Juillet 2003

 
         
         
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Pluie diluvienne, grêle, éclairs, un orage éclate alors que j'arrive péniblement en vue de mon immeuble. Les trajets jusqu'à Maboite me demandent une énergie folle. Matin, bus et descente à pied des Champs. Le soir, retour par le métro et une foultitude de marches à monter ou descendre. Ceci dit, je n'ai jamais autant discuté avec mes compagnons de route que depuis que je me déplace harnachée. Les parisiens ne sont donc pas tous des indifférents.

Par la fenêtre, j'aperçois le rideau blanc de pluie qui emplit de murmures le calme de mon appartement.

Devant mon écran bleu, je repense à la soirée d'hier avec Ampo. Il m'a suffit d'un coup d'oeil, en lui ouvrant la porte, pour savoir que ce serait une soirée difficile. Un baiser distrait et nous voici assis sur le canapé, lui obnubilé par ses soucis liés à l'avenir de Saboite, moi par la façon dont je vais bien pouvoir lui annoncer ma décision de ne plus le voir. Et puis, coup sur coup, deux messages sur mon répondeur, dont le haut parleur est branché, de Tserba et Metog, qui le contrarient. J'ai le présentiment que ça va partir en "eau de boudin". Ca ne râte pas. Il se permet une petite réflexion et ma réponse fuse. Les réparties qui s'ensuivent volent plus ou moins haut, les esprits s'échauffent. Il est arrivé tendu et nerveux, maintenant il est livide. Moi, j'ai les joues en feu. Tout y passe. Grand déballage des deux côtés : sentiments, frustration, jalousie, difficultés à gérer tout ça. Je souhaitais une conversation sereine, nous en sommes loin. J'ai presque honte de la femme que je suis à ce moment là. Où donc s'en est allée la légèreté de notre relation ?

Alors qu'il est sur le point de partir, sa dernière question me prend par surprise. Pris d'un doute, il souhaite savoir si j'ai rencontré quelqu'un. Je reste interdite puis je rougis. Pour le coup, il se marre. "Joya, c'est pas vrai ! Tu peux me le dire tout simplement au lieu de tourner autour du pot comme ça." J'ai beau nier, lui expliquer que j'estime préférable de ne pas le voir pendant quelque temps, que, par ailleurs, je ne lui ai jamais caché les rencontres que j'avais faites, il n'y croit pas. Lorsque je referme la porte, les larmes d'exaspération coulent parce qu'il a tort. Parce qu'il a peut être un tout petit peu raison. Ce qui est certain, c'est que j'ai l'impression d'être à la croisée des chemins. Et sur ces chemins, il y'a un peu trop de monde.

 
         
         
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Dîner avec tout le clan B. de G. à la "Table d'Anvers".

Les plats délicieux, parfumés d'herbes et d'épices se succèdent, arrosés d'un frais mercurey blanc. Papa a 62 ans. Roi de la soirée, le pater familias prend son air bonhomme et trône en bout de table, ravi de son Palm et de sa pochette tout cuir. La Corse, le statut des intermittents du spectacle, la politique du gouvernement actuel, la conversation va bon train jusqu'au sujet des vacances qui approchent. Qui vient en Corse et quand. Les petits enfants qu'ils emmènent avec eux mardi.

Nous y revoilà.

"Je vous préviens. A 65 ans, JE choisirai MES petits-enfants" dit papa.

A ce moment là, un sentiment proche de la haine m'envahit.

C'est ainsi que je m'éloigne de mon père. Comme je me suis éloignée de sa mère. Des portes, petit à petit, se referment. Je prends conscience, maintenant, que je pourrais même ne pas le regretter. C'est fou. C'est libérateur ! Je pourrais presque en rire.

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Ce week-end, "je vais appliquer, à la lettre, la méthode couette". Pour ce faire, je ne pars pas à la campagne rejoindre Metog. J'ai fait le plein de lecture et de musique. Bonheur : )

Pas encore écrit à ce sujet, mais ces derniers jours :

- nous étions, Lui et moi, régulièrement côte à côte sur mon écran, chacun dans sa petite fenêtre de 5x5cm, nos réflexions et émotions ricochant d'un clavier à l'autre. J'éprouve une infinie tendresse à son égard et l'envie de le connaître mieux, de partager plus. Reste le (ou les) facteur(s) X. Pas évident, tant de mon côté que du sien.

- j'ai vu mon médecin pour mon genou. Tout est normal : la jambe comme un poteau en fin de journée, la cheville qui double de volume, les douleurs musculaires. Pour elle, ma méthode est bonne et je dois continuer à suivre mon instinct. Déplacement dans les transports en commun et escaliers avec attelle, le reste de la journée sans. Jusqu'à ce que je me sente totalement tip top. Et puis des oligosols (soufre et fluor) encore et toujours et un chouillat d'homéopathie.

- j'ai pu, enfin, discuter avec mon contact chez Chasseurdetêtes. Les postes actuellement disponibles ne m'intéressent pas. Par contre, j'ai appris que Notregroupe va bientôt mettre au point une "grille de mutations en intra" (sic) qui pourrait fortement m'intéresser. Un peu de patience donc !

J'envoie cette mise à jour de mon journal puis j'appuierai sur le bouton "Pause". Pas de net pendant 48 heures.

 
     
         
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Je craignais que ce week-end, passé quasiment dans la solitude, ne m'incite un peu trop à la réflexion mais il n'en a rien été. J'ai commencé la lecture du livre de Nancy Huston "Une adoration" et je suis emballée. Les personnages viennent un à un raconter leur version de l'histoire, leur témoignage s'entrecoupant et tissant peu à peu l'étoffe de l'intrigue (dont pour le moment, je n'ai pas encore deviné grand chose). Ce mode d'écriture d'ailleurs fait plutôt penser à une pièce de théâtre et m'a ramenée à la pièce de Pirandello vue la semaine dernière. A déguster page après page en écoutant du Debussy.

En parlant de musique, le "tiroir" à CD de ma chaîne refuse obstinément de s'ouvrir et garde prisonnier celui de Tracy Chapman. Je ne peux donc plus chanter "for my lover" ou "baby can I hold you". Galère ! Il faut, maintenant, que je trouve un réparateur dans le quartier.

Dans un autre registre, les Skatalites passent au Cabaret Sauvage le 10. Dommage ! Je pense qu'un concert est totalement au-dessus de mes forces actuellement.

J'ai feuilleté, ce matin, la nouvelle édition du "Petit Peintre" de Dupuy et Berbérian (Ed. Cornélius). Bien que j'en ai apprécié les illustrations, j'ai trouvé l'histoire décevante. Vivement la sortie du nouvel album de Monsieur Jean qui me permettra de retrouver mes personnages de BD préférés.

Un article, lu dans Courrier International, a attiré mon attention sur le rapprochement Chine/Inde. La Chine semble, finalement, reconnaître que la région du Sikkim fait partie du territoire indien et tente d'y reprendre les échanges commerciaux avec l'Inde pour partenaire. De son côté, l'Inde a réaffirmé que la région autonome du Tibet faisait partie de la Chine. Pendant ce temps là, alors que la route du Népal n'est plus permise aux réfugiés tibétains (le Népal en a remis un certain nombre à Beijin ces derniers mois), ils ne leur restent plus que celle du Sikkim. Mais pour combien de temps ? Je ne comprends pas bien. L'Inde a toujours soutenu le Dalaï Lama et les tibétains en exil. Or, la présence accrue de chinois dans la province du Sikkim va forcément être un obstacle de plus à surmonter pour les candidats à l'exil. Encore un sacrifice sur l'autel des "perspectives commerciales".

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Ce soir, j'ai refermé, tôt, les volets sur la rue et laissé les fenêtres ouvertes pour recueillir la fraîcheur nocturne.

Dans la petite chambre blanche, au fond de l'appartement, j'ai allumé les photophores et éteint les lumières. Au coeur de cette semi-obscurité dorée, j'ai apporté à chaque centimètre de mon épiderme la carresse adoucissante de la lotion à la délicieuse odeur de lavande et camomille.

Est survenue alors la sensation que Ses doigts jouaient avec les petits cheveux au bas de ma nuque. Troublant et délicieux.

Je vais certainement m'endormir avec le sourire d'un boudha serein accroché aux lèvres.

 
         
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Le soir, alors que j'arrive à la hauteur de l'épicerie indienne, au coin de ma rue, l'odeur fabuleuse des mangues me fait de grands clins d'oeil auxquels je ne sais résister.

Serrées dans leur petit cageot, les oblongues à la chair safran fondante font le régal de mes petits-déjeuners. C'est la pleine saison, ça ne dure que deux mois et quand bien même, distraite, je pourrais les oublier un soir, elles se rappelleraient bien vite à mon souvenir en exhalant de plus belle leur parfum à mon passage.

Au bureau, le rythme devient un peu plus estival. Il y a toujours beaucoup de travail mais nous avons clos la période des AG ce qui me permet d'oublier l'impératif des délais, l'organisation en béton et le stress que ça génère. Nous avons discuté vacances, organisé les départs et retours afin que l'une de nous trois soit toujours présente. Il était plus que temps et je vais m'occuper de mes billets demain. Seule ombre au tableau, le Groupe nous demande de prendre désormais trois semaines, au minimum, l'été. J'avais prévu de n'en prendre que deux en août et la troisième fin septembre/début octobre pour descendre dans le Midi. J'espère que cela sera négociable.

A plus court terme, Metog ne m'a toujours pas confirmé s'il viendra bien à Paris ce week-end. Il fait partie de la Protection Civile et devait participer à un exercice "balise" samedi après-midi. J'espère qu'il pourra en obtenir le report car je crois que, sur la lancée, il serait bien que nous ayons une petite discussion tous les deux. Je ne souhaite pas mettre un terme à notre histoire tout de suite mais je veux être certaine qu'il ne souffre pas. Pour ce qui est de parler de mes sentiments, en ce moment, je ne manque pas d'entraînement. Cependant avec Metog, c'est une toute autre paire de manches. Je ne veux pas le contraindre à se livrer plus qu'il ne le souhaite, ou ne le peut, mais j'aimerais être certaine qu'il va bien.

Kazam ! Je pue le Mitosyl. Une crème à base d'huile de foie de poisson (ça schlingue vraiment) dont je viens de me tartiner car cette fichue attelle m'irrite l'intérieur de la cuisse. Y'a des soirs, il vaut mieux être seule chez soi.

 
         
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Il n'y a plus de Danao au chocolat dans le frigo, de rasoir et de brosse à dent électrique dans la salle de bains, de chaussures grandes comme des péniches dans l'entrée, Metog est reparti en fin d'après-midi.

Quelques scènes "souvenirs" de ces trois jours :

- Aux Halles, les visages étonnés, voire stupéfaits, des vendeurs auxquels Metog demande des chaussures en 48 ... Compte tenu de la chaleur caniculaire qui plombe le bitume parisien, de la foule hébétée, à l'affût des pancartes - 40 %, qui ne prête aucune attention à ma pauvre jambe et à ma béquille, nous rebroussons chemin, quasi bredouilles, au bout de deux heures et, clim à fond dans la voiture, rentrons nous réfugier dans la fraîcheur toute relative de mon appart.

- Les photophores qui scintillent, le champagne bien frais, les cadeaux. Le visage surpris et ému de Metog (qui fête ses 32 ans la semaine prochaine). Dans sa famille, on ne fête pas les anniversaires. Je trouve cela d'une tristesse sans nom. Au cours de ce dîner, les bulles aidant, il se livre un peu plus. Nous parlons de C. chez qui il va passer quelques jours pendant ses vacances, de MP qu'il va revoir le week-end prochain, des sentiments qu'il éprouve ou a éprouvé pour ces deux femmes. Je crois que ça lui parait surréaliste de discuter de cela avec moi. Je passe mon temps à le rassurer. Pour moi, il est tout simplement naturel de discuter de ce que nous ressentons l'un et l'autre. Par contre, en ce qui concerne ses sentiments pour moi, je ne suis pas beaucoup plus avancée. Je me sens juste un peu rassurée sur le fait qu'il ne semble pas souffrir de la situation.

- Le tube de gel, les rires sans fin à nous en étouffer puis le silence et les soupirs. La scène pourrait s'appeler "comment survint une idée simplissime à l'effet sublissime" (mais comment n'y ai-je pas pensé avant ?).

- Metog devant une émission sur le Tour de France, moi devant mon PC, ravie d'avoir un petit moment pour discuter avec Lui via YM. Metog me demande toutes les 10 mns pourquoi je glousse, pourquoi je ris, avec qui je me trouve. Puis s'il peut passer derrière moi (dans le champ de la caméra) pour aller chercher quelque chose dans la chambre. Drôle de sensation. Lui peut l'entrevoir. Metog ignore tout de Lui (à moins qu'il n'ait lu mon journal depuis quelque temps). Pourquoi est-ce que, tout à coup, mon coeur bat plus vite ?

Puis un appel de Sang-Po qui m'invite à le rejoindre sur le toit d'un immeuble où se donne une soirée près de chez moi. Il ne sait pas que Metog est là. Je décline l'invitation, j'ai trop mal à mon genou (véridique d'ailleurs). Lui, pendant ce temps là, dans sa petite fenêtre de 5x5cm, parle dans son tel comme s'il était en ligne avec moi, fait le pitre. Alors, après avoir quitté Sang-Po, je compose rapidement Son numéro de portable. J'ai trop envie d'entendre le son de sa voix, son rire, de le surprendre. Premier échange rapide mais très agréable. A l'autre bout de la ligne, une voix posée et chaleureuse malgré "l'effet surprise". Un peu plus tard, après l'avoir quitté, je repense, bien malgré moi, à ma rencontre avec Lamto et à son issue. Stupide et inutile parallèle, j'en suis consciente car nous n'en sommes pas encore là. Loin de là. A suivre ...

moi, ce soir.

 
         
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En ouvrant mon PC, ce matin, deux mails :

Un de Metog, qui dit, en substance : "J'ai le bonheur de te revoir,  pas assez souvent peut être mais c'est à chaque fois un grand moment de plaisir. Ces instants me mettent du baume au coeur et je crois fortement que la réciprocité est présente dans notre relation." Je voulais être fixée. Ben, je le suis.

Un autre, d'une de mes lectrices : "Je suis bien heureuse de ce qui t'arrive avec "Lui" ;) et je te souhaite plein de jolies choses. "

Un résumé de la situation ?

Kazam !

Je reviens de la Salpêtrière où le docteur "bobolegenou" a fait les gros yeux en me voyant, trois semaines après ma chute, toujours avec mon attelle. Après avoir palpé mon genou, manipulé ma jambe, il a pris l'attelle, objet du délit, et m'a demandé de ne plus la remettre car tout cela évolue tout à fait normalement. Je n'en ai plus besoin. Des radios des deux genoux à faire à la rentrée et des séances de kiné dès maintenant. Par contre, pour les transports en commun et les escaliers, je peux continuer à me servir de ma béquille tant que je ne suis pas tip top.

Pour ressortir de l'hôpital, trois marches à monter devant lesquelles je reste pétrifiée. Pour que l'appréhension ne se transforme pas en panique, je ne me laisse pas trop le temps de réfléchir et saisis la rampe. Il y a un cap, là, difficile à passer. Quant aux trois étages montés pour retrouver mon chez moi, c'est une vraie victoire dont j'ai presque ri en ouvrant ma porte. Y'a pas, c'est pas du tout cuit. Mais comme c'est plus mental que mécanique, je ne me fais pas trop de soucis.

moi, aujourd'hui

 
         
   
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moi, aujourd'hui. Quelques oeuvres de Bach sur des rythmes africains.

Sang-Po m'apprend qu'il a adressé une lettre à papa, à Tallane, afin de le sensibiliser sur son "rôle" de père, sans le condamner mais en attirant son attention sur ses attentes à lui en tant que "fils". Il semble croire que la situation peut évoluer là où, moi, j'ai laissé le silence s'installer. Je me détache petit à petit. Peut être par peur du conflit. Ou tout simplement parce que je pense que c'est perdu d'avance, que mon père ne modifiera pas son comportement égoïste. J'ai accepté de le voir tel qu'il est il y a déjà un bon moment. Je n'ai jamais attendu grand chose de lui, je crois. Cela remonte même très loin, ce sentiment. Si je regarde attentivement mon parcours, je réalise à quel point je ne l'ai jamais vu comme une source de réconfort ou de protection. Depuis l'été de mes 15 ans, mon père ne sait quasiment rien de ma vie. Sauf en ce qui concerne mon travail. C'est en général la première question qu'il me pose lorsque nous nous voyons (combien de fois par an ? 4 ? 5 ?) "Et au boulot, ça se passe comment ?".

Sang-Po m'a confié, il y a peu de temps, l'anecdote suivante : lors de l'un de ses premiers rôles dans une pièce jouée au Théâtre de l'Europe (ou l'Européen je ne sais plus), il avait invité papa/belle-mère à venir le voir à la première et leur avait réservé deux places dans les premiers rangs. Alors que la sonnerie retentissait, annonçant le proche levé de rideau, Sang-Po regardait le public s'installer par une petite ouverture sur le côté. Il aperçut alors papa/belle-mère dans le fond de la salle regardant les rangées de fauteuils bondées de monde et leur place à l'avant puis les vit tourner les talons et partir. Il m'a avoué s'être senti très mal. Le lendemain, lorsqu'il leur demanda pourquoi ils n'étaient pas venu le voir, papa répondit qu'ils avaient eu du mal à trouver une place pour se garer et étaient arrivés trop tard. Pourquoi ce mensonge ? On ne le saura jamais. Une des "occasions ratées" par mon père de partager quelque chose d'important avec l'un de ses enfants. Sang-Po, lui, pense que c'était en relation avec son refus de le voir choisir un métier de saltimbanque. Quelle réaction nulle !

Tout cela m'a rendu infiniment triste pour lui.

Lorsque je regarde les photos de notre enfance, je me demande ce que je vois.

 
         
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La soirée "rose" d'hier était une vraie réussite.

Un miracle d'avoir pu préparer autant de choses à deux dans ma tite cuisine Hello Kitty.

Encore heureux qu'il y avait la table, dans le séjour, servant d'annexe notamment pour transvaser, dans les boites et sachets, ce qu'il y aurait à tartiner et assembler au dernier moment chez la soeur de Tserba.

Donc, au menu :

Soupe froide de betterave servie dans les petites tasses transparentes, petits blinis et tarama, croustades de crevettes cocktail au radis, tartines de beurre aux baies roses et charcuteries, salade de pastèque/féta/oignons rouges/menthe, terrine de fromages, meringues aux fraises écrasées et LE gâteau de glace, macarons roses, décoré des petits bonbons à messages rapportés de Londres. Totalement fait maison, un peu de guingois mais très rigolo.

Nous sommes arrivées avec tout notre fatras alors que les beaux-frères/neveux/nièces étaient encore à la piscine et la mise en place du buffet a été prise en charge par les soeurs de Tserba. Sa maman était également présente, très grande, très autoritaire, et ne me laissant d'autre choix que de m'asseoir à côté d'elle pour lui raconter le pourquoi du comment de ma béquille, en sirotant un thé brûlant. Tserba m'avait prévenue. Pas moyen d'y échapper. Sa mère est très, très curieuse et plutôt directe. Arfffff... J'ai dû piquer quelques fards. Enfin, peut être était-ce le thé ?

Puis, alertées par un coup de fil, nous avons juste eu le temps de mettre en place les bougies et d'installer en hauteur la pinata avant l'arrivée de la reine de la fête.

Cacran a poussé la porte du séjour, brusquement intimidée puis émerveillée de nous voir tous là pour lui souhaiter un joyeux anniversaire. Lorsque je lui ai offert le petit bouquet de marguerites et le sac a dos en Liberty, elle m'a demandé si je pouvais quand même tournoyer avec elle malgré mon bobo à la jambe.

Comment résister ?

Les petites filles de cacran aiment beaucoup tournoyer surtout lorsqu'elles portent une jupe qui danse : )

Une excellente soirée donc. La famille de Tserba est très unie et forme, autour de Cacran, un cercle d'amour et de protection afin de conjurer le sort. Je suis toujours surprise, d'ailleurs, de voir à quel point ils sont tous très "physiques", se touchent, se prennent par les épaules, la taille, les mains. Les enfants, notamment, sont très câlinés et par tous, hommes et femmes. Je crois qu'il y a du bonheur à naître dans une famille comme celle-ci. Et Cacran, toute pétrie de ce bonheur là, était encore plus en forme que nous lorsque nous nous sommes quittés à 3 heures du matin.

De retour à la maison, nous avons parlé de nous deux, de notre histoire à laquelle nous avons décidé de mettre un terme. De mon côté, parce que cette expérience, même si elle m'a apporté beaucoup, n'a jamais été autre chose que cela, une expérience. Une expérience délicieuse d'ailleurs. Reste l'amitié que j'éprouve pour elle et qui est réciproque. Pas question, a priori, que nous coupions les ponts. Il y a, également, cette partie de la vie de Tserba dont je n'ai pas encore parlé et qui a installé une distance entre nous car je n'y trouve plus ma place. Je le lui ai dit cette nuit. De toute façon, elle l'avait senti. Tserba s'est vue confirmer, il y a peu, qu'elle est enceinte. Je ne rentrerai pas dans le détail de la conception de ce bébé. Je dirai juste que ce qu'elle souhaitait le plus au monde est arrivé et j'en suis très heureuse pour elle. Elle a rencontré, également, une femme pour laquelle elle éprouve des sentiments grandissants et qui serait prête à faire, avec elle, un bout de chemin. Alors, voilà, il est temps de me retirer sur la pointe des pieds : )

moi, aujourd'hui

 
         
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Il y a quinze jours, c'était ma belle-mère sur le port de Marseille à qui on arrachait son sac. Le lendemain, papa m'appelait de Tallane pour me demander de faire changer, en urgence, le canon de serrure de la porte escalier rue. Fallait juste mettre la main sur l'une des deux femmes de ménage (ouais, je sais, on croit rêver, ils ont chacun la sienne) qui avait la clef de ladite porte. Sang-Po et moi, on a que celle donnant sur l'escalier cour. Puis, une fois localisée, la faire déposer chez le loc du bas qui, sympa, se met à la disposition de papa. Bon, opération menée en 24 heures grâce au serrurier du bureau qui a été plus que diligent. Il faut dire que j'ai beaucoup battu des cils....

Ma belle-mère, remise du choc, m'a juste précisé avoir demandé son chemin à "deux braves jeunes hommes" sur le port, qui l'ont dirigée vers un coin moins passant. Elle a bien remarqué qu'ils la suivaient mais comme elle était en retard pour récupérer ses petits enfants, ben elle a continué à avancer dans une petite rue calme où les types lui ont couru après avant de la pousser violemment sur une voiture garée en lui arrachant son sac. Et elle a conclu "j'ai bien pensé qu'ils m'avait amenée là où ils voulaient que j'aille". Véridique ! No comment.

Bon, en cet fin d'après-midi, c'est Sang-Po qui m'appelle d'un bar où il prenait un verre avec des amis près de l'Etoile. On venait de lui faucher son sac à dos. Clefs de l'appart et du scoot, papiers, Palm, fric qu'il venait de retirer à la banque. SOS Joya ! Le serrurier qui, dans un premier temps, me croit pas.... Puis, retour à la maison où j'ai un jeu de ses clefs qu'il va passer prendre en taxi. Pas oublié les sous pris en chemin pour le dépanner.

Pas cool le mois de juillet.

Conclusion qui n'a rien à voir : les SMS, j'aime bien mais c'est un peu frustrant

 
         
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J'étais persuadée, lorsque j'ai ouvert ma première page bleue, que très rapidement j'en viendrais à aborder LE sujet important pour moi. Je crois même que c'était ma motivation première. Me voilà, 8 mois après, avec tout ce bazar dans la tête qui n'arrive pas à s'exprimer.

Il y a eu plusieurs tentatives. J'ai noirci des pages que je n'ai jamais mises en ligne, que je n'ai même pas gardées, notamment lorsque j'ai évoqué la question avec Lamto. Il était juste important, à ce moment là, que je mette des mots sur ce que je ressentais au sujet du "chemin parcouru".

Dans le fonds, je crois n'avoir jamais eu la volonté d'en garder trace.

Peut-être envie que tout s'achève, également, dans le silence.

En tout cas, j'ai fini par constater que cela prenait de plus en plus l'allure d'un bilan, peut être annonciateur de l'apaisement. J'allais écrire "du pardon". Impensable ! (?)

Le fait est que je vais lâcher les derniers éclats de colère, de révolte qui m'habitent. C'est une étape difficile. Comment laisser définitivement partir ce autour de quoi je me suis construite ces années durant ? Cette colère a été, en quelque sorte, ma colonne vertébrale. Elle m'a portée. Serait-ce exagéré de dire que j'ai même tout simplement survécu grâce à elle ?

J'ai rêvé cette nuit que je regardais ces deux hommes dans les yeux.

Un ultime message que je m'adresse ?

 
         
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Le ton est monté hier, à nouveau, entre collègue S et moi au sujet d'une banale histoire de dégât des eaux. La répartition des immeubles entre nous n'est pas encore effective. Grandchef tarde à scinder le patrimoine en deux. Pour moi, cela ne pose pas de problème car je travaille, principalement, sur les immeubles en copropriété, ce qui avait été convenu dès le départ. Pour collègue S, c'est une autre affaire. Compte tenu de la masse de travail phénoménale à réaliser en copro, afin de tenter de "sauver les meubles" après le départ de notre prédécesseur, il avait été convenu qu'elle me donnerait un coup de main. Je sais qu'elle ne le vit pas très bien. Cela a déjà été à l'origine de son coup de gueule du 9 avril dernier à la suite duquel elle n'a pas évoqué clairement le problème avec notre chef. A mon grand regret. Depuis, elle rumine.

(Difficile pour moi de travailler avec quelqu'un d'aussi soupe au lait.)

Hier donc, elle a passé la journée à régler un problème de dégât des eaux dans un appartement dont les occupants étaient en vacances et dont nous n'avions pas l'accès. Gardien au fort accent, quasi incompréhensible, pompiers qui refusent de se déplacer bien que l'eau coule à flots dès qu'on remet l'immeuble en eau, voisins pas contents car, soit ils n'ont pas d'eau du tout, soit ils sont inondés, coordination de l'intervention plombier, police, serrurier afin de tenter l'ouverture d'une porte de service pour avoir accès à l'appartement .... L'opération prend un peu de retard, le plombier se barre, il faut annuler le serrurier. Le beau-père de l'occupant se manifeste, enfin, à 17h00. Il habite Clermont-Ferrand et se met en route pour être là demain. Re plombier qui, par chance, a un service d'urgence le week-end, blablabla ... Tout cela demande, je le sais bien, une zénitude hors du commun.

A un moment, elle me demande mon avis sur sa façon d'opérer et je ne peux que lui confirmer qu'elle a fort bien fait. De toute façon, elle a réussi à avoir Grandchef sur son lieu de vacances qui l'a rappelée régulièrement pour savoir comment l'opération "rescue" avançait. Elle semble sidérée que je ne marque pas plus mon admiration (?), mon enthousiasme (?), que je ne lui propose pas quoi (?) de l'aider (?) ... je ne sais pas trop mais au moment où je décroche mon téléphone qui sonne, elle est déjà partie au quart de tour, m'accusant d'indifférence, regrettant mon manque d'esprit d'équipe blablabla ... Bref ! Pour moi, l'agression totale ... je réponds donc à l'appel puis après avoir raccroché, je tente vainement le dialogue. Impossible d'en placer une. Collègue S. vide son sac. Je réalise soudain qu'elle est tout simplement entrain de s'en prendre à moi car elle a le sentiment d'avoir perdu une journée pour régler un problème très chiant qui ME revenait puisqu'il s'agit d'un de MES immeubles de copropriété. J'essaie de le lui faire remarquer mais c'est peine perdue. Retour à la case "mutisme" et cette fois-ci de mon côté également.

Je sens que je vais avoir une discussion sérieuse avec Grandchef la semaine prochaine.

Dans l'après-midi, je reçois un appel d'Ampo. Je lui manque, il souhaite que nous restions amis et que nous puissions nous revoir. De mon côté, j'ai le sentiment d'être restée sur des non-dits lors de notre conversation en début de mois et, donc, j'accepte à condition que nous ne nous rencontrions pas chez moi. Nous décidons de dîner ensemble ce soir, sa femme étant absente de Paris.

Dalba que je retrouve, dans la soirée, pour prendre un verre, me dit "casse gueule. Cet homme là, tu l'as trop dans la peau pour te contenter de son amitié". Possible. Il s'agit d'une soirée test. Je n'ai, en aucun cas, l'intention de craquer et de replonger dans une histoire qui risque de ne m'apporter, désormais, que de la souffrance. Ca, au moins, c'est bien clair.

Ce qui est moins clair, par contre, c'est la situation dans laquelle je me trouve Le concernant. Conversation de 2h30 sur YM pendant laquelle j'ai eu du mal à me situer. L'équilibre est délicat à trouver. Pas envie d'être sa confidente en ce qui concerne ce qu'il vit en ce moment. Ou plus exactement, pas envie d'en savoir trop. Pas envie de lui servir de thérapeute. Dans le même temps, j'apprécie la liberté de nos échanges, la confiance qu'il me témoigne.

Pas envie que ça devienne "prise de tête", surtout pour lui.

Pas envie d'une relation type "Idéaliste/Nathalie".

Pas envie de perdre le contrôle sur ce que je ressens tant que nous ne nous sommes pas rencontrés.

Mais toujours envie des SMS et des mails.

Toujours envie de le retrouver, de le voir sur YM.

De plus en plus envie de la matérialité.

*soupir* *sourire*

 
         
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8h00

All inner monsters are weak, frightened and alone.

Difficile de trouver le sommeil encore cette nuit.

L'amour peut beaucoup.

Encore faut-il accepter de le recevoir.