Juin 2006

 
   

(mars 2006)

   
         
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Lily-Madeline s'est endormie, dans mon lit, le nez collé dans l'oreiller jaune d'or, la main droite serrant le cou de doudou girafe. L'appartement est calme, juste en fond sonore "Bach to Africa".

Je réalise que les tulipes dans le vase sur la table sont complétement fanées, cachées jusqu'à ce matin par les piles de vêtements de ma fille que j'ai extirpés des sacs entassés dans le débarras afin de départager ce qui repart chez bonne-maman (à rendre à sa fille L), sera donné à la maman de la petite Alix à la crèche, à collègue V. enceinte de 4 mois et ce que je garderai ici (ceux trop jolis, offerts ou achetés sur un coup de foudre, les Bonpoint, Petit Bateau, Bonton, Agatha Ruiz de la Prada, Monsoon, dont je suis incapable de me séparer ; disons que je garde un petit tiers pour cause de sentimentalisme aïgu).

En comptant les piles de journaux et revues descendues à la poubelle, le tri dans mes propres cartons de vêtements, ainsi qu'un tas de vaisselle dont je ne me sers plus depuis des années et dont personne ne veut, que j'ai jeté, le rangement du débarras me semble en bonne voie.

Dans le registre "ça avance", la maison devrait bientôt être équipée d'un ordinateur portable (exit le vieux mastodonte sur le meuble informatique, dans l'entrée, qui va virer aussi) et d'une chaise TrippTrapp de Stokke du plus joli vert pomme qui soit (et donc la table recouverte d'une super toile cirée puisque ladite chaise n'a pas de tablette, l'enfant est direct à table avec ses parents).

Le patron de la petite tunique Balthazar de chez Citronille, enfin reçu, est parti rejoindre les tissus Liberty chez Nanou qui va se mettre à la tâche pour sa petite nièce. Ca c'est chouette. De même qu'un colis est parti pour le Canada afin de fêter un anniversaire avec quelques douceurs et un doudou qui ravira, j'espère, un tout petit bonhomme né il y a 15 jours.

Il n'est pas tout à fait 20h30 et je viens de porter Lily-Madeline dans son lit. Elle y passera le reste de la nuit bien au chaud dans sa turbulette en polaire. L'appartement est toujours chauffé mais on supporte sans problème couette et douillette. Ras le bol de ce temps d'hiver.

Dans un autre registre, SangPo, dont nous fêtons l'anniversaire samedi, m'a parlé, avec une confiance qui m'a touchée, de sa vie amoureuse. Moralement, la situation n'est pas facile pour lui et je m'en veux un peu d'avoir tenté de résumer ses interrogations par un maladroit "mais tu veux des enfants ou pas ?". Je crains que ce qui est (ou semble être) un choix de vie assumé ne soit, en réalité, bien difficile à présenter à ses proches (ça je ne comprends pas trop). Bon, sur ce point, il n'est pas le seul ... je pense notamment au "père" de Lily-Madeline. *soupir*

2

Un petit tour au marché en rentrant de la crèche et le dîner de mlle zonzon mijote dans le Babycook pendant que je me gave de burlats en faisant un tour sur mes blogs favoris. Lily-Madeline s'est mise à chouiner dès le poncho enlevé, je l'ai mise au lit et elle s'est endormie de suite me laissant un petit moment à moi fort agréable. Quelque chose me dit qu'on va zapper le bain ce soir.

A la crèche aujourd'hui : Lily-Madeline et Arthur, face à face, manipulant des cubes et éclatant de rire lorsque ceux ci se cognent ou tombent, un bon moment de connivence (plutôt nouveau).

Répit de courte durée. Y'a un dîner à donner.

4

9h25

Déjeuner d'anniversaire de Sang-Po hier chez papa/belle-mère. Ambiance détendue et sympa. Ils partent à Saint-Tropez pour 3 semaines avec un bref passage à Paris avant de repartir pour la Corse. Donc, incertitude quand à leur présence pour l'anniversaire de Lily-Madeline, donc hier c'était Noël (bien) avant l'heure. Entre autres, chaise TrippTrapp pour Alice, de la couleur souhaitée, et ordinatron portable pour maman qui est trop contente. Très heureuse également de la super bonne nouvelle annoncée par Sang-Po qui remonte sur les planches avec la signature d'un contrat, et pas des moindres (un rôle principal dans une pièce jouée dans une "grande maison") mais bon, je n'ai pas plus de détail, c'est une avant-première, personne n'est au courant, le contrat est encore chez son agent en négociation. Ceci étant, il semblerait que ce soit un sacré pas en avant pour lui. Par ailleurs, il me racontait qu'il a tellement bien travaillé en doublage qu'il n'a rien touché des Assedic depuis le début de l'année.

Ce matin, l'oisillon est tombé tôt du lit alors à 9h35 nous sommes habillées et prêtes à aller faire quelques courses rue des Martyrs. Zou !

5

Sur le pas de la porte, il m'a dit "appelle-moi, donne-moi de vos nouvelles".

Le fait est que nous ne nous appelons pas entre deux soirées ensemble. Pas de coups de fil, même brefs, pour raconter ces petits riens du quotidien, ni de messages ou mails accompagnés de quelques mots doux, encore moins de longues conversations à parler de tout et de rien. Nada. Comme si une fois sortis de nos champs de vision respectifs, l'autre n'existait plus.

Un livre sur la table de nuit ("La méthode Mila" de Lydie Salvayre, dont je reparlerai certainement, roman difficile que je lis pincée de pages par pincée de pages et qui remue) ou dernièrement un petit bouquet semble indiquer, pourtant, qu'il pense à moi, que je suis bien là dans sa vie. Voilà.

 
         
         
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Il est 20h30. Cela fait 20 mns que Lily-Madeline pleure à fendre l'âme dans son lit. Gros sanglots, cris, hoquets et par deux fois elle a failli se faire vomir.

Après son biberon, je l'ai couchée dans mon lit. Petit rituel du soir. Câlins, berceuses. Moi, allongée tout à côté d'elle.

Or, depuis presqu'une semaine, le rituel s'éternise. Lily-Madeline ne s'endort pas (tout en baillant à s'en décrocher les mâchoires). Elle tourne, virevolte, cherche sa place, jette les doudous, babille, m'apostrophe et, le plus drôle, me tape de la main quand elle estime que je ne réagis pas assez à ses pitreries. Cela veut dire que, bon an mal an, le rituel peut prendre de 30 mns à 1h.

Hier soir, j'ai craqué. Je l'ai installée dans son lit avec le même résultat qu'en ce moment.. et au bout de 20 mns je n'en pouvais plus de l'entendre. Je ne sais pas ... presque de l'angoisse, les boyeaux qui se tordent. Un sentiment insupportable qui m'a fait la prendre dans les bras et il m'a fallu une bonne demie-heure pour la calmer. Au résultat, une petite fille qui ne s'est endormie qu'à 22h après une dose de Doliprane (pas pour faire dormir mais parce qu'elle mettait ses mains à sa bouche et que j'ai le sentiment qu'elle fait une nouvelle pensée dentaire). Le plus curieux c'est qu'une fois le Doliprane avalé, elle s'est effondrée dans mes bras. Je ne savais pas que ça avait un effet instantané, magique... Ce matin, gros sentiment de culpabilité et de malaise (ça sert à quoi de la rendre si malheureuse, tout ce qu'elle veut c'est un dernier moment avec toi, elle te voit déjà pas beaucoup de la journée, blabla, tout en sachant qu'il y a de sa part manipulation car elle est en général bien fatiguée après son bain).

Ce soir, rebelotte. Et je virevolte, je demande les bras, je jette les doudous, je déplace les oreillers, je redemande les bras. Bref, je le sentais très mal, ça tournait un peu à la comédie avec pleurs et re signes que je la prenne dans les bras. Après lui avoir expliqué que je ne la punissais pas mais que l'heure de dormir était arrivée, qu'elle devait désormais s'endormir dans son lit avec son doudou, que ma présence la distrayait, je lui ai fait un bisou, mis le cd avec les berceuses qu'elle aime bien et j'ai quitté sa chambre.

Voilà.

Cela fait 10 mns, que Lily-Madeline ne pleure plus. Je viens d'aller jeter un coup d'oeil discret, elle est dans sa position habituelle, sur le côté, doudou girafe bien serré contre elle, elle respire doucement. J'ai arrêté le cd.

Je la féliciterai demain matin d'avoir franchi ce cap.

Et yapuka remettre ça demain soir.

Je suis pas certaine que le curry vert de poulet passe bien quand même.

PS : 1/4 d'heure plus tard, Lily-Madeline, réveillée par je ne sais quel bruit, pleure, pleure... Je n'arriverai pas à dîner, je le sens, ça passera pas. Elle doit être en nage. Le body trempé. Le drap trempé. Et là, je l'entends m'appeler "manman".

Je suis allée, sur la pointe des pieds, remettre le cd tout doucement.

Je ne me sens pas bien du tout.

15

Ce soir, j'ai les yeux qui brûlent, la gorge nouée.

Internet, internet, quand finiras-tu de me jouer des tours, de jouer les traîtres ?

Je pensais en avoir long à écrire tellement j'en ai sur le coeur mais ça ne vient pas.

Je vais aller faire la vaisselle, tiens.

Voilà ce que je vais faire.

Et puis je créverai l'abcès plus tard. Ou pas.

16

Aujourd'hui, grève à la crèche (pour la 7ème fois depuis novembre). Papa/belle-mère à St Trop, j'ai du prendre une journée. Difficile de faire comprendre, au bureau, les difficultés de gestion du personnel qu'est amenée à gérer la directrice de cette crèche qui a ouvert il y a 13 mois (et ça sert à quoi, d'ailleurs, d'ouvrir des crèches s'il n'y a pas de personnel pour être en conformité ; la puér qui est de fermeture - tranche horaire 17h/18h15- dans la section des bébés est seule avec 7 à 10 bébés, voilà, voilà ... qui n'est pas rassurant pour nous les parents).

Décision, avec certains parents hier, d'inonder notre Mairie de courriers de protestation et de soutien au personnel. Conversation d'ailleurs très sympa sur ce point, ce matin, avec la maman de Noa et Lou ; cafés et grenadine à la terrasse d'un petit restau sur l'avenue T.

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Ce livre "Je t'aime" de F. Alberoni se trouve être le dernier de la pile près de mon lit depuis des mois et des mois. Je crois l'avoir commencé quelque temps avant mon congé de maternité, je ne suis pas allée au-delà de la 54ème page comme l'indique le marque page (une carte très colorée de la boutique Antoine et Lili) qui a attiré l'attention de Lily-Madeline tout à l'heure.

Et voilà ce que j'y lis en écho parfait à mes questions de ces dernières semaines et de façon encore plus aigüe depuis jeudi soir.

"L'amour, pour durer, doit devenir aussi confiance et estime. Autrement dit, il doit acquérir quelques-unes des caractéristiques de l'amitié.

L'amour qui naît de l'amitié a déjà parcouru une étape de ce chemin. Nous connaissons notre ami, ses limites, mais aussi ses qualités. Et surtout, nous avons confiance en sa loyauté. S'il n'en était pas ainsi, il ne serait pas devenu notre ami. L'amitié a une substance morale. C'est sur ces connaissances, sur ces sécurités morales silencieuses que l'amour naissant peut compter. L'amour demeure un tourment et une crainte, il demeure une émotion et des larmes, il demeure un désir indicible d'avoir l'être aimé en nous. Mais, à côté de ces sentiments, mêlés à eux, l'amitié y insère l'intimité, la confiance partagée et le respect de la liberté. Aussi, l'énamourement qui naît dans l'amitié est-il plus limpide et plus serein".

Ca résonne bigrement !

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Week-end de tous petits riens. La brise qui joue avec le rideau de la chambre alors que Lily-Madeline et moi somnolons. Les deux derniers biberons Miffy en vente sur Paris trouvés, alors que j'avais renoncé, à la pharmacie du coin. Libé, lu en terrasse ce matin, rue des Abbesses alors que Lily-Madeline parcourt le supplément "Ecrans" en suçotant un bout de baguette, dans sa poussette. L'échange de sourires avec mon voisin de table. Le côté ombré des rues de Montmartre pour se faire les cuisses tant en cherchant un petit square accueillant avec la maman des petits P.C.A.. La saveur des abricots bien mûrs de la boutique bio, en compote avec des cerises et une pomme Royal Gala. Les claquements de langue d'appréciation de Lily-Madeline, les papilles contentées par le bouillon de fruits rafraîchi. Les câlins, l'odeur douce de sa peau, les petits cheveux blonds collés sur sa nuque. Les siestes, aussi, dans son petit lit blanc avec, désormais, à peine un chouinement. Les roses anciennes, sur la cheminée, les petits photophores allumés rien que pour moi. L'eau de cologne "Bouquet Impérial" de Roger & Gallet. En fond sonore, "Bach to Africa".

Parallèlement, les pensées en boucle.

L'idée d'avoir évité les réactions à chaud et du coup d'avoir perdu l'opportunité de traiter de tout ça à vif, tout ce qui me tracasse dans notre histoire ces derniers temps et qui est devenu si douloureux depuis jeudi soir. Histoire de vider le trop-plein. L'idée que peut être par lâcheté j'ai reporté les explications parce que je vais devoir me mettre à nu si je veux être honnête et ça c'est difficile. La tristesse de réaliser que ses explications, qui n'en seront que des moitiés car même si, involontairement, j'ai eu accès à un "jardin secret", ses portes vont se refermer et c'est normal, ses explications, donc, qu'une part de moi n'a pas envie d'entendre. Ma place dans sa vie qui me convient de moins en moins, il faut bien que je m'en rende compte. Ma responsabilité dans tout ça. Et d'autres encore .... En boucle.

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