Février 2005

 
         
         
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Yeux qui piquent et la fatigue qui me tombe dessus dès 17h00 de façon implacable.

5 heures de sommeil par nuit depuis le week-end dernier et ce qui va avec : sentiment de me traîner, pas envie de me casser la tête pour organiser quoi que ce soit, impression que mes proches, mais surtout ChagsBral, me perçoivent comme un zombie (même si, dans la journée, j'arrive à maintenir un semblant d'activité).

Hier soir, ChagsBral est arrivé passé 21h à la maison, le temps de discuter un peu pendant que nous dînions, de son travail notamment, et d'en rajouter une couche avec le résultat de mes dernières analyses qui nécessite une nouvelle visite chez le Dr M samedi midi, nous nous sommes installés pour regarder un dessin animé plein d'extra-terrestres mutants et là, lorsque la lutte est devenue trop difficile, je me suis mise à piquer du nez, mollement, ponctuellement réveillée par ses éclats de rire, par la sensation de sa main passant devant mes yeux (ce qu'il fait régulièrement pour s'assurer de mon état d'éveil, la plupart du temps je suis calée au creux de son épaule avec un petit coussin ou alors parfois j'ai également droit à un de ses doigts venant chatouiller une oreille). Bon an mal an, j'ai du voir la moitié du film, bref.

Bref.

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Il est midi moins le quart, mon coeur vient de rater un battement à la vue de la seringue, je fixe le plafond en respirant doucement. Je sens l'aiguille s'enfoncer puis s'arrêter. Passent 7 à 10 secondes environ. Si peu dans le fond. Pour moi, concentrée sur ma respiration, dans cette pièce emplie de silence, un moment suspendu qui me semble presque irréel. Et puis c'est fini. Le Dr M rebadigeonne mon ventre rebondi, le Dr T me propose de regarder sur ma droite, à l'écran, mon bébé qui continue à gigoter. Tout s'est bien passé, me rassure t'il, en écoutant les battements de son coeur. Le liquide amniotique part de suite au labo. J'ai un vague regret de n'avoir pas regardé ce tube, curieuse de voir à quoi cela ressemble. Une autre étape à passer me suis-je dit en me rhabillant.

A l'accueil, papa, pendant que je règle les différents intervenants au secrétariat, a parcouru le compte-rendu et regardé les clichés pris pendant l'amniocentèse. Je le retrouve un peu perplexe devant certains profils du bébé, il faut reconnaître que sans les explications du Dr T je serais bien incapable de décrypter bon nombre d'images. En montant dans la voiture, il me dit "je suis vraiment heureux de devenir grand-père". Et ça me fait quelque chose et ça me fait toucher du doigt, d'un coup, combien j'aimerais qu'Amala soit là également pour partager tout cela avec nous. Pendant le déjeuner que nous prenons au restau indien près de chez moi, nous profitons de ce moment seuls tous les deux pour nous raconter un peu plus. Et je me dis que, malgré tout, nous avons encore là une chance de nous rapprocher un peu l'un de l'autre.

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D'ici peu, je vais :

- porter un bola musical mexicain,

- constituer une liste de prénoms, coucher sur le papier ceux qui tournent en farandole dans ma tête depuis une heure (résultats de l'AmnioExpress : ok ; et c'est un(e) garçon(fille), la primeur pour mes proches),

- commencer à m'intéresser à l'aménagement de sa chambre (vert amande/jaune pâle ?),

- prendre RV avec Me B. pour être certaine que sa reconnaissance simultanée par nous deux (quid nouvelle loi janvier 2005 ?) "correspond" bien à notre situation, voir également le comment de la nomination officielle d'un tuteur (Sang-Po). Réfléchir, également, au baptême religieux (?) civil (?), qui choisir comme parrain/marraine ?

Enfin, disons que je commence à remplir de listes mon carnet japonais.

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Hier, partir sous une fine neige, c'était déjà du bonheur. Pour fêter ça, je suis passée à la boulangerie près du bureau prendre des croissants pour tout le monde. Pendant que mes collègues ravies se pressaient autour de la cafetière, je sirotais mon bouillon de poule (les envies n'ont pas d'heure) pour me réchauffer (mais j'ai fait impasse sur le croissant, l'odeur du beurre je crois).

Et donc, partir sous de gros flocons ce matin, c'était relajoie .... pas re les croissants mais re le bouillon.Vraiment curieux. Je n'aime toujours pas les soupes en sachets mais le bouillon de poule : miam !

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"Timbuktu" de Paul Auster p.59 "The transparent toaster, comrade. It came to me in a vision two or three nights ago, and my head's been full of the idea ever since. Why not expose the works, I said to myself, be able to watch the bread turn from white to golden brown, to see the metamorphosis with your own eyes ? What good does it do to lock up the bread and hide it behind the ugly stainless steel ?".

Je rentre à la maison, mon livre sous le bras, je commence mon petit tour sur le net et ... voilà.

Drôle.

 
         
         
     
     
         
 
   
       
 
         
     
         
     
         
     
         
   
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
   
         
     
         
  Stealing stuff brings bad karma © 2005