Septembre 2003

 
         
         
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C'est un fibrome, gros comme un petit pois, qui serait à l'origine de l'hémorragie survenue dans la nuit de dimanche à lundi. Rien d'inquiétant. Juste à surveiller m'a dit le gynéco. Soit. On va surveiller.

Et me revoilà avec des gélules de fer.

J'ai profité de ces quelques jours à Paris pour aller voir "Les Pirates des Caraïbes" (particulièrement aimé le jeu de Depp, pirate déjanté), "La petite Lili" (excellents Marielle et Depardieu) et "Le Coût de la Vie". Trois bons moments de cinéma.

Apprécié également l'expo Jacques Henri Lartigue au Centre Pompidou, notamment les vues stéréoscopiques (effet relief amusant) que je ne me souviens pas avoir vues, à l'époque, au Grand Palais. Les photos et peintures fixent les moments heureux d'une vie en une sorte de "journal intime visuel" qui s'étale sur presque 80 ans. Qui aura cette constance à la RDJ ? ; )

Demain matin, dès potron-minet, je file en train pour la maison vide qui m'attend sur la côte ouest. Je n'y resterai que 3/4 jours mais je me réjouis de cette parenthèse au grand air et dans la solitude. Hummmm ...

Depuis hier soir, toujours ce sentiment de, je ne sais comment l'expliquer, peut être de "saturation" en ce qui concerne le net. On dirait que j'ai atteint le point de rupture. Ras le bol de ce qui me semble être "un faux semblant de relationnel" (enfin, là je parle d'YM). Ou peut être est-ce mon cerveau, ou plutôt mon "fromage blanc" (merci romeliCa), qui ne s'adapte pas trop bien à ce mode de communication. Ouais. Je ne sais pas comment l'expliquer mais y'a un malaise. Et du coup, j'ai toujours ma demande d'abonnement adsl prête à l'envoi dans mon sac. En poste restante. Peut être définitive.

 
         
         
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Le décor Le compagnon

Ces trois derniers jours :

Lu : "Mon nom est Rouge" d'Orhan Pamuk. Totalement aimé cette plongée dans le monde ottoman du XVIème s. Surprise : même procédé que dans l'Adoration, chaque personnage prend à son tour la parole afin d'entrainer le lecteur dans l'intrigue policière et amoureuse.

Marché : en compagnie de Doggy, de longues heures, les poumons respirant d'aise l'air iodé. Peu de monde sur la plage. Cet espace merveilleux quasiment pour moi toute seule. Bonheur.

Cuit : mon premier tourteau vivant. Je n'en suis pas très fière mais c'était délicieux. Doggy est un fin gourmet. Il aime, comme moi, les crevettes grises et le beurre salé.

Ecouté : Cesaria Evora (Sao vicente di longe), Pergolesi (Stabat Mater) et Morcheeba (Fragments of freedom).

Ressenti pendant trois jours : une immense sérénité.

Compris : une vraie rencontre peut être une réconciliation avec soi même.

 
     
         
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Au marché, mon cabas s'est empli, entre autres, de figues de barbarie, de mirabelles, de coriandre et de ciboulette. Au détour d'une allée, afin d'échapper à la pression de la foule très masculine qui profite de cette promiscuité (faut que j'investisse dans un caddie), je me suis arrêtée devant le stand d'un apiculteur qui était en pleine découpe de rayons. Je n'ai pas résisté.

Vu deux expositions "photos".

La première, à la Maison Européenne de la Photographie : "Coïncidences" de Sarah Moon annonçait une oeuvre personnelle et intime cherchant à mettre en scène l'éphémère. N'ayant en tête que son travail publicitaire, esthétique et léché, j'ai été déçue. Pas d'âme, pas d'émotion. Rien ne m'a touchée.

Il en a été tout autrement avec les photos de Li Zhenshen, photographe de presse d'un grand quotidien du Nord-Est de la Chine pendant la Révolution Culturelle.

140 photos officielles, parfois retouchées, ou photos prises secrètement, notamment lorsqu'il est lui-même envoyé à la campagne dans une école de "redressement" pendant deux ans. La terreur qu'inspire le "grand éducateur" imprègne le plus simple des clichés. Un paysan montre à ses voisins le portrait de Mao qu'il vient d'acquérir, des pilotes lisent les pensées du président avant de décoller... Chacun, individuellement, est épié. Chacun tente de se montrer plus "radical" que son voisin. Procès publics, rassemblement de masses, exécutions. Partout une foule imposante. Que du collectif. Je ne peux m'empêcher de repenser au Rwanda, à cette idée que le crime, l'horreur doivent être partagés par le plus grand nombre possible, que chacun doit en être un acteur. Banalisation ? Justification ? Enfer.

 
         
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La rentrée, ça serait tout chambouler, recommencer à zéro ? Meuh non ... surtout pas. Je vais rien chambouler du tout et surtout pas la zenitude qui m'ait tombée dessus pendant les vacances.

Repris le boulot lundi (RAS). Remis des collants, sorti l'imper, commencé à trier les vêtements d'été et à ranger, regardé les marrons tous brillants à mes pieds en attendant le bus, recommencé à faire des listes chaque jour sur mon agenda.... Mais le rythme se maintient tout doux. Pas de "frénésie", pas de méga liste d'activités à entreprendre comme les années précédentes. J'ai, d'ailleurs, renoncé à reprendre des cours à l'ICH (pas le courage, le cours qui m'intéresse a lieu le samedi matin entre 8h et 10h). Je ne suis pas encore réinscrite à la chorale. Même pas encore contacté le prof de chant conseillé par Sang-Po. A suivre.

Par contre, côté plaisirs, la liste s'allonge notamment avec une série de week-ends comprenant des déplacements, des rencontres ou des retrouvailles. Ca, c'est bonheur ! Et je parle pas des concerts et spectacles auxquels je vais assister.

Je viens de réaliser que je n'ai pas parlé de Lui depuis un bon moment. Nous sommes toujours en contact. Ce contact est très plaisant comme l'ont été nos quelques conversations téléphoniques mais ... Oui, on dirait qu'un "mais" émerge (je la joue à l'Idéaliste "moui, allez, sors le, arffffff") Je le sens "papillonner" et ça m'agace un peu. Ceci dit, je me demande bien pourquoi car mon attirance pour lui n'évolue en rien du tout. Point mort. Pire, aucune envie de séduction ni de jeu. Curieuse attitude de ma part. Ou plutôt pas banale. Enfin, ça c'est ce que j'ai ressenti ces derniers temps. Possible que mon état d'esprit soit tout autre lorsque nous nous rencontrerons.

PS : ne pas oublier de mettre sur une liste quelque part : la mise en chantier de mon site.

 
         
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Cet après-midi, je demande à ma chef, qui déboule énervée comme d'habitude de son bureau, de ne pas crier (svp) lorsqu'elle me parle (mon ton me semble neutre mais bon, je suis pas forcément bien placée pour en juger, j'ai trop mal à la tête). Elle me jette un regard noir avant de reprendre sa question.

Aussitôt, dans mon petit crâne liquéfié par la crève qui circule dans Maboite, je me dis "Là, chapeau ! T'es franchement nulle ! Elle a une EXTINCTION DE VOIX aujourd'hui !"

Le moment était mal choisi. Ca arrive parfois. Mais j'en ai tellement marre de son ton criard, excédé, impatient qui tranche tant avec le silence du bureau que je partage avec collègue S. Elle a pas crié, d'accord ! Mais c'était tout comme.

Ca n'a pas loupé. Trente minutes après, j'ai eu droit à un petit sermon entre quatre yeux. Et là, tremblante de cette fièvre qui ne me lâche pas depuis mon réveil à 4 heures, je me suis excusée sans même penser que c'était peut être le moment de m'ouvrir un peu plus à elle. Mais rien. Dans le fonds, ça me passe un peu au-dessus. Allez, je vais être honnête, ça me passe totalement au-dessus cette ambiance nulle qui règne depuis le dernier éclat de collègue S.

Je viens d'exécuter une série de 20 éternuements tonitruants. M'étonnerait pas que j'ai perdu quelques neurones.

Alors, ça va être soupe de champignons, yaourt au soja, un bouquin sous la couette. Je suis morte de fatigue et mon lit me fait des clins d'oeil.

 
         
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Sang-Po part le 29 pour l'Inde. Il y passera 3 semaines dont une à Dharamsala où, bien évidemment, il ira rendre visite à Tsering. Mon coeur se serre un peu à cette pensée car ce voyage nous avions prévu de le faire ensemble. Mais bon, Lung Tok peut lui arranger un séjour dans un monastère et Kunga est sur place pour encore quelques semaines. C'est donc, pour mon frère, le moment où jamais, d'autant qu'il remonte sur les planches jusqu'au printemps prochain avec deux ou trois pièces différentes.

Je vais lui demander de faire un petit film avec le caméra de papa qu'il montrera à cet enfant qui signe désormais ses lettres d'un "ton fils", à la mode tibétaine. Je suis d'ailleurs ennuyée car je n'ai aucune nouvelle depuis plusieurs mois et ignore s'il a reçu les derniers albums de Tintin que je lui ai envoyés et surtout le chèque pour son "argent de poche" dont je sais qu'il ne sera pas débité à réception mais plutôt en fonction de ses besoins.

Enfin, je me dis qu'en rencontrant mon frère, en discutant avec lui, ce lien ténu qui nous relie va peut être se renforcer. Je me réjouis plus du futur retour de Sang-Po et de tout ce qu'il aura à me raconter (tant sur Tsering, que sur la communauté tibétaine, que sur l'Inde elle-même puisqu'il envisage de passer une semaine à Vanarassi) que de son imminent départ.

C'est à moi, maintenant, de préparer mon voyage vers Tsering pour courant 2004.

 
         
   
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Je profite de chaque moment de ces belles journées de fin d'été et n'ai plus trop le temps de venir sur ma page bleue.

Le week-end passé en compagnie de Metog a été bien doux. Je réalise combien sa présence à mes côtés génère de bien être et de calme. Quel dommage que mes sentiments pour lui n'évoluent pas. Mais quel dommage également que bientôt autant de kilomètres nous séparent. Il a, en effet, appris officieusement que son dossier est en très bonne voie et il pourrait se trouver en poste en montagne courant 2004. De toute façon, je vis trop au jour le jour pour m'embarrasser d'un tas de questions inutiles. Pour le moment, je profite des instants fort agréables que nous passons ensemble comme dimanche, le long du Canal Saint Martin. Nous avons baguenaudé le long de ces quais que j'apprécie plus particulièrement pour l'atmosphère "vieux Paris" qui s'en dégage, pour sa succession d'écluses et de ponts dont j'ai découvert que certains sont tournants.

Le dimanche, les quais sont réservés aux piétons et aux rollers. Metog est tombé sous le charme alors nous reviendrons les roues aux pieds dès que possible.

Je coqalâne, mais j'ai reçu un mail qui m'a attristée. Depuis ce matin, je me sens bien impuissante et un peu malheureuse.

Ponya, qui a enfin sa connexion internet, commençait par un "si je t'avais parlé le jour où je t'ai laissé un message, je crois que tu aurais fait les frais de mes pleurs. Il y a de quoi craquer" avant de me décrire la succession de mésaventures survenues depuis leur arrivée à la Réunion. En la lisant, mon coeur se serrait. Je sais quelle énergie elle est capable de mettre en branle pour rendre cette période de transition plus facile à sa petite famille mais comment fait-elle face à un emménagement dans de telles conditions avec deux enfants et un mari malades (gastro pour tous, bronchite asthmatiforme pour tibout qui est désormais sous cortisone et ventoline en raison du climat très très humide). Je lui ai fait un long mail en réponse pour lui raconter mes dernières "aventures" et lui envoyer tout plein de tendresse. Si seulement ils n'étaient pas si loin.

 
         
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Longue conversation avec Lui, hier soir, concernant notre rencontre qui devait avoir lieu dans les prochains jours et qui ne sera pas. Petit pincement au coeur, lorsqu'il m'avoue être "agréablement surpris" par ma réaction. Quoi répondre à ça ? Naturellement, je ne le lui ai pas caché, je suis déçue. Non seulement de ne pas le rencontrer mais également de ne pouvoir participer à cette manifestation qui nous aurait réunis quelques heures et dont je me faisais une vraie joie. Mais bon.... compte tenu des circonstances, je ne vois pas d'autre option que celle de m'effacer.

Du coup, il m'a fallu jongler, un peu, avec l'emploi du temps des uns et des autres pour ce week-end chamboulé et il me reste à changer mon billet de train pour rentrer dimanche à Paris, ce que je ferai demain matin.

Là, je n'ai plus de raison de dire, à suivre ....

Ceci dit, zen je suis, zen je reste ; )

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Cacran ne va pas bien du tout a murmuré Tserba dans un sanglot.

Par la fenêtre du TGV, je vois le paysage émerger de l'ombre. Sur les collines qui défilent, les arbres se découpent comme autant d'ombres chinoises dans la lumière rose ombrée de violet. Bientôt, le disque safran darde ses rayons à l'horizon, éclaboussant d'or les nappes de brouillard que nous traversons. Je trouve un peu de réconfort devant si simple beauté.

 
         
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Yessss... j'y suis, enfin, montée.

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En embarquant dans le TGV, tout à l'heure, à Valence, je tombe nez à nez avec Simon, un ami de F. Il y avait peu de monde et nous avons pu nous asseoir face à face afin de discuter tout à loisir. Nous avons, naturellement, parlé de nous, de ce qui est arrivé, dans nos vies, ces 2 dernières années puis la conversation a glissé sur F., sur sa fille Clara dont la naissance, quelques mois après notre séparation, les a tous surpris.

Simon faisait partie du clan "F" avec lequel j'ai coupé tout contact par la suite. Pourtant, combien de fois ai-je voulu pousser la porte de sa galerie lorsque mes pas me menaient dans son quartier ? De lui, je tiens mon peu de connaissance en art contemporain et j'ai souvent regretté nos conversations, son enthousiasme à partager avec moi ses découvertes. En nous quittant Gare de Lyon, nous nous sommes promis de nous revoir bientôt. En tout cas, au moins à la FIAC.

J'ai retrouvé avec plaisir mon "chez moi", fait le tri dans les photos prises ces derniers jours, déjà envoyé certaines par mail, lu avec bonheur une lettre de Tsering ornée d'un dessin de Tintin. Il est toujours en bonne santé, travaille bien à l'école et adore lire les bd que je lui envoie. Je n'ose pas lui annoncer l'arrivée de Sang-Po. J'imagine sa déception s'il y avait un contretemps.

Je voudrais charger Sang-Po d'un tas de présents pour lui mais j'ai toujours en tête les recommandations de Lung-Tok. Aussi, je m'abstiendrai. Comme il aime le foot, j'ai juste envie de lui trouver un tee-shirt (mais quelle taille ????) d'une équipe française (et laquelle ? j'y connais rien !).

 
         
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Par quoi commencer ?

A peine l'écran allumé, tous les souvenirs refont surface exigeant, chacun, une place de choix. Pourtant, je le pressens, je ne trouverai pas les mots pour tous. Certains ne seront qu'effleurés comme, par exemple, les délices du panier... En fait, il ne sera question que de quelques moments de plaisir de la semaine écoulée.

Tout d'abord, celui du concert d'Aldebert au Zèbre. Je résumerai par un mot : bonheur. Celui de voir pour la première fois, à quelques mètres, un artiste, dont j'apprécie le travail, "pousser la chansonnette, jouer les funambules, s'improviser poète". J'ai fredonné du bout des lèvres ou même chanté à tue-tête "c'est c'ui qui dit qui y est", eu la sensation de mener le tempo du bout de mes doigts de pieds qui frétillaient. Et partager tout cela avec un garçon docile qu'on attrape en battant des cils et qui s'avère être d'excellente compagnie. Quoi demander de mieux que ces musiciens qui passent, qui nous donnent leur soirée ? Qu'on recommence, pardi !

Sang-Po, avec lequel j'ai dîné tibétain jeudi soir, est maintenant en chemin pour Dharamsala où, dans quelques heures, il arrivera avec les 130 kgs de vêtements que lui ont remis des amis avant son départ et qu'il distribuera aux réfugiés du TCV. Il passera également un peu de temps avec Tsering et j'ai le coeur qui se dilate de joie car je sais que pour mon frère ces rencontres seront de celles qui comptent dans une vie.

Lors de ce dîner, échanges de regards rieurs avec Kunga au-dessus du bol de "tsampa" et des momoks fumants. Subtile intervention de Sang-Po lors de notre conversation afin que nous nous retrouvions au POPB pour assister ensemble à la conférence du Dalaï Lama le 12. Donc, vivement le 12.

Vendredi soir, je pensais attraper mon train au vol Gare de l'Est pour rejoindre Metog .. fichu train qui est parti avec presque 3/4 d'heure de retard en raison d'un problème de signalisation. Mais rien qui me mette de méchante humeur, pas même le rideau de nuit qui tombe désormais bien tôt.

La maison, désormais familière, au bord de la rivière et son parfum d'eau. Les baisers et caresses de retrouvailles qui se font plus tendres au fur et à mesure qu'ils s'imprègnent de sommeil. Plaisir de m'endormir à la chaleur de son corps, sa main déjà lourde d'abandon au creux de ma taille. Une souffle de son pouce sur ma peau. Dernière sensation avant de plonger pour 9 heures.

Réveil au grand soleil. Dans l'après-midi, ballade sur la digue à la jonction des lacs Amance et Temple dont on vante la richesse ornithologiques et le caractère sauvage (à juste titre) alors que ce sont des lacs artificiels chargés de réguler le débit de la Seine et de l'Aube. Quelques promeneurs (vélos ou rollers) sur cette digue longue de 17 kms. Près du barrage, nous prenons place pour jouir de la vue. La nature telle que je l'apprécie, le temps d'une parenthèse, paisible.

Par contre, à oublier très vite, le film "Hero". Mauvais. Histoire décousue, scènes de voltige à pleurer, scènes à la cour du roi de Qin à la limite du grotesque, trop grande importance accordée à l'esthétisme. Rien ne relève l'ensemble. On est loin de "Tigres et Dragons" (et pourtant j'avais beaucoup apprécié "Epouses et Concubines").

Un tas de choses encore à raconter, notamment sur Tserba avec qui j'ai dîné ce soir, mais mes yeux papillonnent. A suivre ...