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1 Lily-Madeline s'est endormie, dans mon lit, le
nez collé dans l'oreiller jaune d'or, la main droite
serrant le cou de doudou girafe. L'appartement est calme,
juste en fond sonore "Bach to Africa".
Je réalise que les tulipes dans le
vase sur la table sont complétement fanées, cachées
jusqu'à ce matin par les piles de vêtements de ma fille
que j'ai extirpés des sacs entassés dans le débarras
afin de départager ce qui repart chez bonne-maman (à
rendre à sa fille L), sera donné à la maman de la
petite Alix à la crèche, à collègue V. enceinte de 4
mois et ce que je garderai ici (ceux trop jolis, offerts
ou achetés sur un coup de foudre, les Bonpoint, Petit
Bateau, Bonton, Agatha Ruiz de la Prada, Monsoon, dont je
suis incapable de me séparer ; disons que je garde un
petit tiers pour cause de sentimentalisme aïgu).
En comptant les piles de journaux et
revues descendues à la poubelle, le tri dans mes propres
cartons de vêtements, ainsi qu'un tas de vaisselle dont
je ne me sers plus depuis des années et dont personne ne
veut, que j'ai jeté, le rangement du débarras me semble
en bonne voie.
Dans le registre "ça
avance", la maison devrait bientôt être équipée
d'un ordinateur portable (exit le vieux mastodonte sur le
meuble informatique, dans l'entrée, qui va virer aussi)
et d'une chaise TrippTrapp de Stokke du plus joli vert
pomme qui soit (et donc la table recouverte d'une super
toile cirée puisque ladite chaise n'a pas de tablette,
l'enfant est direct à table avec ses parents).
Le patron de la petite tunique
Balthazar de chez Citronille, enfin reçu, est parti
rejoindre les tissus Liberty chez Nanou qui va se mettre
à la tâche pour sa petite nièce. Ca c'est chouette. De
même qu'un colis est parti pour le Canada afin de fêter
un anniversaire avec quelques douceurs et un doudou qui
ravira, j'espère, un tout petit bonhomme né il y a 15
jours.
Il n'est pas tout à fait 20h30 et je
viens de porter Lily-Madeline dans son lit. Elle y
passera le reste de la nuit bien au chaud dans sa
turbulette en polaire. L'appartement est toujours
chauffé mais on supporte sans problème couette et
douillette. Ras le bol de ce temps d'hiver.
Dans un autre registre, SangPo, dont
nous fêtons l'anniversaire samedi, m'a parlé, avec une
confiance qui m'a touchée, de sa vie amoureuse.
Moralement, la situation n'est pas facile pour lui et je
m'en veux un peu d'avoir tenté de résumer ses
interrogations par un maladroit "mais tu veux des
enfants ou pas ?". Je crains que ce qui est (ou
semble être) un choix de vie assumé ne soit, en
réalité, bien difficile à présenter à ses proches
(ça je ne comprends pas trop). Bon, sur ce point, il
n'est pas le seul ... je pense notamment au
"père" de Lily-Madeline. *soupir*
2
Un petit tour au marché en rentrant de
la crèche et le dîner de mlle zonzon mijote dans le
Babycook pendant que je me gave de burlats en faisant un
tour sur mes blogs favoris. Lily-Madeline s'est mise à
chouiner dès le poncho enlevé, je l'ai mise au lit et
elle s'est endormie de suite me laissant un petit moment
à moi fort agréable. Quelque chose me dit qu'on va
zapper le bain ce soir.
A la crèche aujourd'hui :
Lily-Madeline et Arthur, face à face, manipulant des
cubes et éclatant de rire lorsque ceux ci se cognent ou
tombent, un bon moment de connivence (plutôt nouveau).
Répit de courte durée.
Y'a un dîner à donner.
4
9h25
Déjeuner d'anniversaire de Sang-Po hier chez
papa/belle-mère. Ambiance détendue et sympa. Ils
partent à Saint-Tropez pour 3 semaines avec un bref
passage à Paris avant de repartir pour la Corse. Donc,
incertitude quand à leur présence pour l'anniversaire
de Lily-Madeline, donc hier c'était Noël (bien) avant
l'heure. Entre autres, chaise TrippTrapp pour Alice, de
la couleur souhaitée, et ordinatron portable pour maman
qui est trop contente. Très heureuse également de la
super bonne nouvelle annoncée par Sang-Po qui remonte
sur les planches avec la signature d'un contrat, et pas
des moindres (un rôle principal dans une pièce jouée
dans une "grande maison") mais bon, je n'ai pas
plus de détail, c'est une avant-première, personne
n'est au courant, le contrat est encore chez son agent en
négociation. Ceci étant, il semblerait que ce soit un
sacré pas en avant pour lui. Par ailleurs, il me
racontait qu'il a tellement bien travaillé en doublage
qu'il n'a rien touché des Assedic depuis le début de
l'année.
Ce matin, l'oisillon est tombé tôt du lit alors à
9h35 nous sommes habillées et prêtes à aller faire
quelques courses rue des Martyrs. Zou !
5
Sur le pas de la porte, il m'a dit
"appelle-moi, donne-moi de vos nouvelles".
Le fait est que nous ne nous appelons
pas entre deux soirées ensemble. Pas de coups de fil,
même brefs, pour raconter ces petits riens du quotidien,
ni de messages ou mails accompagnés de quelques mots
doux, encore moins de longues conversations à parler de
tout et de rien. Nada. Comme si une fois sortis de nos
champs de vision respectifs, l'autre n'existait plus.
Un livre sur la table de nuit ("La
méthode Mila" de Lydie Salvayre, dont je reparlerai
certainement, roman difficile que je lis pincée de pages
par pincée de pages et qui remue) ou dernièrement un
petit bouquet semble indiquer, pourtant, qu'il pense à
moi, que je suis bien là dans sa vie. Voilà.
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12 Il est 20h30. Cela fait 20 mns que Lily-Madeline
pleure à fendre l'âme dans son lit. Gros sanglots,
cris, hoquets et par deux fois elle a failli se faire
vomir.
Après son biberon, je l'ai couchée
dans mon lit. Petit rituel du soir. Câlins, berceuses.
Moi, allongée tout à côté d'elle.
Or, depuis presqu'une semaine, le
rituel s'éternise. Lily-Madeline ne s'endort pas (tout
en baillant à s'en décrocher les mâchoires). Elle
tourne, virevolte, cherche sa place, jette les doudous,
babille, m'apostrophe et, le plus drôle, me tape de la
main quand elle estime que je ne réagis pas assez à ses
pitreries. Cela veut dire que, bon an mal an, le rituel
peut prendre de 30 mns à 1h.
Hier soir, j'ai craqué. Je l'ai
installée dans son lit avec le même résultat qu'en ce
moment.. et au bout de 20 mns je n'en pouvais plus de
l'entendre. Je ne sais pas ... presque de l'angoisse, les
boyeaux qui se tordent. Un sentiment insupportable qui
m'a fait la prendre dans les bras et il m'a fallu une
bonne demie-heure pour la calmer. Au résultat, une
petite fille qui ne s'est endormie qu'à 22h après une
dose de Doliprane (pas pour faire dormir mais parce
qu'elle mettait ses mains à sa bouche et que j'ai le
sentiment qu'elle fait une nouvelle pensée dentaire). Le
plus curieux c'est qu'une fois le Doliprane avalé, elle
s'est effondrée dans mes bras. Je ne savais pas que ça
avait un effet instantané, magique... Ce matin, gros
sentiment de culpabilité et de malaise (ça sert à quoi
de la rendre si malheureuse, tout ce qu'elle veut c'est
un dernier moment avec toi, elle te voit déjà pas
beaucoup de la journée, blabla, tout en sachant qu'il y
a de sa part manipulation car elle est en général bien
fatiguée après son bain).
Ce soir, rebelotte. Et je virevolte, je
demande les bras, je jette les doudous, je déplace les
oreillers, je redemande les bras. Bref, je le sentais
très mal, ça tournait un peu à la comédie avec pleurs
et re signes que je la prenne dans les bras. Après lui
avoir expliqué que je ne la punissais pas mais que
l'heure de dormir était arrivée, qu'elle devait
désormais s'endormir dans son lit avec son doudou, que
ma présence la distrayait, je lui ai fait un bisou, mis
le cd avec les berceuses qu'elle aime bien et j'ai
quitté sa chambre.
Voilà.
Cela fait 10 mns, que Lily-Madeline ne
pleure plus. Je viens d'aller jeter un coup d'oeil
discret, elle est dans sa position habituelle, sur le
côté, doudou girafe bien serré contre elle, elle
respire doucement. J'ai arrêté le cd.
Je la féliciterai demain matin d'avoir
franchi ce cap.
Et yapuka remettre ça demain soir.
Je suis pas certaine que le curry vert
de poulet passe bien quand même.
PS : 1/4 d'heure plus tard,
Lily-Madeline, réveillée par je ne sais quel bruit,
pleure, pleure... Je n'arriverai pas à dîner, je le
sens, ça passera pas. Elle doit être en nage. Le body
trempé. Le drap trempé. Et là, je l'entends m'appeler
"manman".
Je suis allée, sur la pointe des
pieds, remettre le cd tout doucement.
Je ne me sens pas bien du tout.
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Ce soir, j'ai les yeux qui brûlent, la
gorge nouée.
Internet, internet, quand finiras-tu de
me jouer des tours, de jouer les traîtres ?
Je pensais en avoir long à écrire
tellement j'en ai sur le coeur mais ça ne vient pas.
Je vais aller faire la vaisselle,
tiens.
Voilà ce que je vais faire.
Et puis je créverai l'abcès plus
tard. Ou pas.
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Aujourd'hui, grève à la crèche (pour
la 7ème fois depuis novembre). Papa/belle-mère à St
Trop, j'ai du prendre une journée. Difficile de faire
comprendre, au bureau, les difficultés de gestion du
personnel qu'est amenée à gérer la directrice de cette
crèche qui a ouvert il y a 13 mois (et ça sert à quoi,
d'ailleurs, d'ouvrir des crèches s'il n'y a pas de
personnel pour être en conformité ; la puér qui est de
fermeture - tranche horaire 17h/18h15- dans la section
des bébés est seule avec 7 à 10 bébés, voilà,
voilà ... qui n'est pas rassurant pour nous les
parents).
Décision, avec certains parents hier,
d'inonder notre Mairie de courriers de protestation et de
soutien au personnel. Conversation d'ailleurs très sympa
sur ce point, ce matin, avec la maman de Noa et Lou ;
cafés et grenadine à la terrasse d'un petit restau sur
l'avenue T.
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Ce livre "Je t'aime" de F.
Alberoni se trouve être le dernier de la pile près de
mon lit depuis des mois et des mois. Je crois l'avoir
commencé quelque temps avant mon congé de maternité,
je ne suis pas allée au-delà de la 54ème page comme
l'indique le marque page (une carte très colorée de la
boutique Antoine et Lili) qui a attiré l'attention de
Lily-Madeline tout à l'heure.
Et voilà ce que j'y lis en écho
parfait à mes questions de ces dernières semaines et de
façon encore plus aigüe depuis jeudi soir.
"L'amour, pour durer, doit devenir
aussi confiance et estime. Autrement dit, il doit
acquérir quelques-unes des caractéristiques de
l'amitié.
L'amour qui naît de l'amitié a déjà
parcouru une étape de ce chemin. Nous connaissons notre
ami, ses limites, mais aussi ses qualités. Et surtout,
nous avons confiance en sa loyauté. S'il n'en était pas
ainsi, il ne serait pas devenu notre ami. L'amitié a une
substance morale. C'est sur ces connaissances, sur ces
sécurités morales silencieuses que l'amour naissant
peut compter. L'amour demeure un tourment et une crainte,
il demeure une émotion et des larmes, il demeure un
désir indicible d'avoir l'être aimé en nous. Mais, à
côté de ces sentiments, mêlés à eux, l'amitié y
insère l'intimité, la confiance partagée et le respect
de la liberté. Aussi, l'énamourement qui naît dans
l'amitié est-il plus limpide et plus serein".
Ca résonne bigrement !
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Week-end de tous petits riens. La brise
qui joue avec le rideau de la chambre alors que
Lily-Madeline et moi somnolons. Les deux derniers
biberons Miffy en vente sur Paris trouvés, alors que
j'avais renoncé, à la pharmacie du coin. Libé, lu en
terrasse ce matin, rue des Abbesses alors que
Lily-Madeline parcourt le supplément "Ecrans"
en suçotant un bout de baguette, dans sa poussette.
L'échange de sourires avec mon voisin de table. Le
côté ombré des rues de Montmartre pour se faire les
cuisses tant en cherchant un petit square accueillant
avec la maman des petits P.C.A.. La saveur des abricots
bien mûrs de la boutique bio, en compote avec des
cerises et une pomme Royal Gala. Les claquements de
langue d'appréciation de Lily-Madeline, les papilles
contentées par le bouillon de fruits rafraîchi. Les
câlins, l'odeur douce de sa peau, les petits cheveux
blonds collés sur sa nuque. Les siestes, aussi, dans son
petit lit blanc avec, désormais, à peine un
chouinement. Les roses anciennes, sur la cheminée, les
petits photophores allumés rien que pour moi. L'eau de
cologne "Bouquet Impérial" de Roger &
Gallet. En fond sonore, "Bach to Africa".
Parallèlement, les pensées en boucle.
L'idée d'avoir évité les réactions
à chaud et du coup d'avoir perdu l'opportunité de
traiter de tout ça à vif, tout ce qui me tracasse dans
notre histoire ces derniers temps et qui est devenu si
douloureux depuis jeudi soir. Histoire de vider le
trop-plein. L'idée que peut être par lâcheté j'ai
reporté les explications parce que je vais devoir me
mettre à nu si je veux être honnête et ça c'est
difficile. La tristesse de réaliser que ses
explications, qui n'en seront que des moitiés car même
si, involontairement, j'ai eu accès à un "jardin
secret", ses portes vont se refermer et c'est
normal, ses explications, donc, qu'une part de moi n'a
pas envie d'entendre. Ma place dans sa vie qui me
convient de moins en moins, il faut bien que je m'en
rende compte. Ma responsabilité dans tout ça. Et
d'autres encore .... En boucle.
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