Juin 2003

 
         
         
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Je rentre de Provence, les paysages collés à la rétine, les pierres brûlées à la plante des pieds, le parfum du jasmin et des cyprès à ma mémoire.

La magie a opéré et malgré un premier jour à Vaison ponctué par deux évanouissements (dont l'un alors que j'étais en plein shampooing chez le coiffeur, faut le faire) qui nous firent renoncer à notre départ pour Nimes, je dois reconnaître que les plaisirs furent fort simples mais tout à fait appropriés pour me redonner du peps.

Café du matin les pieds dans l'herbe, cerises et groseilles au fond du jardin, pouvoir remonter à cru quelques instants avant de partir en balade dans les vignes, déjeuners à n'en plus finir sous la tonnelle, barbecues, piscine, soirée "filles" sous les étoiles, le concert en la cathédrale (Requiem de Fauré et les Sea Pictures d'Elgar), discussions à coeur ouvert avec ma marraine ... en partie, ce qui m'a permis de me retrouver. Et il était temps. Exécrable mois de mai où je n'ai été que si peu moi-même. Voilà une page de tournée.

Retour en ce jour donc, dans l'un des rares TGV à circuler. Après-midi passé à Avignon à bader. Grrrr.... C'est la sixième fois que je passe devant le Palais des Papes sans le visiter. La prochaine fois, j'arrive deux jours plus tôt sans rien dire à personne et je visite toute seule ce qui ne semble intéresser aucun des natifs que je connaisse. Quoi que .. ça se réduit comme une peau de chagrin puisque Ponya quitte Salon en août.

 
         
         
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Ce midi, je suis passée à la FNAC récupérer mes billets pour le concert de Bénabar en octobre à l'Elysée Montmartre. Je devrais dire merci Cego pour m'avoir donner l'envie de passer outre ma crainte de la foule. Je vois JG vendredi prochain, possible que je lui propose d'y venir.

Dans le métro, tout à l'heure, alors que nous étions serrés comme des sardines en boite car le mouvement de grève se maintient de façon larvée sur certaines lignes, j'ai repensé à ma soirée YM d'hier. Ma zouzou, avec laquelle j'ai grand plaisir à discuter. Croisé, un peu brièvement hélas, Lamto (toujours des problèmes en conf quand nous sommes trop nombreux... usant). Mais surtout Artdeqo qui se prend de plus en plus au jeu. Grand moment avec lui. Eclats de rire garantis. Nous sommes totalement sur la même longueur d'ondes et le jeu du "et si ..." avance tout seul. Un absent. Et puis, un autre "joueur" que j'ai encore un peu de mal à cerner. This one makes my stomach flutter. A suivre ...

         
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KO !

Le temps de reprendre mes esprits, de réaliser à quel point Métog, à l'autre bout de la ligne, était ravi de m'avoir démasquée et mon sang ne faisait qu'un tour.

C'est d'un ton tremblant de rage et de larmes que je lui ai expliqué la portée de son geste et tenté de lui faire comprendre ce que je pouvais ressentir. Constatant à quel point j'étais boulversée, il essayait de se justifier en m'expliquant combien il lui avait été facile de trouver trace de ma connexion à la RDJ, chez lui dimanche matin alors qu'il était parti faire du VTT, et que, piqué par la curiosité, il avait parcouru la liste des journaux jusqu'à tomber sur celui de Joyablabla. Ca lui a rappelé quelque chose, quelques mots supris entre mon frère Sang-Po et moi à Noel chez ma grand-mère. C'était aussi simple que ça. Presque une bonne blague en fait.

C'est au bout de vingt minutes de conversation à couteaux tirés qu'il a fini par comprendre que bien plus que le fait de m'avoir lue, c'est le moyen employé pour y parvenir qui me soulève le coeur. Comme s'il avait fouillé mon sac, épluché mon agenda, toutes les photos et petits papiers qui s'y trouvent. Voilà ! Cela me fait exactement le même effet. Ca me hérisse le poil ! Comme me l'a suggéré un diariste hier soir, s'agit'il de jalousie de sa part ? Métog serait'il un control freak ? Bienvenue sur une planète dont j'ignore tout !

Puis à bout d'arguments et de paroles, je lui ai raccroché quasiment au nez.

C'est en discutant avec Cha puis Zouzou (et je dois reconnaître que le whisky-coca m'a un peu aidée) que j'ai réussi à retrouver mon calme. Je savais que de son côté, Métog n'était pas bien non plus. Il est d'une grande sensibilité et je ne l'ai pas ménagé. Nous avons rediscuté un peu plus tard dans la soirée, sur un ton un peu plus serein, et je l'ai mis face à sa conscience. Car si je ne peux revenir sur cet incident, je peux essayer de croire à sa promesse de ne plus venir me lire. Je peux aussi ne pas y croire mais continuer malgré tout à venir ici sur mes pages bleues.

Ce soir, en tout cas, une petite voix murmure que j'aurai bien du mal à lui faire à nouveau totalement confiance. Ou alors, cela va demander du temps.

 
         
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Le site de la RATP, consulté ces derniers temps, jusqu'à deux fois par jour, m'invite à faire "un bout de chemin ensemble"... Bon, moi je veux bien mais juste un bout alors ... parce que, en ce moment, je me suis bien remise à la marche !!!!

"Un vasistas ?" m'a demandé une copropriétaire allemande cet après'm "Was ist das ?" Moi, intérieurement, morte de rire.

L'appel suivant provenait d'Ampo, de retour d'une semaine de vacances à Cannes, qui souhaitait savoir si nous pouvions nous voir dès demain soir. Habituellement, nos conversations sont assez courtes, concentrées sur l'aspect pratique de l'organisation de nos rencontres. Depuis quelque temps, je note un changement. Il appelle plus spontanément et se raconte plus facilement. Manque de bol, je suis, pour ma part, de moins en moins disponible pendant mes heures de travail et, surtout, plus seule dans mon bureau. Il ne me le reproche pas. Toutefois, il finit toujours pas m'informer de l'évolution de tel dossier, de telle anecdote, de tel sujet dont il voudra me parler plus longuement lorsque nous nous verrons. Il est toutefois très rare que nos "retrouvailles" débutent par de telles conversations : )

Au téléphone, également, Tserba dont j'ai si peu parlé jusqu'à présent. Tserba à qui je dois de retrouver mes émotions d'adolescente et la découverte de plaisirs nouveaux. Tserba dont j'aime voir la main chocolat glisser sur la blancheur laiteuse de ma peau. Qui m'appelle, malheureuse de ne pas réussir à concrétiser son désir d'enfant. Ce fichu projet qu'elle a et dont nous reparlerons vendredi soir puisque JG, contrairement à ce qui était prévu (nous devions aller au Théâtre de Dix Heures) travaillera.

Pour finir, j'ai enfin commencé mon traitement : or, cuivre, argent, cobalt, nickel, manganèse, fer, phosphore... Pas intérêt à passer un "portique détecteur de métal" dans 4 mois ...

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Quelques mots glissés entre 2/3 phrases rapides, sur YM, que je lis au ralenti.

Qu'a dit Bénabar, de ces mots trop doux qu'on a prononcés trop de fois ? Des passe-partout ? Des prêts à l'emploi ?

Et bien, non. Ces quelques mots, retournés en écho peut être espéré, souffle retenu, murmurent à mes yeux que je fais peut être une erreur en voulant les détourner bien vite.

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Mon drôle de tétoucom dessiné par Manu.

et puis suite à une petite visite sur le site : http://arlequin.pitas.com/ voici mon blason :

D'azur gironné de douze pièces d'or sur le tout de sinople au dauphin d'or aux jumelles en bande d'argent sur le tout.Le Dauphin symbolise l'intelligence.

 
         
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Sans cette petite discussion avec ma grand-mère, j'oubliais la Fête des Pères. J'ai donc appelé papa à Saint Tropez qui en était ravi et l'ai invité à fêter son anniversaire à la fin du mois à la maison.

En raccrochant, une foule de souvenirs revenait à ma mémoire. Mes petits pieds sur les siens alors qu'agrippée à ses cuisses nous allions, cahin caha, du salon à la cuisine. Moi, petite, à l'arrière de la voiture d'un cousin venu chercher mon père en uniforme à la fin de son service militaire. Les blagues faites à ma mère telles les lamelles de beurre enfoncées dans le camembert et vice versa qui nous faisaient, mes frères et moi, pouffer de rire. Les ronds et les arabesques faits avec la partie incandescente de sa cigarette dans l'obscurité de nos chambres. Les conversations que nous tenions mes frères et des amis enregistrées sur des magnétos planqués dans l'appartement ou sur nos lieux de vacances. Les ballades du samedi après-midi dans le Marais ou sur les quais de Seine, alors que j'étais adolescente, et la découverte de l'architecture parisienne à une époque où l'accès aux immeubles n'était pas encore interdit par les digicodes. Le Pont Neuf emballé par Cristo. Mon éveil à l'art. Les andouillettes grillées partagées avec mon grand-père à 10h00 du matin dans la maison de campagne. La fabrication du vin de cassis. L'éveil à la politique pendant les premières élections européennes en 79 puis les élections de 81. Sa foi en l'Europe. L'importance des langues étrangères, les voyages en Angleterre et en Allemagne. Tout un tas d'images qui défilent devant mes yeux. J'allais dire les plus valorisantes, pour lui.

Car viendront ensuite les années "sombres", celles qui le révéleront sous un autre jour que j'aurai le plus grand mal à accepter. Mes parents divorcent. Lui, je le vois désormais mieux, plus clairement. Je ne suis pas encore tout à fait une adulte et je juge plus que je ne cherche à comprendre. Je crois que c'est à partir de là que la distance s'est installée. Pourtant, c'est dans son appartement que je vivrai pendant mes trois années d'études. Il est tout frais divorcé, bouffe la vie, reçoit et sort très souvent. Je suis souvent dans son sillage, je fais partie de la bande. Cependant, nous ne retrouverons pas la complicité qui existait entre nous.

Je me sais forte de cette belle enfance et adolescence que je dois, pour partie, à mon père. Et je sais également qu'elles sont le témoin de la place spéciale que j'ai dans son coeur. Mais pourquoi est-ce que ce ne sont que des souvenirs ? Comment se fait'il qu'il ait si peu de place dans le temps présent ?

 
         
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Petite surprise en me connectant, un dessin de Cha rien que pour moi : )

 
         
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There is fiction in the space between us. Now he knows. But how I wish the lies away.

Je ne sais pas exactement pourquoi mais je ressens le besoin de m'éloigner quelque temps de mes pages bleues, de YM, de mon ordinateur. Alors, je suis mon instinct. Je viendrai juste en fin de semaine passer le plumeau dessus. Je mettrai un coup de pschittt ! sur l'écran et le clavier parce qu'ils sont un peu crades.

Bon, je ne suis pas tout à fait honnête. Je sais un peu pourquoi mais je ne trouve pas les mots.

Ca reviendra.

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Ce soir, j'ai organisé un dîner, à la maison, pour l'anniversaire de Dalba. Des roses thé s'épanouissent dans les timballes, les photophores et guirlandes chatoient, le champagne est au frais, les ultimes préparatifs sont juste emprunts d'une certaine lenteur due à la chaleur.

Au menu, tartare de concombre/avocat/olives en sauce raïta, papillottes de saumon et petits légumes, fromages, tarte Jetro aux pignons de pin et sorbet Limoncello.

Je me sens bien. Détendue. Je vais et viens devant mon ordinateur sans penser aux mails qui ont jeté une ombre sur mes pages bleues ces derniers temps.

J'apprécie l'âpreté du Limoncello, pas celle des mots de ce critique.

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Au bureau, réunion avec le DRH venu nous vanter les avantages du plan d'intéressement proposé aux "travailleurs" (sic!) du Groupe.

Grand moment de flottement lorsque nous arrivons au mode de calcul dudit intéressement, le DRH n'ayant pas l'air convaincu. Trente paires de sourcils s'irconflexent. Je me jette à l'eau, je questionne afin d'en savoir un peu plus sur les 2/3 éléments du calcul qui m'intriguent. Notamment, le pourcentage fixé par la direction (en fait l'objectif à atteindre en dessous duquel le personnel de l'entité ne reçoit aucun intéressement) afin de savoir s'il peut être réévalué d'une année sur l'autre et comment. Réponse alambiquée sur le choix mais rien sur la modification du chiffre. Je fais alors appel à la méthode "cours de comm." afin d'obtenir la réponse et bingo ! le DRH estime mes questions "pertinentes" (mais certainement un peu chiantes car j'ai le sentiment qu'il ne maîtrise pas trop le sujet) et cela nous permet d'en savoir un peu plus sur la politique du groupe dont nous avons, tout compte fait, si peu le sentiment de faire partie depuis trois ans. Une petite voix s'élève derrière moi pour demander "s'il y a un inconvénient, pour les salariés, à signer l'accord" (ou plutôt "il est où le piège ?"). Dix minutes plus tard, fin des explications, le plan est soumis au vote et nous devons choisir deux salariés qui feront partie de l'organe de contrôle. A nouveau, vingt-neuf paires d'yeux se tournent vers la "Chef comptable" qui s'occupe également de la gestion du personnel. Il semble logique, pour tous, qu'elle se porte volontaire ce que, dans un sourire mitigé, elle finit par accepter. Personne d'autre ne se propose. Moi, je cogite dans mon coin. Je suis tentée par l'expérience même si je ne suis pas fichue de lire un bilan. Ca peut être intéressant. Je me propose donc et suis élue. Après le round des signatures, collègue S. me souffle à l'oreille "pas totalement dégoutée par votre précédente expérience chez Ancienneboite ?". Aucun rapport, lui ai-je répondu. A l'époque, je venais d'être élue déléguée du personnel alors que la boite était en cours de vente et nous avions du faire front à plusieurs vagues de licenciement. Là, il s'agit juste de vérifier, une fois par an, l'application des termes du plan. Pas pareil.

En fin d'après-midi, je file sur les Champs voir "Vivre me tue". Le genre de film, tourné comme un documentaire, qui laisse un goût amer à l'âme. Morceaux de vie, morceaux de puzzle qui ne s'imbriquent pas. Sinapi me tend le mirroir. Quels sont les buts de Paul et de Daniel ? Que faisons-nous de nos rêves ?

Bien plus jubilatoire, j'ai vu le week-end dernier "Les Triplettes de Belleville". Mes doigts de pieds en frétillent encore. Ce dessin animé fourmille de mille traits d'humour et de poésie. Il y a beaucoup à voir, trop peut être, tant le dessin, les personnages sont léchés. Je passerai volontiers mon tour dans la distribution des grenouilles en esquimaux mais je vais y retourner m'en payer une deuxième tranche prochainement.

 
         
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Hier matin, après être passée chez WH Smith, où les nouvelles aventures d'Harry Potter se vendaient comme des petits pains, pour acheter le numéro de juillet de Red, mes pas à la recherche d'un peu de fraîcheur m'ont menée jusqu'au Louvre. Je pensais voir l'expo sur les Chaouabtis mais je me suis décidée, finalement, pour les dessins de Léonard de Vinci. Bien m'en a pris. Car j'y ai croisé la plus exquise des esquisses sur bois. "La Scapiliata", jeune fille à la beauté suspendue dont le regard baissé m'a captivé. Il y avait peu de monde. S'en est donc suivi un petit échange silencieux entre elle et moi.

Avant de reprendre pied dans la lumière aveuglante des Tuileries, je suis passée par la galerie de la Pyramide inversée pour m'acheter les deux premiers CD de Bénabar. Pour Aldebert, par contre, pas de chance. Recherche infructueuse malgré l'aide de deux charmants vendeurs vers lesquels je bats des cils suppliants. Lorsque je les quitte, ils ne savent toujours pas quoi me répondre : ils sont sensés avoir ses CD mais conviennent qu'il n'y en a pas un en rayon, peut être qu'en repassant en début de semaine lorsque le collègue "rock français" sera là .....

A peine arrivée à la maison, Tserba sonne à l'interphone. Nous devions nous retrouver un peu plus tard car elle attendait la livraison d'un meuble trouvé aux puces. Le type l'a appelé ce matin pour lui apprendre que son camion était en panne. Elle est donc allée chercher la commode avec des cousins. Là-bas, sur un stand où elle passe régulièrement, elle a trouvé une petite boite en laque noire sur le couvercle de laquelle trois oiseaux dorés prennent leur envol. Elle souhaitait me l'offrir. Les cousins se serrent pour me faire une petite place dans la voiture. En chemin, nous achetons des galettes de pain chaudes et des salades.

Après un déjeuner rapide, je pensais opportun, compte tenu du programme de la soirée, de tenter une petite sieste. Mais derrière les rideaux tirés, les fines goutelettes scintillaient peu à peu sur nos corps. Mon monde devenait liquide. Les mains glissaient, les lèvres traçaient les brûlures délicieuses, la pulpe des doigts faisaient naître les frissons à peine apaisants. Le plaisir, enfin, comme une étape australe.

Je traîne cette impression de fusion tout le reste de la soirée. Musique africaine, danse, foule, frôlements, moiteur des espaces clos. Nous faisons une pause à la maison. Je laisse Tserba et cie déguster des sorbets, affalés dans le séjour, les flots de flon-flons arrivant par les fenêtres du séjour en provenance du bar au coin de la rue. Un petit mail à adresser, avec retard. Minuit est passé.

En rentrant, au petit matin, je vérifie le bon enregistrement du concert de Delerm au Bataclan. Je le visionnerai plus tard. Malgré la fatigue, je ne résiste pas à l'envie de regarder le reportage sur Ousmane Sow qui est passé sur Planète.

J'ai découvert son travail, il y a quelques années. J'habitais alors rue Bonaparte et il m'arrivait, régulièrement, de me promener, tôt, sur les bords de Seine. Un matin, d'étranges silhouettes sur le Pont des Arts attirèrent mon regard. Au fur et à mesure que j'avançais, se définirent les sculptures d'Ousmane Sow. Suspendus entre ciel et eau, les corps athlétiques, musclés, contorsionnés des Massaïs, des Zoulous et des Peuls m'impressionnèrent plus particulièrement. Je restais là un bon moment à me laisser imprégner par ce sentiment de puissance. Monsieur Sow, vous l'ignorez, mais ce matin là vous avez distillé un peu plus d'humanité en moi.

Ousmane Sow. Homme discret qui n'aime pas que l'artiste soit plus important que son oeuvre.

"On lutte pour conquérir la femme qu'on aime, on lutte pour conquérir l'espace, la lutte est une façon d'exister et de reconnaître l'autre. C'est aussi cela l'Afrique, un champ de lutte et de combat." O. Sow

Fenêtres ouvertes, volets clos, je vais aller dormir.

Ma page bleue me manque. Aussi, viendrai-je rattraper mon retard cet après-midi.

 
         
   
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Ok, c'est officiel. Une attelle, c'est chiant ! Je suis incapable de rester allongée plus d'une heure et dès que je bouge il me faut la réajuster. J'essaie de prendre mon mal en patience mais voilà, la patience n'est pas la plus grande de mes qualités.

Sang-Po, est passé me montrer ses achats (les soldes commencent aujourd'hui, greumeuleu) puis nous avons déjeuné ensemble. Saumon et salade de roquette. Sans lui, je crois que j'aurais grignoté n'importe quoi ou même pas mangé. Mouais .... c'est pas la forme.

Ampo m'a appelé en début d'après-midi, un peu perturbé par notre conversation "sérieuse" de lundi soir. Soirée pendant laquelle nous avons discuté près de trois heures dans les bras l'un de l'autre, nous caressant et nous embrassant comme pour nous rassurer mais moi, sachant que déjà ma décision est prise et lui, peut être, le pressentant.

Un sentiment de perte, déjà, m'envahit. Ampo tient une place si spéciale dans ma vie et depuis tant d'années. Je sais qu'une période un peu difficile m'attend mais il est temps de dire stop, avant que n'arrive la souffrance. Je suis trop lasse du manque de spontanéité de notre histoire, de voler ces quelques parenthèses à sa vie surbookée. Je ne veux surtout pas devenir une femme chicaneuse, malheureuse voire aigrie.

Concernant Tserba et Métog, je n'ai encore pris aucune décision.

Ainsi que je le Lui disais, cette nuit sur YM, le bordel est joyeux, certes, mais c'est le bordel quand même....

 
         
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Cette nuit sommeil profond et réparateur. Il faut dire que je me sens vidée comme si cette chute et ce qui s'en suit bouffait toute mon énergie.

J'ai tenté de marcher sans l'attelle et j'ai été prise de panique en sentant mon genou aussi peu costaud. Il me semble qu'il suffirait de pas grand chose, un léger mouvement vers la droite pour qu'il se déboite à nouveau. Quelque chose me dit qu'il va me falloir du temps pour passer outre cette appréhension.

Bien que j'ai des livres à lire, de la musique à écouter, des appels téléphoniques en veux-tu en voilà, le temps de lire certains journaux sur la RDJ (combien je comprends Cha), je m'ennuie. Disons qu'étant assez active, cette immobilité me rend un peu dingue.

Ce soir, je vais aux Bouffes du Nord voir une pièce de Pirandello. Attelle, béquille, taxi, rien ne pourra m'empêcher d'y aller. Par contre, pour ce qui est de mon week-end au vert, l'incertitude est au rendez-vous. Je suis obligée de vivre au jour le jour. Donc, tout dépendra de comment je me sens demain après-midi.

 
         
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Un rien a bien failli m'empêcher d'y aller. 20 mns d'attente, la musique en boucle chez blablataxis, et pas de véhicules dans mon coin hier soir. A 20 mns du lever de rideau, Sang-Po m'appelle sur mon portable pour me dire qu'il a les billets et m'attend sur place . Moi, j'ai le sentiment qu'il va y entrer tout seul dans cette salle que j'aime tant. Mais c'est sans le connaître. 5 mns plus tard, il est dans un taxi en route pour chez moi. Clopin, clopant, je descends mes escaliers puis me glisse non sans mal, jupe relevée jusqu'en haut de l'attelle, béquille en folie, dans le véhicule. Le chauffeur, un peu hilare, promet qu'on sera au théâtre en un rien de temps. Bon, il faut dire que j'habite à quelques stations de métro de notre lieu de destination.

Redescendre du taxi, monter les marches jusqu'à nos places en balcon pour découvrir que jamais, au grand jamais, je ne pourrai y placer ma jambe raide. Négocier un échange de places avec un couple juste derrière nous, en bout de rang et, enfin, m'effondrer sur le siège qui gémit de bonheur pour moi. J'y suis !

Et la pièce valait grandement ce petit effort.

"Six personnages en quête d'auteur" : la pièce débute avec l'arrivée de six personnages envahissant la scène d'un théâtre, lors d'une répétition, pour exiger qu'on leur livre cet espace afin de donner vie à leur drame. L'un des thèmes de la pièce, l'appropriation, par les comédiens, de la réalité des personnages est traité de façon magistrale. Les comédiens sont hors pair. J'ai particulièrement aimé le jeu d'Hughes Quester et de Valérie Dashwood. Le final, dont elle est, sobre, brut, m'a laissée émue, une boule dans la gorge. J'ai espéré que la lumière ne reviendrait pas tout de suite afin de laisser encore un peu vivre la magie, l'émotion. Les longs applaudissements, les rappels ont permis un sas salutaire. Comme souvent lorsque j'ai été touchée par un spectacle, je n'arrive pas à en parler tout de suite. Il me faut même le silence. Sang-Po est comme moi, ça tombait plutôt bien. Quelques instants plus tard, je me suis réencastrée à l'arrière d'un taxi, les yeux encore au loin. Un très beau spectacle qu'hélas je ne pourrai recommander, la dernière ayant lieu demain.

Cet après-midi, JG est passé à la maison pour me faire un de ces massages thaï dont il a le secret. Malgré les premiers instants douloureux, ses mains ont su m'apporter la détente, le bien-être que je ne ressens plus depuis mardi soir. J'ai maintenant l'impression que les énergies se sont recentrées là où elles sont nécessaires et je suis nettement moins grognon.

Tserba est arrivée, il y a deux heures avec des sushis. Adorable. Prête à tout pour chasser les nuages au-dessus de ma tête. Nous avons fait un concours de grimaces devant la caméra pour sa petite nièce puis chanté tout Tracy Chapman à tue-tête. En dînant, je lui ai parlé de Lui, de l'ensemble de la situation qui devient si confuse, du besoin que je ressens de me protéger. C'est très bête mais je le vois plutôt comme un élément déstabilisateur et je n'ai pas trop besoin de ça en ce moment.

Bon, Tserba ne va pas tarder à arriver avec la glace qu'elle est allée chercher à la boutique H-Dasz. Elle m'a parlé de son journal mais, moi, je ne souhaite pas qu'elle connaisse l'existence de mes pages bleues.

 
         
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Je me suis réveillée ce matin, le souvenir de ce rêve si vivace. Lui, allongé sur moi, me maintenant les mains au-dessus de la tête, ses yeux plongés dans les miens, me demandant où j'étais partie et m'embrassant doucement, longuement. Il me semble que mon coeur battait bien plus vite, réellement. Sur le mur au-dessus de nous, des milagros. Un peu comme dans cette chambre où j'ai dormi il y a quelque temps. En regardant mieux la photo, j'ai revu le milagro en forme de jambe. Comme un signe. Un bon présage, j'espère (du coup, je n'hésite pas, je l'insère, sait-on jamais...)

En début d'après-midi, j'ai vainement tenté de joindre Lamto sur son portable. Je voulais lui faire un petit coucou à l'occasion du pique-nique de la RDJ et, éventuellement, parler à Cego, Kiliane (greumeuleu Yahoo) et Cha s'ils avaient été près de lui. Tant pis ! *soupir*

Je ne vais pas m'étendre sur ma journée. Quelques coups de fils, une heure et demie de marché (là où d'habitude je n'ai besoin que d'une demi-heure), Delerm pour la sieste (euh ... le CD, évidemment *haussement d'épaules* *soupir*), quelques mugs de thé partagés avec JG et sa nouvelle amie, une petite discussion avec Cielbleu sur YM, un reportage intéressant sur le recrutement d'Al Qaeda. Mon genou n'a fouiré qu'une seule fois dans l'après-midi (pas trop mal)... bref, je prends mon mal en "patience".

Non, c'est pas vrai. J'en ai MARRE ! (ahhhhhh, ça fait du bien)

 
         
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Visite sur Estat ce matin et vérification des IP. Les yeux de Metog semblent s'être, à nouveau, posés sur ma page bleue. Dommage ! Il aurait réussi à m'épater en respectant sa parole.

Avec certaines personnes, la communication manque, dès le départ, de fluidité, de simplicité (ou de complicité ?). C'est le cas avec Metog. Il aurait pu, tout simplement, m'avouer qu'il avait très envie de me lire, qu'il savait avoir fait une connerie la première fois mais que, maintenant, connaissant l'existence de ce journal il souhaitait pouvoir revenir sur mon site de temps en temps. J'aurais aimé qu'il se sente libre de me poser la question, que nous en parlions et qu'il me laisse, cette fois-ci, la possibilité de dire oui ou non.

Une relation de confiance permet cette liberté. Metog, lui, ne l'a pas compris.

Bien calée dans les oreillers, j'ai relu "La Centaine d'Amour" de Pablo Neruda, en édition bilingue. J'ai retrouvé une fleur de la passion entre deux pages là où il est écrit : "nulle autre, amour, ne dormira avec mes rêves. Tu iras, nous irons, sur l'eau du temps, ensemble". Pas surprenant qu'elle ait gardé ses jolies couleurs.

J'avais un projet d'écriture pour cet après-midi mais je n'ai réussi à jeter que quelques idées sur le papier. Mon attention n'y était pas du tout. Partie à la dérive vers ce moment privilégié partagé avec Lui. Dans ce temps, dans cet espace, où j'aime bien le retrouver. Pourtant ce projet me tient à coeur. J'essaierai de m'y remettre ce soir.

Demain, j'affronte le vaste monde (ou plus modestement, le trajet pour me rendre à Maboite) armée de ma béquille. Que sera, sera, what will be, will be ....