chez le kiné. Forcément !

 
     
         
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J'ai dans mon sac, un petit pochon d'un joli bleu "JoYa" qui abrite, désormais, deux grigris supplémentaires. A la pièce tibétaine, la petite statuette en os, la pierre en forme de coeur viennent de s'ajouter un gingerman en pâte à sel et un dé rouge au doux chatoiement d'or.

Depuis samedi après-midi, l'image d'un joyeux brouhaha ne me quitte pas.

Pourtant, tout a commencé de la façon la plus sereine vendredi soir, en accueillant Abe et Lirriel. A eux deux, sans appréhension (au contraire), la porte d'une partie de mon monde s'ouvrait toute grande pour les y faire entrer. Embrassades, sourires, installation dans la chambre du fonds en passant par les zones polaires du grand appartement, dîner (accompagné de bulles pour moi et chtite cochonaille qui semble avoir apprécié mon gratin ; héhé, s'il a un peu la reconnaissance du ventre, il osera jamais me virer du cluuuuuub) et bien évidemment sympathique conversation qui nous a menés fort tard dans la nuit. Impression de familiarité étonnante.

Sentiment de bien être un peu plus tard lorsque après les "bonne nuit", je m'enfonce dans l'eau laiteuse d'un bain embaumant la fleur d'oranger. La lumière des bougies vacille, mon corps se détend alors que mes pensées sont loin de m'apaiser. Je ne sais toujours pas si le lendemain je participerai au pik-nik de la RDJ. Gain et perte. Toujours cette idée du jeu.

Difficile de baisser le rideau sur les grandes vitrines de mon âme. Le sommeil joue à cache cache.

Réveil (à peine) quelques heures plus tard. En fait, assez tôt pour avoir le temps de filer chercher des viennoiseries à la boulangerie bd St Germain et de prendre un café au Mucha. De retour à la maison, le silence règne. Je découvre avec "horreur" que la machine à café est cassée, qu'il va me falloir me contenter d'un Nes que je sirote en lisant Courrier International. Quelques articles plus tard, Abe et Lirriel déboulent et nous revoici, en plein blabla, autour des tasses de thé jusqu'au coup de fil d'Ethane qui vient de poser pied en terre capitale. Le signal est donné, l'heure des rendez-vous approche, nous quittons l'une après les autres le nid douillet (greumeuleu les zones polaires) pour nous lancer d'un pas gaillard vers ....

Pour ma part, Katheline, que je retrouve au Square pour déjeuner. Nous ne nous sommes pas vues depuis mon dernier séjour à New-York (hummm la semaine passée à St Mark's Place) et nous avons tant à nous dire que j'en oublie presque l'heure du thé.

Pas grand chose à dire sur l'heure du thé (vanille ? caramel ? ah, non, y'a plus d'vanille). Si ce n'est que j'ai le sentiment d'être encore passée à côté. Une perche a été tendue que GrogsPo n'a pas saisi. Je pourrais faire comme lui et me dire "ben si l'autre ne comprend pas, tant pis". Mais ça, je n'y arrive pas. Ou si peut être. C'est juste une question de choix tout compte fait.

Puis vers 15 heures, le mécanisme se met en marche. Dans le mouvement, tout en parcourant les rues si familières, je me vide la tête, je laisse JoYa et ses craintes derrière moi.

Faire quelques courses au BM (cartes de voeux), le temps que le sas fasse son oeuvre, que le choix s'impose de lui même. Et puis je réalise que je n'ai bidouillé aucun cadeau de mes mains. Malgré la foule compacte agglutinée autour des délices proposés par la Grande Epicerie, je me faufile jusqu'au rayon des "tu fais un voeux, il se réalise" qui me permet de trouver le cadeau qui choisira lui même celui à qui il est destiné.

Toujours sur le même rythme, j'emprunte la rue du Cherche-Midi (greumeuleu de boutique Mulberry qui ne s'y trouve plus, je vais la trouver où moi la recharge de mon agenda), la rue du Four. Le pas vif, les souvenirs en alerte, je me trouve maintenant dans le quartier de Paris que mon grand-père aimait tant. Le lieu de rendez-vous du pik nik se trouve presque à l'endroit où se situait sa confiserie.

Pousser la porte, faire face à la table, trouver une petite place entre Cego et Chat Fou (choix réfléchi, caresser le pelage soyeux d'un chat aurait des effets relaxants. J'ai beau me sentir très à l'aise, on sait jamais). Et puis surprise, par delà les douceurs jonchant la table, une personne que je dévisage sans même penser à le faire avec discrétion. Laurent ressemble de façon si surprenante à Sang-Po que je pense, lors de mon premier coup d'oeil, que mon frère m'a joué un coquin de tour. Le visage en question s'anime, m'adresse un sourire étonné, les expressions ne sont pas identiques, drôle d'impression tout de même.

Ensuite tout s'accélère, quelques échanges rapides avec certains, juste de l'autre côté de la table (autant dire au bout du monde compte tenu du niveau des décibels). Cego change de place, me permettant de me rapprocher de Melvoice pour lequel j'ai la plus grande curiosité et qui m'entrouvre ses fameux Moleskine. Les mots comme des jeux de piste, le processus de la création, nous n'abordons tout cela que trop rapidement. L'homme au visage net comme l'ombre d'un arbre chinois sur un tapis de neige nous quitte et je reste avec un goût de trop peu. S'ensuit un petit jeu de chaises musicales qui me place à nouveau à côté de Chat Fou. Avec plaisir, car c'est un peu (également) pour le rencontrer que je suis venue, ses écrits m'ayant plus d'une fois touchée. Le mémoire, la science-fiction (je touche pas une bille, comme pour les frères Coen (j'ai bien parlé d'une liste suggérée par Cego à laquelle je vais m'atteler parce qu'à part Fargo ...) mais je demande qu'à être guidée). Et puis, juste devant nous, posée sur un verre, une enveloppe qui ne demande qu'à être ouverte. Le cadeau laissé par Melvoice. Je ne résiste pas et découvre de ravissantes petites déco de Noël en pâte à sel que je partagerai un peu plus tard avec Mr Raymond (dont j'ai craint un instant le courroux ; ce cadeau lui était-il destiné ?).

Mais déjà, nous avons un pied dans la soirée et vient le moment de nous séparer. Mon cadeau a choisi son destinataire que je jurerai avoir entendu ronronner lorsque je le lui ai remis.

Une des soeurs Grenier nous indique la plus proche voie d'envol de balais afin de nous rendre en un clin d'oeil chez Kunga mais le soupçon rongeant notre coeur depuis quelques heures (si, si, j'ai bien remarqué que Chat Fou jaugeait d'un oeil méfiant la mixture verte et effervescente qu'on lui avait servi à boire) nous nous contentons d'un trajet en bus. Aussi rapide (et bien plus sûr).

Dîner délicieux comme toujours. Soupe de tsampa et momoks fondants. Kunga me surprend alors que nous nous apprêtons à quitter son restaurant en me proposant de nous voir demain dans l'après-midi. Surprise (heureuse) telle que j'acquiesce sans franchement penser à consulter Abe et Lirriel quant à leur programme du lendemain. Enfin, il me semble entendre Chtite cochonaille m'assurer qu'ils vont se balader avant de prendre le train. Ah ouais ! Alors j'ai bien quartier libre : )

Dans le métro, quelques hésitations sur l'opportunité d'aller admirer l'habit de fête des Champs Elysées compte tenu de la fatigue, la digestion, le froid et tout et tout. Nous finissons donc la soirée, à siroter un tit "pisse-mémé" au chaud en devisant tranquillement jusqu'à ce que la torpeur nous gagne.

Les doigts liés, Abe et Lirriel filent se coucher.

Le caractère et la sensibilité de ces deux-là s'emboîtent si bien qu'ils forment un heureux puzzle à regarder.

Dimanche, réveil difficile et pourtant réveil aux aurores. Impossible de me rendormir. Préparation d'un Bread and butter pudding, puis d'un Nes (beurk) dans la zone polaire, puis sirotage du breuvage (rebeurk même avec du lait, du sucre) en regardant "Le peuple migrateur". A peine le temps de me laisser envoûter par les images qu'Abe et Lirriel font leur apparition. Le pudd attend, tout tiède, que les cuillères l'attaquent. Une dernière conversation avec Abe qui, l'air de rien, m'ouvre un peu son monde tout fait d'une autre sensibilité que la mienne. J'ai le sentiment qu'un voile se lève. J'avais besoin d'entendre ces mots là, justement.

Un peu plus tard, après le départ d'Abe et Lirriel, je m'immerge à nouveau en images dans le plaisir de ces 24 dernières heures.

La vie, c'est joli aussi.

 
         
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Ce matin, j'ai quitté la maison en me promettant de m'attaquer à une mise à jour de mon journal aussitôt rentrée, afin de parler de la visite de Katheline, de Kunga, des films vus, "Kill Bill" et le "Monde de Nemo", que j'ai franchement aimés et d'un tas d'autres petits événements survenus cette semaine.

Sauf que de l'expo "Reiser" (ben oui, moi qui n'apprécie pas son côté bien crade, je me suis marrée devant certains dessins), nous sommes passés à un charmant salon de thé, puis sommes partis à la recherche d'un endroit où nous restaurer (miam, le poulet mangé avec les doigts) et puis, comme décidément nous ne nous décidions pas à nous quitter, nous avons parcouru quelques rues sous la pluie avant de trouver refuge dans un de ces endroits à coulisses que j'apprécie. A la flamme d'une bougie, nous nous sommes réchauffés d'un chocolat chaud parfumé de cannelle et d'un thé. Puis, comme décidément, il apparaissait que nous avions encore un peu à partager, ben, y'a eu une seconde tournée. Et puis, quelques instants plus tard afin de mieux me fondre dans le décor, mes joues ont viré au cramoisi, non pas parce que ce que je sirotais lentement à la paille était bien alcoolisé mais parce que les mots de ChagsBral me prenaient tant au dépourvu.

Sur ceux-ci, je ne dirai pas grand chose de plus. Si ce n'est qu'il semble avoir, comme moi, envie de voir en une relation le point "d'attache", de sécurité, de communication, qui permet de s'aventurer serein vers les ailleurs.

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Alors que je sirotais un thé ce soir, j'ai entraperçu mon reflet dans le miroir sur la cheminée. J'ai les yeux cernés par le plaisir, par la joliesse d'une rencontre.

Sourire.

 
         
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Je viens d'appeler Metog pour lui dire que je souhaite rentrer seule le 27 au soir (ou peut être même dans l'après-midi) et que j'aimerais qu'il n'arrive que le dimanche soir ou lundi matin. Nous allons passer trois jours ensemble à Noël à Bar (où, il est vrai, je passerai quand même une grande partie de mon temps avec ma grand-mère et mes frères) puis 4 jours pour le Nouvel An, à Paris, et plus la date approche, plus je stresse. Mes sentiments pour lui n'évoluent plus depuis cet été et, bien au contraire, plus il se projette dans l'avenir en parlant de "nous", plus je freine des quatre fers. De même, plus nous passons de temps ensemble, plus nos différences de goûts, de centres d'intérêt me sautent à la figure. Il lui manque une curiosité d'esprit à laquelle je ne m'habitue pas.

En bref, le sentiment d'étouffement devient parfois un peu difficile à maîtriser et pèse sur nos échanges qu'il voudrait journaliers. Je me fais plus silencieuse alors qu'il attend du réconfort, une écoute, une attention que je n'arrive pas à lui donner notamment depuis qu'il a reçu des nouvelles pas terribles terribles au sujet de sa réorientation professionnelle.

Pas très facile à gérer.

Bon, je coqalâne.

Lors d'une conversation téléphonique ce soir, j'ai parlé de ce journal à Ponya (comment en est-on arrivées là alors que nous avons démarré sur les droits de mer ?) tout en lui faisant comprendre que si elle prenait la décision de le lire, une toute petite partie de ma vie qu'elle ignore encore pourrait la surprendre. Le fait est que je lui fais une totale confiance et je pense qu'elle en a été touchée. A elle de décider.

Et puis, une conversation de tendresse avec ChagsBral. Tout est à inventer dans cette histoire qui doit trouver son rythme. En tout cas, quelque chose me dit que je vais fort bien m'habituer à passer le périph'.

 
         
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Sans regretter d'être venue, puisque reste le plaisir de s'exercer l'oeil, je glissais d'un tableau à l'autre, mon intérêt tout juste éveillé par la salle des gravures et monotypes présentant également des carnets de croquis, tout en échangeant les dernières nouvelles avec Dalba.

Arrivée dans la dernière salle de l'expo Gauguin, je tombe en arrêt devant ce tableau des Deux Tahitiennes (1899). Mystérieuses Eve du paradis tahitien auxquelles j'entends le peintre murmurer "Soyez amoureuses, vous serez heureuses" tout comme il l'avait gravé sur un des linteaux de sa Maison du Jouir.

Ce tableau là justifiait à lui seul ma présence.

 
         
   
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J'ai jeté les dés aux quatre coins de la planète. Ils ont atteint leur destinataire.

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Telles un cachet effervescent dans un verre d'eau, les dernières émotions négatives auxquelles je me suis accrochée sont entrain de se dissoudre. Il en ressort un sentiment de mutation du dedans nullement visible à l'oeil mais qui rend encore plus légère, plus brillante. Enfin ... nullement visible, je ne sais pas trop. Ceux qui me sont proches semblent me percevoir un peu différemment depuis quelque temps. Sang-Po met ça sur le compte du régime. Ben, on va dire que c'est ça.

Ce dont je suis certaine, en tout cas, c'est que cette dureté qui s'installait souvent à la lisière des paupières fait place à plus de douceur. Je la sens en tout cas bien moins présente.

Je coqalâne.

J'ai envie d'un appareil photo numérique plus performant et, ça n'a rien à voir, il me faut me pencher sur ma page d'archives parce que (aheum) l'air de rien la fin du mois de décembre approche. Va bien falloir que je me bouge.

Connexion YM avec Ponya ce matin. Trop bon de voir son tinom sur ma liste. De réaliser qu'elle est connectée. Que nous pouvons nous rejoindre ainsi, dans cette intimité qui nous est si familière et qui me manque depuis son départ. Longue conversation concernant son couple et l'effet "Eyes wide shut". C'est une chose de savoir que le risque fait partie intégrante de la vie d'un couple, cela en est une autre d'être brusquement mise face à un risque potentiel et de "réagir" ou de découvrir ses propres limites *soupir*.

Après-midi passé avec Kunga. Je prends mon premier cours de tibétain en grignotant des marrons chauds arrosé de tchaï. Dehors, tombe une sorte de bruine glacée à peine éclairée par les guirlandes que mes voisins d'en face ont disposées à leurs fenêtres. L'envie de sortir se balader nous passe et je l'écoute, emmitouflée dans mon doudou sur le divan, me parler de son enfance tibétaine, des rudes hivers, des enfants que les parents descendent raidis par le froid de leur monture, des massages des mains et des pieds qui permettent de faire recirculer les énergies (preuve très agréable à l'appui). Je crois que je l'écouterais des heures parler de son pays. Les images du film "Himalaya" me reviennent en mémoire. J'ai des envies de voyage qui me démangent. A réaliser prochainement, peut être avec lui.

Encore trois jours de boulot, une séance de kiné, une possible soirée avec ChagsBral (*hum*) avant les fêtes de Noël. Cette pause va être la bienvenue. Et puis j'ai des envies de cocooning qui me prennent. Là où je vais, c'est parfait pour ça.

Kazam les boîtes de chocolat qui commencent à arriver au Cabinet ! Ignorland pour les boîtes !

 
         
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Envie de remonter la couette au-dessus de ma tête lorsque le réveil a sonné ce matin chez ChagsBral. Envie de me lover dans ses bras afin que sa main caresse, encore un moment, ma nuque. Envie de continuer à respirer sa peau, à m'imprégner de son odeur, à macédoiner nos jambes, nos pieds, nos orteils. Et puis, lesdits orteils commencent à frétiller, quelques neurones pleins d'ambition également. Nous trinquons à l'appel de la vie hors de ce cocon en entrechoquant nos tasses de thé.

Lui, vêtu d'un simple kimono blanc et bleu, assis en tailleur sur un coussin, face à moi, laisse plus volontiers mon regard plonger dans le sien et cela me remplit d'aise. J'ai un réel besoin de ces échanges silencieux, surtout en ce moment.

Dans ma mémoire, ce matin restera nimbé d'une odeur de violette et de thé vert.

En route pour Maboite, me revient, par bribes, une partie de notre conversation de la veille. L'esprit analytique de ChagsBral et sa capacité à sentir des motivations différentes de celles que j'évoque m'amènent à regarder avec plus d'honnêteté mon cheminement actuel et à affiner ma perception des choses. Bref ! J'avance.

Il y a de la douceur et du chamboulement à être auprès de lui. L'un que je recherche plus particulièrement, l'autre que je ne crains nullement.

A part ça, je suis fin prête pour fêter la Noël avec mes frères arrivés hier chez notre grand-mère. Moment de réunion familiale précieux. Instants qui gardent encore un peu de la magie de l'enfance (et oui, j'aime bien recevoir et offrir des cadeaux). Odeurs de sapin, guirlandes lumineuses, vin chaud et spéculoos, joues rougies par le froid après une balade au grand air, parties de Scrabble, ciel gris et bas prétexte à la lecture d'un bon bouquin au chaud sous la couette. Une parenthèse fort plaisante s'ouvrira devant moi demain à 14h00.

 
         
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Petit retour en arrière/instantanés :

- le 24 (15h45) Gare de l'Est : le train vient d'être annoncé et la foule se presse. Surtout ne pas lâcher le sac Ladurée dans lequel je transporte petits gâteaux individuels et bûche au chocolat noir. Oh hisse, à bout de bras, au-dessus de moi. De loin, ça doit donner : un sac en papier vert amande qui flotte emporté par une marée humaine. Ouais, j'exagère un peu mais c'était quand même la bousculade.

- le 24 (18h40) Gare de Bar : moi au tel "Y'a quelqu'un qui se soucie de mon sort ?". A l'autre bout de la ligne, Metog qui pourtant m'entend claquer des dents me répond : "T'inquiète ! Ton frère a dit qu'il passait te prendre". 10 mns plus tard, transie de froid, je hisse mon lourd sac de voyage, dans le coffre. Sang-Po m'assure qu'il y a eu malentendu car il était persuadé que c'était Metog qui venait me chercher. Ben oui, c'est bien ce qu'il me semblait. Y'a de la neige sur Sainte Germaine. J'ai le bout des doigts bleus et je ne sens plus mes pieds.

- le 24 (21h30) Chez ma grand-mère : la salle à manger sent délicieusement bon le sapin grâce aux couronnes tressées par Sang-Po dans la journée. Repas fin, conversation tranquille avec mes frères, éclats de rire et larmes à l'oeil avec Sang-Po en imaginant une éventuelle rencontre papa/belle-mère/Kunga, yeux brillants de plaisir de ma grand-mère (qui, hélas, a le plus grand mal à suivre la conversation). Echange des cadeaux bien avant les douze coups de minuit car nous tombons tous de fatigue. Reçu des livres, principalement, comme je l'espérais.

- le 25 (1h du mat) chez Metog, sous la couette : sous ses caresses et ses baisers, mon corps se fige. Je n'arrive pas à me détendre. Absence totale de désir. Limite larmes à l'oeil. Il m'attire contre lui et je m'enfonce volontairement dans un sommeil de fuite.

- le 25 (13h) chez ma grand-mère : déjeuner de fête avec en plat principal (choisi par Kaba et Sang-Po) de l'épaule de mouton (beuuuuuuurk). Par contre, la bûche au chocolat noir est un régal. La maison est emplie de douceur. Le poêle dans la cuisine, alimenté de rondins bien secs, ronronne. Balade en haut de Ste Germaine avec Sang-Po. Devant nous, le paysage embrumé s'étale en longues bandes, allant du vert amande au vert sapin, traversées du sinueux ruban argent de la rivière. Nous trouvons une fort jolie boule de gui que je remporterai à Paris. La terre lourde et meuble colle aux chaussures. Petite frayeur, en haut du plateau, la titine broute un peu avant de faire entendre son joyeux ronflement habituel. Nous repassons en centre ville louer un dvd (Mission Cléopâtre) que nous filons regarder chez Metog après un dîner rapide.

- le 26 (15h00) Troyes : Sang-Po part, de son côté, tenter des contacts dans les deux théâtres de la ville. Je réussis à entraîner Metog dans la cathédrale afin d'admirer les imposants vitraux puis au Musée d'Art Moderne où je découvre (mon "incroyaaaaable !" réveille le planton de service) un Lutteur Nouba d'Ousmane Sow.

Metog traverse la salle, jetant à peine un oeil aux vitrines d'art africain. Je traîne derrière tant que je peux, lui demande de prendre quelques photos histoire de l'occuper. Greumeuleu. Tout juste s'il apprécie les courbes de la Femme aux Crabes de Maillol. Trouve insupportables les six tableaux de Soutine (pas plus, à mes yeux, que n'importe quel étal de boucherie). Pas de contacts (théâtres fermés) pour Sang-Po que nous retrouvons après un petit tour dans le centre ville moyenâgeux (réellement magnifique). Son Palm (que j'ai fait tomber la veille) est en rade (snif ! bouh !). Pas envie de rentrer dîner chez ma grand-mère.

Sur le chemin du retour, je réalise que malgré son grand âge, sa fatigue (visible au bout de 3 jours), elle s'accroche à son mode de fonctionnement. Sous des dehors de douceur et d'amour, une femme dominatrice qui ne laisse aucune liberté à quiconque entre en son monde. Nous sommes obligés de lever la voix, de prendre un ton autoritaire afin de garder un tant soit peu de liberté d'action (les petits drames se succèdent en cuisine où Sang-Po et moi essayons de préparer les repas. C'était le deal. "On va pas à l'hôtel cette année à la condition que notre présence n'engendre pas de grande fatigue et que tu acceptes que l'on s'occupe de tout". Comment a t'on pu y croire ? Je pressens que ce sera le dernier Noël ensemble). Voile de tristesse. Les paroles de ma marraine me hantent. Elle a raison. Là-bas, nous ne sommes pas chez nous.

Metog n'hésite pas à nous faire faire un petit détour et il a bien raison. Crise de fou rire avec Sang-Po devant une maison furieusement décorée pour les fêtes de moultes guirlandes, Père Noël et zanimaux clignotants. Regret, après coup, de ne pas avoir pris de photo. Jamais vu ça. P'tain, ça fait du bien !

- Le 26 (22h00) chez Metog : où nous nous trouvons seuls pour la soirée. Un peu moins tendue mais inquiète. Ma grand-mère a utilisé, à deux ou trois reprises, des mots assez grossiers. Je n'ai pas eu le temps d'en parler avec Sang-Po qui repartait pour la Maisondecampagne, après le dîner, afin d'y prendre quelques trucs dont la glace que je lui ai demandé de me rapporter à Paris. Est-ce qu'elle commence à perdre la tête ?

Nuit un peu plus câline, plus emprunte de douceur et de tendresse de ma part. Mais ce sont d'autres cheveux que je sens filer entre mes doigts, la soie d'une autre peau que je caresse. Je ne contrôle pas le dérapage qui m'amène au plaisir.

- Le 27 (11h40) Gare de Bar : Metog est encore au guichet pour acheter son billet pour dimanche soir lorsque le train s'arrête à quai. Un baiser léger du bout des lèvres et me voilà montée à bord à la recherche d'une place dans ce fichu TER presque plein (je dois bien avoir trouvé la dernière). Une fois installée, j'aperçois Metog parcourant le quai, les yeux inquiets de ne pas me trouver, jusqu'à la première voiture où je me trouve et d'où je lui fais un petit signe de la main. Lui fait signe de me serrer contre lui. Y'a comme un décalage. Je suis heureuse de partir. 36 heures pour moi avant son arrivée à Paris.

A l'arrêt suivant, c'est l'émeute. Le TER dégueule de gens, de valises, de paquets cadeaux. Dans l'allée, près de moi, des troyens ne perdent pas le moral et, entre copains, se font passer les sandwichs rillettes, saucisson à l'ail et vin rouge. Je sais pas comment j'y arrive mais je m'assoupis.

 
         
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Sur les planches d'ardoise, les neuf petits dieux indiens rapportés par Sang-Po (offerts à Noël)

de mon lit, je les quitte pas de l'oeil Délicieux

falafels de la Rue des Rosiers - Tintin préfère certainement les gaufres !

***** miam sur les blinis =>

Couronne de Noël faite par Sang-Po

le quoi ? hein ? ah oui !!! le régime ... demain je m'y remets (ou lundi)

On a bien eu quelques velléités, Metog et moi, puis ... ben, non. Par contre, on a vu "Le Seigneur des Anneaux - Le retour du Roi" qu'on a totalement aimé. (Comment je vais faire pour me procurer deux exemplaires de cette affiche illustrée par Dupuy et Berberian ? Damned !)

pour finir, j'ai réussi à prendre en photo le petit tableau peint par Amala en empruntant l'appareil numérique de Metog (super d'ailleurs mais j'hésite à m'en acheter un parce que je sens que je vais vite saouler tout le monde avec mes photos. A moins que je ne tienne un fotolog prochainement).

 
         
     
         
     
         
     
         
     
         
 
         
  Pik Nik RDJ JoYa vue par :

MELVOICE : La chaleur, hormis avec la discussion de Chat Fou et quelques échanges avec Mr Raymond, je vais la trouver dans l'arrivée de JoYa, les commentaires de Laurent51 et le sourire de PomCannelle. Laurent51 (tout sourire, visiblement heureux d'être là) a le mérite d'avoir lu et la délicatesse d'avoir aimé ! Presque envie de lui donner l'accolade, eut égard à mes sentiments mitigés sur mon écriture et les inflexions que je lui donne. JoYa me rassure à ce sujet, bonne discussion à ce sujet, elle est curieuse de ce que je fais : la discussion est trop brève, elle me fait parler mais ne me laisse pas vraiment d'occasion de lui parler, de lui poser des questions.

CHAT FOU : Abe et Lirriel dormaient chez JoYa. Pour moi, c'est LA découverte de ce pik-nik. Une fille (de) bien. Curieuse, hédoniste, drôle, passionée, un esprit ouvert grand angle. Elle m'a offert sa confiture framboise-chocolat blanc, qu'elle fabrique elle-même rien qu'en regardant dans un rayon de magasin. C'est quelqu'un qui vit, beaucoup... Les yeux grands ouverts pour choper le moindre détail qui puisse ajouter un sourire au précédent. Je me suis jeté sur son journal en revenant chez moi. Je l'ai survolé (d'assez près pour remarquer que je suis le seul diariste dont elle ait cité quelques lignes), je la trouve passionnante. Et une des grandes amies habitait il y a un mois encore 3 étages en dessous de chez moi. Elle a déménagé 7 numéros plus loin. Donc, un pot au gentil petit bar bobo du coin de ma rue, ben ça peut se faire. Et puis une fille qui aime les frères Coen et qui veut aller voir Kill Bill ne peut pas être foncièrement mauvaise. Pendant que je découvrais cette belle personne et personnalité, est arrivé Monsieur Raymond.

LIRRIEL : On a donc fini par arriver chez elle, dans un appartement génialissime, bourré de cachet et de recoins, comme j'aime. Et puis, Joya, c'est vraiment quelqu'un. En 2 secondes, alors que j'étais encore dans l'escalier, j'étais déjà à l'aise. Elle me rappelle un peu Leila d'ailleurs, même capacité d'élocution (pas évident d'en placer une ;) ) et même don pour faire parler les gens d'eux même. Pas besoin de sérum de vérité avec Joya, si elle veut savoir quelque chose, elle finira bien par l'apprendre, elle a une façon d'interroger mine de rien qui fait qu'on lui dit pleins de choses mais qu'on ne se rend compte de tout ce qu'on a dit qu'en y repensant après.

A la place d'honneur (c'est-à-dire à côté de Cego) Joya, qui est venue au piknik, alors que ce n'était pas sur, même quelques heures avant. Elle est arrivée bonne dernière, alors que d'autres parlaient déjà de partir, et en cinq minutes, elle était tellement "là" qu'elle aurait aussi bien pu arriver en premier avec nous. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas de difficulté à se faire sa place quelque part.

ETHANE : Joya, joyeuse, directe avec qui on se sent vite bien. C'est d'abord sa voix que j'ai entendue au phone et c'est toujours étonnant de comprendre qu'on reconnaît les voix.

LAURENT : Joya a recu le choc de sa vie. Je suis son frère caché. La pauvre. Si elle savait. Nous somme deux frères et soeurs envoyés dans deux familles différentes à la naissance. Joya , nous nous sommes enfin retrouvés, c'est le destin, c'est beau, mon dieu, que c'est beau ! Je regrette simplement d'avoir été si loin et d'avoir si peu parlé avec toi !

ABE : C'est un sacré personnage incroyable, Joya. La côtoyer un week-end m'a fait l'effet de frayer à l'intérieur d'un roman de Dostoïevski. D'avoir affaire à un savant mélange d'Elizabeth et d'Aglaé Epantchine. Comme d'hab, je remplissais par mon vide le rôle de l'idiot (sans sa facilité d'élocution), et L. celui de Nastassia Philipovna (ben oui elle est un peu fofolle par moment). Nan j'déconne, le rôle de Varia Ivolguine lui sied mieux.