Mars 2003

   
         
         
  1er mars

Kazam ! Ce qui se passe concernant certains journaux sur la CEV me met très mal à l'aise. Je n'ai pas eu de contact avec Lamto ces derniers temps. Je ne sais pas quoi penser.

Hier soir, pas de gospel, la salle de répét. ayant subi un dégât des eaux qui a fait sauter toute l'installation électrique. Partie à 19h00 du bureau, j'avais pourtant relevé le défi d'arriver presqu'à l'heure. Tout ça pour me retrouver, le souffle court, échevelée, le nez collé à l'affiche scotchée sur la porte du local plongé dans le noir. A., que je n'avais pas vue assise à deux pas sur le petit muret, m'attendait, en discutant avec des gens de la chorale, pour me proposer d'aller diner quelque part. Nous sommes, tout d'abord, montées à la maison et après un rapide inventaire du congélo, j'ai décidé d'improviser un diner sur le pouce. "Zing !" Les papillotes de poisson avec petits légumes au four. "Pouk !" le bouchon d'un frais riesling a sauté. Nous avons trinqué en nous regardant droit dans les yeux (sinon 7 ans de misère sexuelle dit Sang-Po). Et blablabla, nous étions lancées pour la soirée ! Même la délicieuse glace au pain d'épices n'a pas réussi à ralentir le rythme. Nous avons, notamment, parlé du ouaib et des journaux intimes. Je n'ai pas résisté et lui ai fait lire les pages d'un journal qui, actuellement, me fait tordre de rire car la personne y parle d'elle à la troisième personne du singulier. L'effet est, tout simplement, hilarant (bien que je doute que ce soit le but recherché). D'ailleurs, A. aussi était stupéfaite. "Eh ben, ma cocotte" n'arrêtait-elle pas de dire. Un peu plus tard, en dépit d'un café serré, mes yeux papillotaient trahissant la fatigue cumulée cette semaine. Je lui ai pourtant bien dit au marchand de sable de ne pas passer avant minuit... Hélas, rien à faire. A. est partie en me faisant promettre que je venais dimanche faire de la marche rapide avec elle.

Ce matin, réveil aux aurores. C'est désespérant ! Pourtant, rien de particulier à faire si ce n'est un rendez-vous chez le dentiste à 10h00. Je rêve d'une grasse matinée, je rêve de pouvoir me rendormir si j'estime qu'il est encore trop tôt, je rêve, je peux toujours rêver... . Seul le dimanche matin, je trénaille au lit avec bonheur. Un vrai rituel. Café brûlant, BD, livres, journaux, lecture suivie ou précédée parfois de rêves éveillés les yeux fermés, le visage enfoui dans les oreillers. Certainement pour ça que j'apprécie autant le dimanche matin. Même si, après, y'a la "ballade de santé" au hasard des rues pentues de Montmartre.

Bon, il faut que je file. Un petit tour au marché avant le dentiste. Ensuite, moultes courses en vue de mon séjour à Londres. Sur la liste, un nouveau jean, des trainers, une petite valise à roulettes et un tas de bricoles pas bien passionantes telles que le produit pour les lentilles en dosettes etc... Il me faut aussi acheter des livres sterlings. Pfffff.... z'ont toujours pas d'euros là-bas !

 
         
  2 mars

9h00 : Hier, au travers d'une vitrine, mon regard s'est porté sur la paire de chaussures la plus exquise que je n'ai jamais vue. Délicat tissu noir et blanc rebrodé de perles dont mes doigts ont parcouru les coloris fondus. Cela semble bien futile de faire tout un paragraphe sur ces jolis souliers mais je suis ressortie du magasin avec l'iris des yeux brillant de contentement. Je repasserai bientôt car la vendeuse m'a vanté une nouvelle collection pour les beaux jours et j'y trouverai certainement mon bonheur.

18h00 : Migraine, courbatures et frissons depuis le réveil. Rien de bien méchant mais j'ai quand même trouvé le moyen de m'effondrer une heure sous la couette en début d'après-midi. L'hiver s'attarde dehors. J'en ai profité pour traîner sur le net. Toujours sur mon projet de nouvelle présentation de ce journal donc je vais voir ce qui se fait en matière de design, notamment du côté du Japon. Et puis, visite de blogs en blogs pour finir sur sos-racaille.org (dieu sait que je ne veux pas leur faire de pub mais voilà ça existe ..) et là je suis allée vomir.

Egalement traîné mes guêtres du côté du forum de la CEV. On y parle de Lamto. Peu de voix s'élèvent encore. Je n'interviendrai pas. Traîtée avec trop de dédain il y a quelque temps. Les petits esprits étriqués imaginèrent alors que les "groupies" de sieur Manu n'intervenaient que par solidarité alors que nous avions l'intérêt de tous en tête. Et vouloir nous faire taire d'un "allez les filles, ça va, on change de sujet ..." : petit !

Pub MacDo vue à la télé vantant ses engagements vis à vis de ses "partenaires" agricoles. Excellent timing puisque le Salon de l'Agriculture se tient à Paris en ce moment. L'éthique, nouvel argument de vente, à défaut de pouvoir mettre en avant leurs produits comme base d'une alimentation saine et équilibrée. Pendant ce temps, aux Etats-Unis (lu dans Courrier International), l'avocat John Banzhaf part en croisade contre l'industrie du fast-food : "les E-U sont un pays où le recours à des moyens judiciaires est souvent la seule façon d'obtenir un changement social. Trop souvent, en effet, le Congrès et le gouvernement fédéral sont les otages de puissants lobbies industriels, et l'action citoyenne seule est la plupart du temps inefficace en raison de l'étendue même du pays et de son profond conservatisme. "If you can't regulate, legitate" (quand il est impossible d'obtenir une réglementation, attaquez en justice)." La première salve contre cette industrie, il me semble, vient de végétariens qui apprirent que MacDo trempait ses frites dans de la graisse de boeuf alors que ce produit était vendu comme un "plat" végétarien. D'ailleurs, c'est curieux, j'avais entendu parler de cette histoire mais on m'avait dit que l'enrobage des frites contenait du sang de boeuf pour leur donner du goût. Y'a peut être eu plusieurs procès. Faudrait que je vérifie.

En parlant de Courrier International, je vais aller finir de lire le dossier sur l'Algérie et me réchauffer d'une tasse de thé. Pourvu que je ne couve pas une grippe, ou toute autre cochonnerie. C'est vraiment pas le moment.

         
  4 mars

Une journée banale, somme toute. Passée à la poste aux aurores pour envoyer à Sang-Po une copie du dossier récupéré chez le notaire la semaine dernière et prendre un courrier recommandé. Monop des Champs, achat des dernières bricoles nécessaires pour mon voyage et de K7 pour enregistrer "In the mood for love" de Wong Kar-wai qui passe demain sur le câble. C'est un chef d'oeuvre absolu ! Ce midi, récupéré à la boutique la paire de chaussures neuves dont un talon avait claqué juste après l'achat. Puis, filé à la banque chercher ma nouvelle carte car il y a eu "suspicion" de fraude (crainte que la banque magnétique n'ait été "copiée" dans un "distributeur"). Impossible de savoir comment ils sont mis au courant, où ça a pu se passer, rien, que dalle, que d'chique ! Mais bon, y'a visiblement qu'à s'exécuter ! La veille carte fut hachée menu menu devant moi et la nouvelle, flambant neuve, sortie de son étui cristallin pour que je la signe aussitôt. Tellement pressée que, du coup, j'ai oublié de demander à ma chargée de compte si je la payais cette nouvelle carte où si ça ne serait que pour novembre prochain, date normale d'échéance de ma précédente carte. Quelque chose me dit que je vais la payer tout de suite ! Un arrière goût de bizarre ! Recavalé au bureau. Arrivée en haut de l'escalier, je m'aperçois que je n'ai pas déjeuné et que j'ai promis à ma chef de lui rapporter un sandwich. Redescendue, fait la queue, essayé d'apitoyer le patron derrière sa caisse pour qu'il la lâche et me prépare mes sandwichs rapido. Mais bon, pffff, si même battre des cils ça ne sert plus ... c'est à désespérer. Sandwich avalé quasiment tout rond avec un coca light citron pour faire glisser le tout. Pas génial ! Reboulot jusqu'à 20h. Au moment de quitter le bureau, je vérifie s'il reste quelqu'un sinon c'est à moi de tout vérouiller. Je fais sursauter un gestionnaire qui tourne son écran d'ordi pour le cacher mais dans le reflet de la fenêtre je vois qu'il est sur un site internet. Et après, ça se plaint d'être là jusque tard et de ne pas avoir de vie privée. Morte de rire !! Je croise mon PDG qui vient de finir une Assemblée. Il s'inquiète de l'attitude des clients depuis la nouvelle du départ de notre prédécesseur et veut savoir comment je m'en sors. Je le rassure. Il est vrai que nous avons beaucoup d'appels. Plutôt normal en période de changement. Mais je crois qu'on s'en sort bien. Il me quitte sur un "On a pas fini, mon p'tit. Le terrain est miné, vous savez!". Moi je me dis "Chaque jour suffit sa peine". En rentrant à la maison, des messages sur le répondeur, quelques mails qui vont rester je le crains sans réponse ce soir. Juste le courage de grignoter un petit quelque chose, de venir raconter, ici, une journée assez banale. Ensuite, un peu de paperasses à ranger, quelques factures à payer, un peu de lecture. Mouais, une journée bien banale....

         
  7 mars

Boulot, bouleau, bout l'eau, boule oh !!!!, bow low !

Finito : )

La parenthèse s'est ouverte à 19h00 ce soir. Hum !!!! 8 jours. Bliss !!!!

Cette semaine, mon journal a été accepté sur la regleduje.net et je suis contente à deux titres. Le site est sympa et s'y retrouvent tous ceux que je lis. Tellement emballée que j'ai joué la femme sandwich. Je suis allée signaler l'existence du regroupement à des personnes dont je visite régulièrement les journaux mais qui ne sont pas à la CEV. Un peu de sang neuf, que djin ! C'est ce qu'il nous faut.

 
         
  14 mars

Le courrier est en pile nette sur la table du séjour, les sacs de voyage ouverts ont déversé leur contenu sur la moquette dans le bureau et la machine à laver oeuvre vaillamment. I'm back !

Six jours à Londres et mes tatannes et moi sommes tannées.

Que de kilomètres avalés sous un ciel plutôt clément (tantôt gris, tantôt ensoleillé, mais très peu de pluie). Les parcs de Londres débordent de jonquilles, crocus, jacintes et les arbres sont en fleurs. Devant les pubs, sur les éclairages publics, sur les bords de fenêtres, une profusion de plantes et fleurs donne un air de printemps arrivé avec un peu d'avance qui vous prend par surprise. Au moindre rayon, les londoniens se balladent en chemises à manches courtes alors que nous sommes toujours en manteau et foulard. Hélas, pas encore la saison pour un pique-nique dans Hyde Park. Nous n'y croiserons que quelques écureuils peu farouches et sportifs de tous poils. A Saint James Park, des zoizos de toutes sortes. Des petits braillards blancs et noirs qui font leur nid avec des branchages sur l'eau et des pélicans au délicat plumage rose qui se serrent en rang d'onions sur les berges. Il y a un peu plus de 1.700 parcs dans Londres, donc toujours un endroit entre paranthèse où poser une fesse. Très, très plaisant.

Pour ce qui est des musées, nous nous sommes régalées. Expo Le Titien à la National Gallery et Dürer au British Museum. Pour cette dernière, les plus avisés s'étaient munis de loupes afin de mieux apprécier la richesse des détails des nombreux dessins présentés. J'ai bien essayé de négocier un emprunt auprès d'une mamie aux joues roses, portant chemisier à petites fleurs et dentelles et jupe à carreaux mais rien à faire. J'aurais peut être du l'inviter à partager ensuite un thé au lait et des scones mais bon ... l'allait pas très vite non plus et on a fini bien avant elle.

A la Tate Gallery, Dalba voulait voir principalement les Turner. Moi, je suis restée sans voix devant une oeuvre dont malheureusement je n'ai pas noté le nom de l'artiste :

En fait, ce parquet totalement psychédélique avait, à force de le regarder, une "vie propre". Hallucinant ! Et pour avoir pris cette photo, je me suis prise un savon ! Interdiction de photographier, blablabla... "Oops ! Sorry" c'était indiqué nulle part.

Mais la palme revient 1) au British Museum : salles égyptiennes pour Dalba qui voulait absolument voir la Pierre de Rosette. 800 ans d'histoire du jade et salles africaines pour moi. Particulièrement remarquées, une couronne surmontée d'oiseaux de perles (ade ileke), des têtes en bronze (ikegobo) et des plaques venant du Bénin

(XVIème s)

et 2) au Victoria et Albert Museum : pas mal d'objets du Tibet (Tangka, mandala of Vajrasattva 16th, portable shrine 15/16th, ritual dagger 17/18th, manuscript cover 14th, mould for clay 18th, dancer's apron). Intéressantes salles japonaises : somptueux kimonos, laques, nécessaires à encens, attirails guerriers devant lesquels Dalba s'exclame "Regarde un peu les capios !", certainement du patois de sa Somme natale. Au ralenti, la galerie des bijoux et au pas de course tout le reste.... Un musée à ne rater sous aucun prétexte.

Et puis, pour finir, le Tate Modern. Bon, sur le plan architectural, je ne m'attarderai pas. Ancienne usine électrique en briques rouges. Bof ! Le contenu également me laisse perplexe. Les Braque, Picasso côtoient des oeuvres contemporaines auxquelles je ne comprends rien. Par contre, vu un court métrage absolument génial "Dimension of dialogue" de Jan Svankmajer (des Arcimboldo légumes, papiers, métaux, s'interpelant, s'entredévorant). A deux pas, en sortant, avant de reprendre le Millenium Bridge, mes yeux se portent sur un bâtiment blanc qui me rappelle quelque chose. Et pour cause, il s'agit du Globe, le Théâtre de Shakespeare. Hélas, visite guidée obligatoire pas compatible avec notre planning pour la journée. Même pas vu le Rose pas très loin de là. Mais je reviendrai et je crois même que je tenterai une pièce dans l'auguste théâtre. Et si possible avec Sang-Po.

Shopping intensif sur Oxford Street, Regent Street, King's Road, Covent Garden. Passage obligatoire par Harvey Nichols et Harrod's où Dalba, complétement baba, emprunte l'escalator égyptien. De bas en haut puis de haut en bas, elle n'en revient pas.

Les grands classiques (vus entre 11 et 13 ans et jamais refaits) : Buckingham Palace et la relève de la garde, Westminster Abbaye (grandiose), Big Ben, 10 Downing Street, Cathédrale Saint Paul (en rénovation, pas vu grand chose), Tour de Londres et Tower Bridge vu d'en bas (seuls monuments connus de Dalba), Picadilly, quartier des théâtres et Chinatown.

Pour reprendre des forces, robuste petit déjeuner. Full english breakfast, rien de moins. Ou salade de fruits à l'hôtel. Le midi, délicieux sandwichs chez Starbucks et le fameux Tazo Chai Tea Latte dont je vais m'abreuver pendant tout le séjour. Découverte d'un véritable Fish and Chips, pour Dalba, chez Rock and Sole Plaice - est. 1871 (miam, le poisson, les frites avec le vinaigre). Dîner dans un pub devant un faux feu de bois, bière et steak and kidney pie, on ne peut pas plus "local". L'ambiance est masculine et surchauffée en raison d'un match de foot. Et puis deux délicieux dîners chez Maroush sur Edgware Road. Régal de mezze, gentillesse du personnel et surtout l'aromatique café blanc libanais qui prépare si bien le sommeil.

Avant le départ, ballade dans Notting Hill, mon quartier préféré et dernières emplettes. Je craque pour l'incroyable parfum "Violetta" de Penhaligon's, des chaussettes en laine chinées japonaises, des chocolats "Bob the builder" pour le fils de Ponya et un bloc de savon "Bohemian Lemon" chez Lush.

Dans l'Eurostar du retour, Dalba, complétement HS, déclare que les chips vinaigre et sel "C'est space !" et se demande d'où me vient toute cette énergie. Ben, justement, des chips, pardi !

 
         
  16 mars

Vu "Bowling for Columbine" de M. Moore hier après-midi dans une salle d'art et d'essai près des Champs. Dans la salle, deux jeunes un peu branchouilles et un couple de personnages âgées, c'est tout. Kazam ! Ce documentaire devrait être diffusé un soir de forte audience sur une chaîne hertzienne afin de faire se remuer un peu toutes ces méninges qui se repaissent de Starac ! Mélange d'enquêtes, de statistiques, d'interviews, de dessins animés, d'images télévisées donnant de l'Amérique l'image d'un pays en plein chaos. Souvent terrifiant, parfois drôle (même si on rit jaune : scène du chien chasseur et de la banque qui offre un fusil à toute personne ouvrant un compte chez elle), gros sentiment de malaise la plupart du temps. Moore cherche à comprendre pourquoi son pays est si violent et avance plusieurs hypothèses : droit consitutionnel de détenir des armes et vente libre de celles-ci, problème de l'intégration et de la pauvreté (et solutions inadéquates pour y faire face), rôle des médias et peur de son voisin. De manière méthodique, il fait un parallèle entre l'industrie de l'armement, l'implication de gouvernements successifs, d'organisations telles la CIA dont Ben Laden a recueilli des fonds, dans les boulversements politiques de nombreux pays d'Amérique du Sud, d'Afrique etc.. ayant pour résultat la violence et toujours plus de morts. Comme si il n'y avait aucune autre option possible. Le radicalisme, l'absence de dialogue, la primauté de l'argent, le désintérêt total de l'autre, une vision des USA qui fait froid dans le dos.

Dans la série, j'ai découvert ce matin que Naomi Klein avait un site qui semble pas mal (nologo.org).

 
         
  17 mars

Sacrée surprise en ouvrant ma boite aux lettres ce soir : un petit mot de JG, mon ami new-yorkais. Il est à Paris jusqu'au 17 avril, date de son départ pour le Vietnam et aimerait beaucoup que nous nous revoyions. Il faut dire que, sans être fâchés, une distance s'était installée entre nous en raison de son très mauvais état d'esprit au moment de son divorce. Sa hargne, un peu compréhensible (on ne sort pas indemne d'un divorce à l'américaine), suivie pas de longues périodes de mutisme, avait été difficile à vivre. Et puis le temps a passé. Deux années. Je ne suis pas retournée à New-York et lui ne venant plus en France, nous n'avons pas eu l'occasion de nous retrouver. Enfin, visiblement il a tourné la page et j'ai vraiment hâte de le revoir. Dans son petit mot, juste une adresse e-mail. Donc, je lui ai envoyé un message tout à l'heure en espérant une réponse rapide. A suivre ....

 
         
  20 mars

Cette nuit, réveillée à trois heures par une crampe au mollet si terrible qu'un instant, dans le demi-sommeil, cherchant d'où venait la douleur, j'ai cru que c'était mon coeur. L'angoisse est toujours là, tapie. Je n'imaginais pas que cela puisse faire si mal et être si long à passer. Ai eu un mal fou à me rendormir et me suis levée courbaturée, fièvreuse à cause d'un méchant rhume qui me tient depuis mardi. Bon, voilà pour le bulletin "santé".

Du coup, je n'ai pas eu le courage de me joindre à la manif de protestation à la Concorde devant l'Ambassade des USA. Pourtant, ce n'est pas loin de mon bureau mais bon ... Je vais me réchauffer un petit potage et au lit pas trop tard. Je n'allumerai pas la télé. C'est la seule forme de protestation dont je suis encore capable. Je ne veux pas d'images de la guerre chez moi ce soir. Je vais plutôt essayer de finir ce livre édifiant de Philip Gourevitch ("Nous avons le plaisir de vous informer que, demain, nous serons tués avec nos familles" ou les chroniques rwandaises). Ils étaient où les redresseurs de tort pendant que les tutsies se faisaient massacrer par centaines de milliers ? Mais il n'y avait que ça là-bas : des hommes, des femmes, des enfants....

"Ecartons les faits, ils empêchent de voir la chose" Rousseau.

 
         
  22 mars

"C'est joué par des femmes et pourtant le film s'appelle les "ours" - Je comprends pas !" Rigolade et assault d'humour du vieux monsieur derrière nous dans la file d'attente au cinéma. Sa compagne, sur pilote automatique, rit dès qu'il y a un blanc. Lourdingue !! Par chance, la salle est très, très grande, et nous nous installons très, très loin.

"The hours" fait partie de ces films adaptés d'un livre que j'ai aussitôt envie de lire car je pressens que j'y trouverai bien plus que ce que j'ai vu à l'écran. Je n'ai, cependant, pas boudé mon plaisir puisque les comédiennes y jouent fort bien, notamment Julianne Moore, et les images y sont fort bien léchées. Un peu trop peut être. L'environnement de ces femmes est d'un esthétisme si lisse, si parfait. Peut être est-ce, tout compte fait, la trame nécessaire pour faire ressortir la vacuité de leur vie ?

En rentrant, sous un bien agréable soleil, j'ai proposé à A. de faire un tour au vide-grenier qui se tenait au coin de ma rue puis de prendre un thé à la maison. Je deviens une accro du "chai" au lait. A. découvre le parfum fabuleux de ce thé épicé que je sers avec quelques petits macarons aux abricots et à la pistache. Elle me confirme qu'elle a commencé à tenir son journal sur le ouaib et qu'elle va peut être demander son inscription à la CEV. Arghhhh !!!! Et elle cherche d'autres sites d'hébergement. Kazam ! Evidemment, je l'ai encouragée comme si de rien n'était. Mais bon! Ca se corse !

Il me faut, maintenant, me mettre rapido à la préparation d'une gigantesque salade d'oranges aux olives pour une soirée chez des amis qui pendent leur crémaillère. Pas de temps à perdre car cela demande de la minutie de peler des oranges à vif. Hop ! Un peu de musique et yapuka !

Trois choses avant d'envoyer tout ça sur la grande toile :

- je ne fais plus partie des "âmes pures" (?)

- michael moore a un site fort intéressant (michaelmoore.com)

- sur cyberjournalist.net : des journaux et blogs "off"de journalistes sur le terrain en Irak ou aux frontières.

 
         
  23 mars

Grognon et énervée.

Vu l'interview du père d'un des soldats morts dans l'un des accidents d'hélicoptères en Irak. Cet homme, au visage ruisselant de larmes, tendait une photo de son fils vers la caméra en criant "Bush, tu m'as pris mon fils unique. Mon seul fils". Son fils était soldat. Un soldat de métier. Il avait choisi d'exercer dans l'armée et il était soutenu par 70 % de ses concitoyens ; son président l'envoyait accomplir un mandat divin.... pourquoi toujours pleurer après ? une fois qu'il est trop tard ?

L'Amérique, glorifiée par ses médias, est entrain de sacrifier ses enfants dans l'intérêt de l'humanité. Parmi ceuxi-ci, combien de rêveurs qui y croient ?

Hier, dans le film "The hours", V. Wolf explique pourquoi il y aura fatalement un mort dans son livre. Pour que les autres aient d'un seul coup une conscience plus aiguë de leur propre existence ou quelque chose d'approchant. Intéressant parallèle. N'est-ce pas aussi un peu ce qui est entrain de se passer sous nos yeux ?

 
     
         
  25 mars

Aujourd'hui je demande à la standardiste de m'aider et notamment de préparer une enveloppe pour un organisme officiel situé rue Desaix à Paris pour trouver dans la corbeille "courrier", deux heures après, ladite missive adressée Rue des Sexes.... Il m'a fallu un certain temps pour m'en remettre ....

A la maison, en rentrant, j'ai trouvé un message de JG sur mon répondeur. Nous dinons ensemble dimanche soir. Et puis, près du lit sur lequel allongée je discutais au téléphone avec Dalba, la cravate qu'Ampo a oublié hier soir.

Ampo .....

Chaque soirée passée avec lui s'établit sur un tempo différent et j'aime, par dessus tout, qu'il n'y ait pas un schéma type des moments que nous partageons. Parfois nous prenons un thé et nous bavardons. Il peut se passer une heure avant qu'une main s'attarde sur une autre main ou qu'une pluie de baisers vienne ralentir le rythme de la conversation. Et puis parfois, c'est à peine franchi le seuil de ma porte que, d'un regard, nous prenons conscience de notre désir, que les vêtements volent, que mes mains fiévreuses s'acharnent sur les minuscules boutons de sa chemise et que les siennes glacées s'évertuent à dégraffer un soutien gorge ravissant qui voudrait bien que l'on remarque sa joliesse avant de l'envoyer s'exiler sur le bureau, sur une chaise, bref là où il atterrira.

Hier soir, fut un de ces soirs "au ralenti" qui ne débuta pas par la case "thé" mais par la case "entrée" où nous sommes restés à nous embrasser et caresser comme des ado de 16 ans sous une porte cochère. Ce fut donc une soirée "douceur" où le temps donné à chaque geste l'exacerbe et où Ampo s'impose plus à moi afin de conserver ce rythme lent alors que j'aurais tendance à me servir de mes hanches, de mes mains, de ma bouche pour l'accélérer. Mais il ne se laisse pas faire, il rit, me caresse le cou, les oreilles, le visage, maintient mes mains dans les siennes. Il oeuvre tout doucement afin de m'amener à la perte du contrôle, à ce que je m'abandonne à lui totalement et alors, seulement, il se laisse entrer dans la danse. Enfin, ce fût ainsi hier soir. Mais notre relation est un jeu de pistes qui se renouvelle à chaque retrouvaille comme si un djin malicieux s'était donné pour mission de brouiller les chemins afin que nous en découvrions de nouveaux à chaque fois.

 
         
  26 mars

Ma belle-mère m'appelle tout à l'heure pour me remercier de ma carte d'anniversaire et me faire un petit compte rendu de la soirée, donnée dans le moulin de Venke samedi soir, à laquelle je n'ai pu me rendre.

Un regret, le frère de "parrain coquet" était présent et j'aurais pris grand plaisir à le revoir. Parrain coquet, ami d'enfance de mon père, qui me faisait tant rire lorsqu'il m'emmenait enfant au zoo du Jardin des Plantes et imitait tous les animaux que je lui désignais. Lui qui m'a laissé coller mon nez sur les vitres du vivarium plein de serpents alors que maman aurait poussé les hauts cris. Lui qui m'a poussé des heures sur les lourdes balançoires en fer vert du jardin des Tuileries. Lui qui s'asseyait à côté de moi, sa grande carcasse pliée en 4 sur les petits bancs, au guignol (et je sais bien qui des deux criait le plus fort, sa grosse voix sortant de sa barbe faisant se retourner les petites têtes blondes devant nous). Lui qui m'a fait découvrir Jules Vernes et l'art de la photographie dont il était féru. Mon cher et tendre parrain trop tôt disparu.

Et de fil en aiguille, en parlant de lui à ma belle-mère, cette dernière m'apprend que sa petite fille de Dallas sera baptisée au mois d'août prochain à Sainte Clo et que C. a choisi papa comme parrain. Je trouve que c'est une excellente idée et bien sûr je serai là. Papa prend le téléphone pour m'annoncer qu'il sera parrain également, au mois de juin, du fils d'un couple d'amis. Et puis, il m'apprend que le frère de mon parrain vient d'être grand-père pour la première fois, blablabla... je sais ce qui va suivre. Il finit par sortir son affreux petit couplet "Et moi, je ne suis toujours pas grand-pèèèèère.....". Quoi dire ? Parfois quand il insiste lourdement, souvent à l'occasion de repas familiaux, une colère froide me prend et je lui réponds que la vie ne lui donnera pas toujours ce qu'il souhaite ou qu'être grand-père n'est pas un droit. Il m'est arrivé de sortir de table pour ne pas avoir à répondre quoi que ce soit. Il m'est même arrivé de le faire pour cacher une larme et me ressaisir. Je pense que si mon père avait connaissance de cette partie de ma vie, que je ne lui ai pas révélée, il arrêterait de parler de la sorte de son désir d'être grand-père. Mais je n'ai jamais réussi ou voulu lui en parler. Je pense qu'il serait sincèrement touché.... une heure. Et puis, son envie d'être dans la "norme" redeviendrait la plus forte (il est le seul de tous ses amis à ne pas être grand-pèèèèèère de sang, comme il dit, car, dans ce cas là les petits-enfants de ma belle-mère, qui le considèrent comme leur grand-père, ne comptent plus) et il continuerait à espérer en lorgnant du côté de Sang-Po. Et au prochain repas familial, il reprendrait son petit couplet .... Enfin, je crois .... La solution serait de prendre sur moi et de ne plus y prêter attention... Il faut croire que c'est un sujet qui m'est encore un peu sensible. Et puis son égoïsme et son manque de sensibilité m'énervent ........parfois.

 
         
  30 mars

Bien contente de moi car j'ai réussi à installer le logo de la Règle du Je sur ma page d'accueil sans faire trop de dégâts. Enfin ... a priori. Euh .... Il restait en bas de la page "journal" le menu avant ? Me souviens plus !

Excellente journée quand même. Printanière et tout et tout. Lunettes de soleil, arbres en fleurs et brunch à la terrase du Pain Quotidien où je me régale de cramique et sirop de Liège. Puis vu "Chicago" au cinéma, film distrayant au rythme enlevé.

JG est arrivé à la maison vers 20h00. Embrassade comme si nous nous étions quittés il y a une semaine. Les grands bras enveloppants, les mains qui tapotent, à l'américaine, mes omoplates, les joues râpeuses si familières. Il rentre d'une ballade à Fontainbleau et demande à prendre une douche rapide. Nous voilà, comme il y a 10 ans, lui faisant mousser le savon sous les volutes d'eau chaude, moi assise sur la moquette dans le bureau, à bavarder.

Il nous faudra trois heures pour résumer trois ans de nos vies. Lorsque je lui parle du décès d'Amala je suis surprise de constater qu'il n'est pas au courant. C'est pourtant l'un des derniers messages laissés sur son répondeur. Il m'explique qu'à l'époque Judy, son ex-femme, les effaçait souvent sans les lui retranscrire. Judy, dont il est aujourd'hui divorcé et avec laquelle il a, enfin, fait la paix. Mystérieuse Judy qui, à chacun de mes 5 voyages là-bas, a tout fait pour m'éviter et dont, pourtant, j'ai toujours pensé qu'elle pouvait devenir une amie. En vain.

Toujours adepte du système de colocation, il partage actuellement un appartement avec une jeune femme dans le 15ème arrondissement, pas très loin d'un restau dont il vient de reprendre la direction. Il m'avoue redécouvrir Paris, en être tombé amoureux. Il revit tout simplement. Il oublie New-York et son rythme frénétique dont il a essayé, toutes ces années, de se protéger sans trop de succès. Il a le sentiment d'avoir vécu comme un boulimique pendant dix ans. Boulimie de boulot, de fric, de bouffe de mauvaise qualité, de culture facile et de sexe sans âme. Le bilan, pour le moment, est un peu amère. Sauf sur le plan professionnel et financier. Bizarrement, tout ce à l'aune de quoi il ne voulait surtout pas mesurer sa vie avant .... Soeur Thérésa et les trottoirs de Calcutta sur lesquels il prenait soin des lépreux, les rasait, sont loin ....

Nous nous sommes quittés fort tard sur la promesse de reprendre nos sorties café-théâtre, concert, cinéma et puis j'attends mes massages shiatsu... à recevoir sans modération et peut être à apprendre également.

 
         
  31 mars

Blocage sur la page bleue ce soir. En me connectant, j'avais envie de parler d'un tas de choses et puis ... pffff .. plus rien.

J'ai pourtant eu une conversation très intéressante avec l'un de nos copropriétaires qui a occupé un poste important au sein d'une société française présente en Irak en juillet 58 au moment du renversement de la monarchie par le Général Kassem. "Je vous le dis, Mademoiselle Joya, ce sont des vrais durs ces irakiens. Les reverbères pliaient et se cassaient sous le poids des cadavres. Je l'ai vu de mes yeux". Mais j'ai pas envie de parler de l'Irak et de la guerre. Je ne suis toujours pas les "événements" à la télé. A peine ai-je lu Courrier International dimanche. Seule la chronique de Frappat dans La Croix m'a intéressée, surtout son analyse du terme "coalition" employé à tour de bras, bien à tort.

Mais nan ... Rien à faire. Pas de fluidité ce soir. Autant m'arrêter là.

Ah, si ! Monsieur mon lecteur, tu me racontes l'histoire d'AD à Moscou.

Quand tu as une petite minute ou une grande demi-heure ; )

23h40 : je suis écroulée de rire. Je viens de faire un essai de connexion à la RDJ à partir du logo installé sur ma page d'accueil et c'est la cata..... rien à faire, je suis vraiment pas douée. Bon, yapuka à attendre que mon service après vente préféré, à savoir Sang-Po, passe à la maison. Lamto, je suis désolée : ))))