Février 2004

 
         
         
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"Je vais me rendormir un peu ... J'ai encore des images derrière les paupières qui ressemblent à des rêves" a murmuré ChagsBral tout doucement ce matin. Juste le temps de sourire et moi aussi j'ai replongé.

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Week-end sans PC.

Lu un bon quart du dernier H. Potter hier. J'ai eu beau répéter "Petrificus totalus", le temps ne s'est pas arrêté et il m'a fallu abandonner cet univers foisonnant pour me joindre à ChagsBral qui, à l'écoute de mon envie de sushis pour dîner, m'a entraînée vers un délicieux restau japonais de son quartier puis voir "21 Grammes". Récits éclatés, destins croisés, amour, haine, images assez fortes, par moments, pour susciter une vraie crispation et une montée de larmes. En sortant, j'ai ressenti le besoin de silence, je me suis sentie limite nauséeuse (le film ? ou bu trop de thé vert ?). Sur le chemin du retour (je n'ai pu m'empêcher de lever les yeux vers la "grue de Noël"), nous avons cherché vainement une épicerie où acheter un de ces sodas qui aident à digérer. ChagsBral, plein de ressources, s'est enfoncé dans la bouche du métro pour aller m'en chercher une bouteille dans le distributeur sur le quai. Bien agréable de laisser l'autre prendre soin de soi.

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Lu dans "Atmosphères" un article sur "L'écriture, nouvelle thérapie ?". On y parle de la CEV (huhuhu) et de l'histoire "Idéaliste/Incrédule".

 
         
         
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Je rentre tout juste pour me changer et partir travailler.

Nous avons parlé, parlé et encore parlé, la maman de Marie et moi. Jusqu'au petit matin. Jusqu'à l'arrivée de sa soeur.

Ring-ring, Ring-ring, le téléphone toute la nuit.

Marie est décédée.

Angèle. Pronostic encore réservé.

Les mots tournent dans ma tête, virevoltent dans le vide.

 
     
         
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Depuis cinq jours, je m'attache à suivre des yeux le tourbillon de la vie qui me frôle afin d'y retrouver, dès que possible, ma place entièrement. En attendant je reprends mes marques tout doucement grâce à l'amitié qui m'entoure, à ChagsBral qui a su répondre présent et dont le coeur a tenté l'apaisement et le réconfort. Cela permet de renforcer un peu cet "espace" qui en moi s'affaiblit à chaque départ d'un être aimé.

Si au chagrin très "brut" est entrain de succéder "l'au revoir", la colère, elle, me quitte plus difficilement. Surtout depuis le décès d'Angèle. Et rien contre quoi, ou personne contre qui, la retourner cette colère. Pas de chauffard ivre mort, pas de poids lourd perdant contrôle. Juste une route de campagne à la tombée de la nuit.

Incompréhension.

Je reste en attente de précisions quant à la cérémonie devant se tenir à Paris en fin de semaine prochaine.

Au revoir indispensable.

Et la crainte qu'alors s'ouvre toute grande la vanne du chagrin, que les yeux se noient et que, plus encore, je ne sache leur faire face et ne leur apporte aucun soutien.

 
         
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Pas de Zouzou ce matin, hélas. Elle embarque ce soir pour atterrir, à Paris, demain matin vers 6h30. Nous irons "la cueillir" Gare du Nord, un peu plus tard, car elle indique être lourdement chargée (de "tlllois grllos socs") dans un message laissé sur mon portable.

Je dis "nous" car en fait, Pierre-Yves, mon second invité du week-end est arrivé ce midi apportant le soleil dans ses bagages. Aussi, après un rapide déjeuner, en avons nous profité pour faire un tour à Montmartre et voir une expo sur la famille Rouart au Musée de la Vie Romantique (à noter, salon de thé extérieur pour l'été prochain et oui je saurai y retourner, greumeuleu).

De blablas en blablas, et après avoir appelé le restau de Kunga qui était complet, nous avons opté pour la commande d'une pizza Spicy Hot One que nous avons accompagnée de champagne. De blablas en blablas, jusqu'à la dernière bulle. De blablas en blablas, jusqu'à chacun son coin de dodo. L'appartement a pris des allures de colonie de vacances.

Vivement demain l'arrivée du troisième larron !

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Samedi après-midi, alors que je venais de retrouver les rdjistes sur le lieu du pik-nik, il a suffit que la Grenier me tourne le dos et s'accoude à la table pour que je me retrouve isolée, ne percevant plus de la joyeuse tablée que de lointains échanges de paroles et des rires, par delà le pull noir.

Face à moi une chaise vide.

Les souvenirs concernant Marie sont alors revenus par flots, notamment nos après-midis au "Loir dans la Théière". Impossible de détacher mon esprit de ce que la mort m'a pris. Cette amitié qui n'est plus. Le sentiment de ne pas être au bon endroit m'a gagné avec cette envie de partir très vite. Tout en cherchant des yeux Zouzou ou PY et en prenant mon sac, j'ai saisi un portable qu'une main me tendait. Il s'agissait de Sylvia dont la voix m'a ramenée un peu dans le présent. Je ne suis pas parvenue à faire "l'effort de" , je crois qu'elle l'a senti. Et puis Melvoice est arrivé pour m'apporter en coup de vent, comme il me l'avait promis, un exemplaire du Monde2 sur les Carnets de Voyage. Geste qui m'a touchée. Sincèrement.

Lorsque j'ai relevé les yeux quelques instants plus tard, la chaise vide était occupée par Théo. Sans qu'il s'en rende compte, je crois, son regard chaleureux et notre conversation m'ont ramenée dans le temps présent (dont il a été question d'ailleurs). Petit à petit, j'ai repris ma place à cette table et me suis sentie plus détendue. Un très bon moment mettant presque un terme à mon "malâme".

Avec un peu plus de présence, et avant que nous ne quittions ce café, j'ai pu discuter avec Chtite cochonaille. Et comme à chaque fois, je me dis qu'il nous faudrait un peu plus de temps et un environnement plus calme. Nous ne l'avons d'ailleurs pas trouvé non plus dans ce restaurant japonais où nous sommes, ensuite, allés dîner puisqu'il se trouvait en bout de table et moi au milieu, face à Chat Fou avec qui j'ai pu échanger quelques mots. A peine touché aux sashimis commandés. La soirée a avancé pour moi, façon tranche napolitaine, avec alternance d'absence et de rire.

Bref, une journée toute en décalage dont je ne garde qu'un souvenir flou.

Et toute cette tristesse que je n'arrive pas à exprimer.

Tous les mots jetés sur le papier, depuis la cérémonie de fin de semaine, la dispersion des cendres, qui trahissent ce que je ressens.

 
         
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Même pas souri lorsqu'un copropriétaire m'a demandé le n° de téléphone des "privatifs pour les joindre" alors que je tentais depuis 10 minutes de lui expliquer que son engorgement de lavabo devait être vu par son plombier parce que c'était une intervention lui incombant et non à la copropriété (et donc privative).

Même pas souri lorsqu'un autre copropriétaire m'a appelé pour me signaler que je lui avais pas envoyé les clefs Vigik qu'il me demandait mais "d'affreux porte-clefs en plastique bleu et y'a pas les clefs dessus, Madame Joya".

Même pas souri. Pourtant, y'a pas longtemps....

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Extrait du petit mot du jour : "Je confirme pour les câlins ... et si je n'ai pas volé ton odeur cette fois, ça marchera jamais."

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Ce que j'aime en ce moment :

- porter le parfum Ambre/Vanille de Coudray

- les macarons à la réglisse de Ladurée

- "Kyoko" de Ryu Muramaki

- le thé à la violette de chez Mariage Frères

- les petits mots de ChagsBral

Ce que j'attends avec impatience : la parution des Carnets de Tanger chez Cornélius.

Les petits plaisirs, pas vraiment des bouées mais...

Et puis les premiers haïkus jetés sur le petit carnet que je ballade partout, désormais, avec moi.

perle de parfum

de la nuque au bas des reins

un corps en fusion

Hummmm ChagsBral ! A développer bientôt. Le temps de trouver les mots.

 
         
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L'appartement sent délicieusement bon le curry.

J'ai cuisiné une partie de la soirée en écoutant Zazie. Un curry de poissons pour demain soir et la sauce pour un curry de crevettes pour le dîner de vendredi. Il me reste à préparer les petits rouleaux d'aubergine farcis dont j'ai trouvé la recette sur un site très sympa découvert, par hasard, il y a peu. Drôle d'ailleurs. Clotilde habite mon quartier. Le monde est petit petit.

Je devais faire acte de candidature ce soir en proposant mes haïkus. Pourquoi j'y arrive pas ?

carmin et rouille

en chemin vers la mousse

la forêt frémit

 
         
   
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
   
         
     
         
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