Novembre 2002

   
         
  1er novembre 2002      
  Je me suis faite traitée de "couille d'anguille" aujourd'hui. Kazam ! Même le Capitaine Haddock aurait pas osé !  
  Pour contrer un triste temps de Toussaint, j'ai allumé des bougies partout et j'en ai choisi une tout particulièrement (une veilleuse mexicaine) pour la mettre devant la photo d'AMALA. J'aimerais que cette flamme qui se dresse scintillante lui parvienne comme un message d'amour.  
  J'ai commandé un chrysanthème mordoré comme l'année dernière en pensant à toutes les fleurs dont AMALA s'entourait. Il y en avait toujours là où elle se trouvait. Dans le même temps, je m'interroge sur ce geste car je ne pense jamais à sa tombe et c'est un lieu qui ne représente rien. Cette tombe n'a eu de sens que le jour de l'enterrement, le jour où nous lui avons confié son corps. Je n'y suis retournée qu'une fois, l'année dernière avant que les relations avec G. ne se détériorent, et je n'ai rien ressenti.  
   AMALA n'est plus là, en Normandie. AMALA n'est tout simplement plus là.  
     
  4 novembre 2002  
  Son regard, en entrant dans mon bureau, je le prends de plein fouet. Je le soutiens, je le garde. M. m'apprend que son neveu, atteint de leucémie, a attrapé un streptocoque doré et qu'il peut plonger à tout moment compte tenu de sa faiblesse. Il suffit que ce virus attaque un organe vital et … Pour la première fois elle a un doute. La mort est là qui rôde et toute sa famille perd pied. Depuis bientôt un an, cette collègue se confie à moi. C'est lourd. Cependant je n'ai jamais songé à lui tourner le dos. Je sais vers quel chaos elle se dirige. Je connais ce chemin. J'espère que mes encouragements, mes paroles lui sont d'une quelconque aide.  
     
  6 novembre 2002  
  Le baiser "car wash", je déteste.  
  Ce baiser arrivé par surprise. Cette langue qui s'impose et semble s'être fixée comme but de masser les gencives, vérifier la présence des amygdales et aspirer la langue ne pourra jamais éveiller la moindre émotion. Voilà donc cet homme que je n'ai croisé que 10 mns à la fin d'une soirée et qui, gentiment, m'a proposé de me raccompagner chez moi (mais je soupçonne fort M. d'avoir "préparé" le terrain) tout surpris, tout gêné de ma réaction. Beurk ! Enfin, rien de grave. Il s'est excusé, la main qui tenait toujours mon sein droit s'est retirée. Je devais avoir des yeux écarquillés comme des tasses et ils devaient lancer des éclairs car il a reculé en bafouillant un vague bonsoir en renouvelant des excuses. Pas plaisant. Et non je ne prends pas ça pour un compliment.  
     
  7 novembre 2002  
  C'est en lisant "Se perdre" d'Annie ERNAUX que l'idée s'est imposée. Son histoire est certes différente de la mienne mais elle m'a renvoyée au vide de celle que je partage avec Q. Ce qui était vécu, jusqu'à l'incident du 14 août, comme un jeu léger et délicieux est devenu une histoire banale et vide de sens.  
  Lorsqu'il est arrivé, ce soir, mon corps devait déjà parler un autre langage car il a marqué un temps d'arrêt en me scrutant. Il m'a embrassée, essayant de m'entraîner dans le désir que nous avons d'habitude l'un de l'autre. Je lui ai juste murmuré à l'oreille "Rappelle toi ce que je t'ai dit en septembre. Et bien, nous y sommes".  
   Pas besoin d'en dire plus. Il a compris.  
  Nous avons discuté, en prenant un thé, sur ce que cette liaison nous a apporté à tous deux. Il m'a assuré respecter mon choix même s'il le regrette.  
  Je craignais qu'il ne me fasse les mêmes déclarations qu'il y a deux mois lorsque, si maladroitement, il a voulu me prouver qu'il m'aimait. Peut être que ce qu'il a voulu partager avec moi, ce fameux soir, cette mise à nu de ses sentiments qui m'avait semblée si cruelle car laissant entrevoir ce qui ne serait jamais, a contribué à ma prise de décision. C'est même certain. Voilà. Dans notre histoire, les sentiments n'auraient jamais dû devenir importants. Mais comment cela aurait-il pu être possible ?  
  Ce que nous n'avions pas envisagé, également, c'est la durée. En tout cas, je n'avais pas envisagé que 18 mois puissent passer ainsi car lui, visiblement, envisagerait de continuer cette vie parallèle sans difficulté.  
  Enfin, il y a une chose que je ne lui ai pas dite ce soir même si je pensais le faire car nous en avions déjà parlé. Je ne serai jamais capable d'avoir une "double vie" comme lui.  
  Ma liaison avec Q m'a permis de comprendre très clairement ce que je ne veux plus et de façon un peu plus définie ce que je veux.  
  Etant incapable d'envisager une autre relation en laissant une place à Q dans ma vie, je dois tourner la page.  
     
   11 novembre 2002  
  Cette nuit, Zami, que j'appellerai ici LAMTO, et moi avons passé plus de 7 heures en connexion directe. Waow !  
  Quel chemin parcouru en quelques mois !  
  Il y eut, tout d'abord, la lecture de son journal sur le net puis l'envie de connaître la personne derrière ces écrits qui me faisaient rire, m'interroger ou parfois râler. Un échange de mails s'ensuivit et les sujets devinrent de plus en plus personnels.  
  Peut être l'anonymat a t'il facilité l'échange au tout début, mais ce dont je suis sûre c'est qu'il aurait été le même si LAMTO avait été une femme car il n'y a eu aucune tentative de séduction dans ma démarche. Je ne sais pas trop quand la séduction a pointé le bout de son nez.  
  Peut être lorsque nous avons échangé nos photos.  
  Enfin pouvoir mettre un visage sur le prénom de cet homme.  
  Ce fut une étape importante car en révélant nos visages, nous nous faisions confiance mutuellement. Ce fut aussi un moment de surprise et d'émotion. Et c'est devant l'émotion ressentie que j'ai réalisé que quelque chose se passait sans bien pouvoir le définir.  
  Passer à l'étape suivante, pourtant évidente, hier soir, de nous voir tous les deux simultanément par le biais de la caméra, en a été d'autant plus troublant. Il m'a fallu, d'ailleurs, un bon moment pour l'oublier, la caméra. Mais cela s'est fait car j'ai passé plus de temps à le regarder qu'à surveiller l'image qu'il recevait de moi. Je l'avoue, je l'ai dévoré des yeux. Après tout, nos précédents échanges ne faisaient appel qu'à l'esprit et j'avais besoin de rattraper le temps.  
  Fragmentation est le terme qui me vient spontanément quand je pense à LAMTO : esprit, visage, voix. Toutes ces pièces du puzzle à mettre ensemble pour trouver la réalité. Exercice difficile.  
  Expérience totalement nouvelle qui demande une capacité d'adaptation à chaque étape.  
  Aujourd'hui quand je pense à notre rencontre et à la part de magie qu'elle comprend, je me dis "cadeau de la vie".  
  PONYA, une des rares personnes à qui j'ai parlé de LAMTO, a conclu en disant que ce n'était que virtuel. Curieuse, je suis allée vérifier la signification de virtuel dans un dico : qui n'est pas réalisé, potentiel. Oui, c'est toute notre histoire. Je ne crains absolument l'adjectif.  
  Et je suis totalement confiante puisque nous avons su nous adapter simultanément à chaque étape jusqu'à présent.  
  En tout cas, ce qui s'est passé cette nuit, cet échange fluide, agréable rend LAMTO bien plus présent dans ma vie.  
     
  15 novembre 2002  
  Hier soir, nouvelle discussion avec LAMTO. Il comprend l'idée du sas qui m'est nécessaire pour effacer de mon esprit tout souvenir de Q et aborder sereinement la suite. Lui le souhaite également parce que l'idée de notre rencontre doit encore faire son chemin.  
  Je lui ai posé une question qui a eu l'air de le surprendre. Avait il envisagé que nous ne nous rencontrions jamais? Après tout, nous (ou l'un de nous) pourrions décider de ne jamais nous rencontrer. Soit rester des amis ne communiquant que par mails, soit arrêter nos échanges et ne garder que le souvenir d'une belle rencontre comme cela peut arriver parfois dans la vie.  
  J'espère sincèrement que cela ne sera pas le cas.  
  Ce soir SANG-PO vient m'aider à créer mon site afin que je puisse mettre mon journal en ligne. Je lui fais totalement confiance et sais qu'il ne le lira pas.  
  J'ai hâte de voir le résultat car en fait j'ai laissé tomber la première ébauche de ma page de couverture pour me laisser guider par le rêve de la nuit dernière. A mon réveil, j'ai rapidement griffonné les images qu'il m'en restait pour arriver à ce que j'espère pouvoir réaliser avec SANG-PO. Je m'inquiète juste du choix des couleurs et de la netteté de l'image car mon ordinateur n'est pas une foudre et je souhaite que la page soit rapide à ouvrir. Bon ! On verra…  
     
  20 novembre 2002  
  Cours de communication de 19h30 à 22H00, après une journée de travail super speed parce que "petit chef" est absente deux jours. Je ne sais pas où mes petits doigts trouvent l'énergie pour clapoter sur le clavier. Il faut aussi que je pense à aller vérifier mes mails car j'ai remporté des enchères sur Ebay.  
  Petit bonheur en rentrant, tout de même : une lettre de la responsable du TCV. Ils ont reçu le dictionnaire que j'ai envoyé de Londres et TSERING va bien. Il étudie toujours bien à l'école et il est en bonne santé. Super !  
  Il faut absolument que je remette la main sur le livre de Tintin au Tibet en tibétain que j'ai acheté cet été pour le lui envoyer rapidement.  
  Règle de base dont il faudra que je me souvienne pour mon prochain appart s'il doit y en avoir un : ne pas habiter dans un immeuble que je gère. Hier soir, vers 21h00 alors que je suis sous la douche, coups de sonnettes intempestifs à ma porte. L'interphone n'a pas sonné, j'attends personne et je n'ai vraiment pas envie de répondre. En sortant de la douche, j'entends un conciliabule sur le palier, donc y a pas le feu et la personne qui a sonné n'est pas seule. Je me prépare de quoi dîner et hop re-sonnettes. Merde ! Je suis certaine qu'il n'y a pas urgence, ça attendra demain.  
   Cet après-midi, donc, ça n'a pas raté. Appel du voisin du dessus, m'expliquant qu'il y a eu une émeute dans l'immeuble hier soir (mais ne se vante pas d'avoir sonné chez moi et se garde bien de me dire qu'ils n'étaient que 3) car le nouveau système de sécurité installé sur la porte d'entrée (une ventouse résistant à 600 kgs de poussée) fait que sans la gâche du milieu, qui a été neutralisée, le battant ouvrant a un peu de jeu dans le bas quand on pousse sur la porte fermée. Grrrr…..  
  Zen. Totale relaxation. Ze ne m'énerve pas.  
  Petite explication technique qui visiblement ne l'a pas convaincu, le voisin. Et j'en profite pour lui rappeler qu'il peut me glisser un mot dans la boite aux lettres comme ça il n'a pas à m'appeler au bureau. Moi, je le rappellerai du BUREAU pas de CHEZ MOI. J'espère que le message est bien compris. En fait, il n'y a que les occupants de 3 appartements qui ont tendance à me mettre le grappin dessus dès qu'ils le peuvent. Moi, je passe mon temps à les éviter… Pénible !  
     
  21 novembre 2002  
  Depuis deux jours, nous avons des problèmes de standard. Les clients ne peuvent nous joindre ou se perdent dans les dédales d'une messagerie vocale qui n'est pas sensée exister. D'ailleurs, les messages que certains ont pu nous laisser, personne ne les a écoutés car nous ne savons pas où ils atterrissent. Evidemment, nous avons droit à une avalanche de fax ou mails incendiaires et certains locataires, voire propriétaires, se sont déplacés en désespoir de cause, pour nous voir sans pouvoir prendre rendez-vous. Un vrai capharnaüm.  
  Zen…..  
  Moment de détente bienvenu pour mes collègues, vers 16h00, avec le passage du facteur venu nous présenter ses vœux et ses beaux calendriers. La porte de mon bureau est entrebaîllée. Encore une occasion pour moi de moqueries intérieures. Oh ! Les jolies chiots ! Oh…. Les jolis minous !!!! J'entends plus particulièrement B. (un vrai cliché de la secrétaire cette sacrée B) s'esclaffer "C'est qu'est ce que j'viens d'y dire ! Prends les chiens !" et "C'est moi qui est barge ou quoi ? Ch'prends les deux mêmes !". Ca a duré une demi-heure, le facteur (un joli billet en poche) est tout détendu et heureux de cette cour jacassante. Moi, je regrette juste de ne pouvoir enregistrer les dialogues. Quoique, je me demande. On doit pouvoir entendre les mêmes dans tous les bureaux de la capitale.  
  Ce soir, soirée tranquille et sympathique avec DALBA. Comme tous les ans, bazar de Noël chez les Franciscaines Réparatrices de Jésus-Hostie (si, si) et nous dînons sur place. C'est notre B.A. de l'année, arrosée d'une bonne bouteille de Bourgueil. Surtout pas de Beaujolais que je n'apprécie que moyennement.  
  Echange des dernières nouvelles car nous ne nous sommes pas vues depuis mon anniversaire où je lui avais annoncé ma décision d'arrêter de voir Q. DALBA s'amuse toujours des péripéties de ma vie amoureuse qui, pour elle, restent un mystère. Et pourtant je n'ose pas lui en donner tous les détails comme je le ferais avec PONYA. Il y a des choses qu'elle ne comprendrait pas. Je ne lui ai parlé que très peu de LAMTO car je pense qu'elle me mettrait tout de suite en garde, effrayée à l'idée qu'il soit un psychopathe en mal de victimes.  
  Bien, je vais me faire une petite tisane ou "pisse-mémé", comme le dit si joliment SANG-PO, avant de me coucher. Pas de lecture ce soir. Trop tard, trop fatiguée.  
  Sur le répondeur en rentrant, trouvé un message de la personne qui dirige la chorale (enfin, quand elle peut). Confirmation qu'il y a bien répétition demain soir. Super ! Mais m'étonnerait qu'on soit prêts pour Noël….. Il faut que je vois avec le choriste à la voix de Barry White les coordonnées d'un autre groupe qu'il songe rejoindre et qui est tout près de chez moi.  
  Night, night.  
     
  24 novembre 2002  
  Ce matin, farniente. Café au lit. Tout autour de moi, les journaux et magazines achetés ces deux dernières semaines que je n'ai pas eu le temps de lire.  
  Interview intéressant de Luc FERRY dans ELLE. Il y exprime une vision de la vie qui colle tout à fait à ce que je pense. "La vie réussie est celle qui fait coïncider harmonieusement en elle la plus grande diversité possible d'expériences". Laisser se superposer la variété d'expériences que les événements d'une vie offrent mais également la variété d'expériences que la curiosité, l'envie d'apprendre nous fait rechercher. L'harmonie peut parfois faire défaut mais, globalement, c'est un chemin de vie qui me convient bien.  
  Grand plaisir de pouvoir enfin me plonger dans le Hors Série de GEO "Le Monde dessiné par les plus grands". Premières pages lues, évidemment, TANGER par DUPUY & BERBERIAN. Cette façon très personnelle de rendre l'atmosphère d'une ville, d'en reproduire les scènes de vie quotidienne sur lesquelles ils semblent avoir porté un regard bienveillant me plait. Cela m'a rappelé le carnet de voyage sur New York de Ruben TOLEDO dans lequel, du coup, je suis allée me replonger.  
  En tournant les pages, mes pensées se sont portées naturellement sur JG dont je n'ai plus de nouvelles maintenant depuis un an. Quelle tristesse ! A t'il enfin divorcé, en a t'il fini avec cette sordide histoire qui l'a totalement bouffé au point de le couper de C. et moi, ses meilleurs amis ? J'appellerai C. cette semaine. Peut être, malgré tout, a t'il su garder le contact. Je l'espère. J'enverrai de toute façon une carte à l'adresse de Judy pour Noël. Une façon de lui tendre la main car il me manque. Son amitié me manque.  
  Je vais rejoindre DALBA, exceptionnellement là ce week-end, pour un brunch. Il fait soleil, un de ces soleils pâles d'hiver qui poudre les immeubles d'or. Je pense que nous irons nous balader ensuite. Comme ça, je ne serai pas tentée de me connecter dès le début de l'après-midi. Ben oui, vu mon ophtalmo vendredi. Pas content car ma tension monte à 24, ce qui est beaucoup trop. Me recommande moins de temps devant mon écran et me demande de suivre un traitement (gouttes) pendant 3 mois. Mouais ….  
  M'enfiche, m'empêchera pas de retrouver LAMTO en fin d'après-midi : ).  
     
  27 novembre 2002  
  Cet après-midi mon portable a sonné et mon cœur a fait un bond. Stupide ! Pourquoi ai-je pensé à lui ?  
  Ne plus voir Q, avec lequel j'ai partagé une relation très charnelle, ne se fait pas sans mal. Nos après-midi passés ensemble, isolés de tout, ces parenthèses d'abandon et de plaisir restent un délicieux souvenir.  
  Je ne peux pas dire qu'il y ait manque mais déjà un peu de nostalgie.  
  Et puis, bizarrement, le temps passant, je ressens aussi de l'incompréhension lorsque je pense au couple que Q forme avec sa femme. Il m'aura fallu 18 mois pour penser un peu à elle ….  
  Pourquoi cet homme est-il incapable de communiquer, de partager ses émotions, ses sentiments avec la femme avec laquelle il a choisi de vivre, d'avoir un enfant et qu'il dit aimer. Comment se fait-il que j'ai été la première à savoir, il y a un an exactement, qu'il venait d'être nommé directeur de son agence alors que sa femme l'a appris un mois plus tard ? Comme se fait-il qu'il ait partagé avec moi tout ce qu'il a ressenti au décès de son père, des choses lourdes, difficiles dont il avait besoin de parler, et dont elle ne saura jamais rien.  
  Je ne l'envie pas cette femme. Je la plains même. Elle est entrain de passer à côté de l'homme avec lequel elle vit et dont elle ne soupçonne pas ou a oublié certaines facettes de la personnalité.  
  Et je n'envie vraiment pas leur vie. Leur projet commun : finir de payer le crédit de leur appartement et élever leur fils. Pas d'attention l'un envers l'autre, aucune réflexion sur leur vie sexuelle défaillante, pas de communication, le silence s'est installé implacablement…. Deux adultes, un enfant, pas vraiment malheureux mais…  
  Je ne pourrais pas rester là simplement spectatrice d'une telle vie ainsi qu'il le fait avec fatalisme.  
  Bon ! Passons à autre chose. Nouvelle du jour importante : PHILIPPE a donné sa démission et toute la petite famille part mi-janvier en province où les attend une nouvelle vie. Cela me permettra juste de respecter la tradition de Noël et d'emmener une dernière fois Céleste, Lucille et Angèle voir un dessin animé au Rex.  
  Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à quitter Paris ?  
     
  29 novembre 2002  
  Hier soir, en rentrant de l'ASIEM, j'aurais voulu avoir le courage de livrer toutes mes émotions en direct. Hélas, trop fatiguée en raison de nuits très courtes toute cette semaine.  
  Le spectacle, organisé par FRANCE TIBET avait pour but de faire connaître une troupe de danseurs et chanteurs, tous amateurs, venus de la région du KHAMS. Courte présentation des activités de FRANCE TIBET puis quelques mots du représentant du BUREAU DU TIBET A PARIS, Monsieur BASHI, et le rideau se lève révélant 9 personnes en costumes traditionnels totalement pétrifiées. Ce ne sont pas des pro, c'est la première représentation et ils n'ont répété que 3 mois dans une petite chambre de service. La salle pleine, à la joie des organisateurs, fait entendre à chaque chanson des applaudissements de plus en plus chaleureux pour les encourager. Petit à petit, quelque chose passe entre eux et nous. Ils nous chantent leurs montagnes, leurs chevaux, le Dalaï Lama, tout ce qui fait l'âme tibétaine et oublient leur trac. Les voix s'élèvent, les corps se délient, les sourires deviennent plus naturels, la joie de se trouver là à faire revivre leur tradition, ensemble, devant un public qui les apprécie les fait vibrer, les libère. Leur plaisir de chanter et danser et notre plaisir à les regarder est palpable notamment lors du dernier chant "Tashi tashi".  
  Vient ensuite l'hymne tibétain pour lequel nous nous sommes levés malgré un certain flottement aux premières notes, les "officiels" ne bougeant pas. Une vague d'émotion passe sur la salle. Sur la scène, neuf tibétains, neuf exilés ayant juste à nous offrir leurs chants et leurs danses afin que nous ne les oublions pas.  
  Et puis, un tonnerre d'applaudissements, des larmes, des rires….  
  Pendant quelques instants, je visualise un fil d'or me reliant à TSERING afin de le rendre plus fort et plus fier de sa culture.