Novembre 2004

 
         
         
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Lorsque son "non" a retenti hier soir, j'ai eu le sentiment qu'on me portait un coup au ventre. Un simple "non", un "non" que j'aurais pu entendre sans ciller il y a encore quelque temps. Mais cette nuit, je me suis retournée dans le lit, la gorge serrée, consciente que si j'ouvrais la bouche à cet instant là, un flot de larmes surgirait aussitôt. Une émotion forte dont ce matin j'ai encore le coeur gros. Et tout ça, en réalité non pas pour un "non" qui me rend un peu triste mais parce que cet instant précis, cette nuit là comptait peut être un peu plus que les autres, ce que je ne lui ai pas dit. Je me sens terriblement égoïste, seule dans mon projet, je m'en veux de perdre cette légèreté là-dessus. Et ma réaction me fait vraiment peur à cause de la tension qui pourrait en naître entre nous deux. Et ça je ne le veux pas.

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Cavalcade de jours qui ne laissent ici que quelques échos.

Depuis le début du mois, vu au cinéma "Un long dimanche de fiançailles" (apprécié pour la richesse des histoires parallèles et les personnages "secondaires"); "Mondovino" (mondialisation, unification du goût, stratégies de marché c/terroire, vin consensuel au léger goût de vanille qui peut être mis en bouteille aux quatre coins de la planète c/ découverte par les consommateurs des terres et des saveurs qu'elles portent) ; "Crime en tête". Vu les expos "Le Monde selon H.R. Giger" cauchemardesque et fascinant à souhait et "Pharaon" à l'IMA (particulièrement aimé les fragments de lambris du Palais de Qantir et autres pièces de décors muraux et leurs douces couleurs déclinant les bleus et les verts). Vu "A part ça la vie est belle" avec J.J Vanier à l'Européen qui nous a bien fait rire. Ai découvert un excellent petit restau de quartier rue des Martyrs où se déguste une succulente cuisine de famille, un endroit où je vais certainement prendre des habitudes.

Dernière soirée d'anniversaire demain. Après le dîner indien avec Dalba, le dîner ci-dessus avec ChagsBral, dîner familial chez moi. Au menu : aubergines farcies et petite salade, pintade forestière aux morilles, sauce porto, girolles sautées et poêlée de légumes verts, fromages puis mon délicieux fondant aux marrons, le tout arrosé de champagne puis Saint Emilion (château Vieux Rivallon 1997 découvert grâce à mes voisins du 2ème). Voilà.

 
     
         
 
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Parfois le bonheur, c'est simple comme un air des Skatalites joué par un groupe à la sortie du métro à Saint Germain des Près,

..... simple comme "Playlist" de Berbérian offert par ChagsBral,

..... simple comme un petit bouquet de roses trouvé à ma place en arrivant au bureau,

..... simple comme la gentillesse du restaurateur indien qui me fait rapporter du Bengale des grigris pour moi et les miens,

..... simple comme la préparation d'une escapade à deux dans le Nord où nous aurons en plus le plaisir de dîner avec un ami et sa femme,

..... simple comme l'odeur d'un gros savon portugais au pamplemousse sous une douche brûlante,

..... simple comme le plaisir de fouler un tapis de feuilles brunes, ocres ou rouges, en profitant des derniers rayons de soleil du jour,

..... simple comme une chanson choisie au hasard sur l'album "L'année du Singe" et chantée en coeur avec Aldebert.

Ma vie, en ce moment, ressemble fort à une "multi-vitamines de sentiments",

Et me dope.

 
       
 
         
  12/13

J'ai retrouvé la ville de Lille avec plaisir même si le temps était bien moins clément que lors de ma première visite il y a quelques mois. Enfin, je parle du vieux Lille parce que très honnêtement, je n'ai rien vu d'autre. Mais quel charme.

Après avoir déposé nos affaires à l'hôtel, nous sommes allés déjeuner au Pain Quotidien pl. Rihour. Grande assiette composée italienne, tartines, pas de dessert mais des cafés et surprise ... un "noisette" là-bas n'est pas un petit crème mais un lait mousseux aromatisé à la noisette. Erreur réparée gentiment par notre serveuse toute de sourire. Nous flânons le long des rues pavées de la vieille ville, sans oublier de passer par Meert pour faire provision de gaufres, jusqu'à la rue de la Monnaie. Il "crachouille" un peu mais nous profitons d'un banc devant l'oeuvre de Buren "Ronde de Nuit" pour déguster nos parts de tarte juste achetées dans une pâtisserie au charme suranné, "Le Lion d'Or". Aussi délicieuses que dans mon souvenir. Une sorte de flan mousseux sur morceaux d'abricots. ChagsBral passe un appel pendant que je prends quelques photos de ces maisons de style flamand, toutes de briques rouges qui font écho à l'anneau rouge et blanc de la Ronde de Nuit. Nous filons ensuite voir l'expo "Etrange et Familier" à l'Hospice Comtesse où je rêve devant la maquette de la maison en bois de cèdre d'Alejandro Stöberl. Puis nous visitons le reste de l'hospice que je n'avais pas encore vu et dont je ne retiens que la joliesse des carreaux de faïence bleue réalisés dans la région au 18ème s. "à la manière de Delft". Pour le reste, une certaine richesse de meubles précieux, de belle vaisselle, de tableaux laisse peu imaginer de l'austérité de la vie de cette congrégation religieuse. Un petit tour ensuite dans la cathédrale Notre Dame de la Treille avant d'aller se réchauffer d'un thé en attendant des nouvelles de Nath et de sa femme avec lesquels nous dînons. Grand sentiment de quiétude qui m'avait un peu quitté ces derniers temps. Etre là dans un ailleurs, avec lui. Juste profiter de ce qui s'offre à nous, partager.

Léger énervement parce que la batterie de mon portable fait des siennes et que ma communication avec Nath est coupée. Ca fait des semaines que j'ai ce problème et que je devrais la changer ... Bref, nous parvenons à nous joindre et comme ils ont pris un peu en retard, nous décidons de repartir pour la Grand Place faire un tour au Furet du Nord. En fait, à peine le temps d'admirer les structures de bambou de Bambuco qu'un nouvel appel nous fait nous diriger vers le point de rencontre. Il bruine toujours, les pavés luisent, une myriade de fines gouttelettes également sur nos cheveux, nos manteaux. Arrivée de Nath et de sa femme que je vois pour la première fois. Halte dans un bar et échange des dernières nouvelles autour de bières puis nous partons à la recherche d'un restau de spécialités du coin. Evidemment, sans réservation un vendredi soir, ça relève du défi. Retour vers l'Hospice Comtesse où nous tombons, dans une petit rue perpendiculaire, sur un restau de quartier dont la carte nous allèche. Manque de chance, plus de carbonnade, ChagsBral bave en se souvenant du welsh de sa grand-mère, pour finir je me décide, comme lui, pour un potjevleesch servi avec salade et frites et arrosé de bourgogne aligoté. Très agréable repas, agrémenté de bonnes conversations, un grand plaisir également à être là ensemble. Je découvre la femme de Nath qui semble un peu intimidée, parfois étonnée de ce lien qui s'est crée avec son mari, de ce que je semble savoir de sa vie, de ce que nous partageons. Mais très bon feeling. Repas qui se termine sur une crème brûlée à la violette comme je n'en avais jamais goûtée.

Nath nous dépose en voiture à l'hôtel. Grand lit accueillant où je ne tarde pas à m'assoupir alors que ChagsBral commence "Da Vinci Code".

Le lendemain matin, réveil vers 9h30. Maintien entre deux eaux contre le corps tout chaud de ChagsBral mais un peu après 10h00, il faut bien nous résoudre à nous extirper de là puisque nous retrouvons les "Nath" pour un brunch au Pain Quotidien. Descente de la rue Faidherbe sous d'autres structures de bambou qui me font penser à ces échafaudages utilisés dans certains pays d'Asie pour la construction de buildings. Premiers arrivés, encore un peu ensuqués, nous prenons place au bout d'une grande table commune et nous penchons sur la carte des brunchs. Nous nous apprêtons à commander, en attendant, nos cafés lorsqu'ils arrivent greumeuleu, agacés par l'attitude d'une bande d'ados "agressifs" avec lesquels ils ont fait une partie de leur voyage en métro. Conversations sur un rythme plus tranquille que la veille, sur un tempo de matin à glandouiller. Moi j'ai une impression légère de décalage, j'ai un peu mal au crâne, je me sens un chouillat fiévreuse. J'ai du choper un coup de froid. Le brunch est délicieux, la pâte à tartiner au praliné à tomber, deux heures filent ainsi sans prévenir. Nath a pensé à mon anniversaire et m'offre un petit carnet Moleskine et de quoi faire de forts jolis découpages sur le thème du fantastique avec des reproductions de gravures de Gustave Doré illustrant l'histoire de Sindbad le Marin, geste qui me fait super plaisir. Je remets "5 francs dans le crincrin" en leur rappelant qu'ils sont les bienvenus à Paris en décembre si ils veulent venir (puisque je pourrais m'installer chez papa qui part passer les fêtes à Dallas puis une semaine au Mexique) et nous nous séparons. Chemin à pied jusqu'à la gare où ChagsBral va prendre le train pour rejoindre sa famille sur la côte. Nous avons une grosse demi-heure avant son départ et trouvons refuge dans un bar. De fil en aiguille, ou par une drôle d'association d'idées, j'en viens à lui parler de ce qui s'est passé dans mon petit crâne au début du mois et je réalise, à nouveau, que quoi qu'il arrive il me semble que nous ayons un vrai bon niveau de communication qui nous permet de nous exprimer sur ce qui peut, parfois, partir de traviole.

Après son départ, je me dirige vers la sortie de la gare. Dehors, des trombes d'eau et moi, frissonnante, avec une absence totale de courage. Je suis sensée aller au Palais des Beaux Arts voir les quelques salles que je n'avais pas vues la dernière fois. A deux pas de là, se trouve le centre Euralille où je décide d'aller faire un tour le temps de me reprendre un peu. Au fond du centre, un Carrouf où je vais chercher une bouteille d'eau et me laisse tenter par deux/trois bricoles. Pas au mieux de ma forme, je reprends le chemin de la gare pour y échanger mon billet et repartir par le TGV de 16h00 où je passe l'heure de trajet à moitié somnolente. Mais le sourire aux lèvres.

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M'énerve. Des semaines que je suis sur ce livre et que j'avance comme un escargot. Pourtant "American Gods" de Gaiman ne représente "que" 691 pages. Et puis, ce n'est pas comme si je lisais des tas d'autres livres en parallèle. Même pas. J'ai juste commencé quelques pages des "Lettres à Nelson Algren" de Simone de Beauvoir avant de m'endormir dessus hier soir. Il était à peine 22h00. Bref. M'énerve parce qu'il va me falloir le rendre à la bibliothèque vendredi ou samedi, j'ai déjà une semaine de retard. M'énerve parce qu'en plus, j'aime beaucoup ce bouquin et que j'ai hâte d'en connaître la fin. Paradoxal. M'énerve.

 
         
     
         
     
         
   
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
   
         
     
         
  Stealing stuff brings bad karma © 2004