Septembre 2004

 
         
         
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Dans la pénombre/les draps jouent/coquelicot

 
         
         
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Sieste. Chaleur. Corps libérés. Ballet de bras et de jambes. L'un contre l'autre, sur le côté droit, mon bras gauche au-dessus de son épaule jusque sous sa joue droite, ma main dans la sienne, ma jambe gauche maintenue entre les siennes. J'ai émergé un peu avant de replonger, nous étions face à face, mon visage contre sa poitrine, une main caressait une hanche. Puis, plus tard, tous deux sur le dos, entre nous les doigts mêlés. Dans un entre deux eaux, les haïkus sont venus à foison mais je n'ai pas voulu me lever pour les noter, ne pas bouger pour maintenir cet état de bien être. Venus et aussitôt repartis, les haïkus éphémères.

Etonnement, à chaque fois, devant le bienfait de ces parenthèses.

Après le départ de ChagsBral, je me suis engagée sous les arbres qui abritaient la brocante. Le soleil filtrait à travers les toiles des stands où il régnait une chaleur de four à pain. Toujours les mêmes drouilles, rien d'intéressant. Par contre, la petite école d'art, enfin réouverte, exposait. Excellente discussion avec la personne qui anime l'atelier auquel je souhaite participer et qui commence en octobre.

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Sous les roseaux la carpe/Rêveuse/Manteau de lune

L'haïku reçu ce jour qui m'interroge sur mon silence.

 
     
         
 
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J'ai prolongé l'emprunt de "Carnets Intimes" de Sylvia Plath qui, dans un premier temps m'avait rebuté et je ne le regrette pas. Je me suis émerveillée des sensations enfantines du Rocher Vert, j'ai frémi en lisant les Langues de Pierre et, aujourd'hui, j'ai apprécié Un Jour en Juin. Dans l'un de ses journaux, Julien Green, admirant des tableaux impressionnistes, se désole de ne pouvoir rendre de façon aussi parfaite un instant, la peinture surpassant largement, pour lui, l'écriture. Lire ces quelques lignes l'aurait peut être fait changer d'avis.

"Prenez l'odeur du linge fraîchement lavé ; de l'herbe fraîche qui sèche après une ondée ; prenez le scintillement changeant du soleil dans un champ ; le goût des feuilles de menthe, si fraîches sur la langue ; l'éclat sans faille des tulipes dans un jardin ; des ombres vertes, qui s'éclaircissent vers le jaune, qui s'assombrissent vers le bleu ... l'éblouissement... la caresse chaude du soleil sur votre peau ... les flèches aveuglantes du soleil qui ricochent sur le bleu intense et limpide de l'eau ... l'allégresse ... les bulles qui montent, qui éclatent .... le doux glissement .... le chant liquide de l'eau sous la proue ... de minuscules taches de couleur qui chatoient et qui dansent : tout cela à aimer, à chérir. Jamais plus un si beau jour !" S. Plath

J'ai, également, beaucoup aimé le personnage de la Veuve Mangada.

"Ses yeux révélaient une mare noire sans fond où une pierre avait disparu, et dont la surface était ridée de multiples ondes concentriques" - Cette Chère Veuve Mangada

Une autre bonne surprise (choix judicieux de ChagsBral) "Les Amants du Cercle Polaire" de Julio Medem, que nous avons regardé ensemble. Fraîcheur des sentiments d'enfants, premiers désirs adolescents, éclosion du sentiment amoureux, du romantisme pas poisseux du tout qui m'a beaucoup plu.

 
       
 
         
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Connexion avant de partir au bureau et

- des photos de Titou, le visage tuméfié après sa chute dimanche. RV téléphonique avec Ponya demain matin,

- toujours un soupçon concernant deux IP. MaChef me lit-elle ? En tout cas, il semble que quelqu'un du bureau le fasse.

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Parcouru cette nuit un livre de Malek Chebel magnifiquement illustré par Lassaâd Métoui (calligraphie arabe) Les Cent Noms de l'Amour.

Commencé, également, "Logique sans peine" de Lewis Carroll. Un défi.

Constaté que je peine à écrire en ce moment. Cela relève plus de l'exercice auquel je m'astreins (afin de ne pas perdre le fil) que du plaisir.

 
         
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Premier mail de Lamto et je me demande si je ne rêve pas. Mener une campagne auprès des rdjistes pour faire accepter ma réintégration ? Franchement.

Deuxième mail de Lamto, on ne peut plus obscure faisant référence à mon journal puis dérobade lorsque je lui demande des explications parce que je vois pas bien le rapport avec mon retour à la RDJ. Il ne souhaite pas aller plus avant. Soit. Ca sent la vase et ça ne me plaît pas, je jette l'éponge.

Il me faut maintenant récupérer le carnet qui devait continuer de circuler auprès des rdjistes. Ca n'a plus aucun sens. A rendre à Théo et Biscotte qui avaient eu la gentillesse de le commencer.

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Un chien s'ébroue/Déception du marchand de jasmin/Déluge

Arrivée chez Kunga, avant ChagsBral, hier soir, et, tout en buvant des tasses brûlantes de thé des Moines au délicieux parfum de guimauve, j'ai gribouillé quelques haïkus (pas forcément fameux mais j'y prends grand plaisir). Kunga était absent, en vacances peut être. Dommage, je souhaitais lui parler de la proposition de Simon de m'aider à récolter des fonds pour les TCV (peut être aurait-il eu une idée autre que de passer par Ebay) et de la réponse de l'orphelinat népalais. J'ai toujours le coeur un peu lourd de ma décision mais je ne me vois pas adopter un enfant de plus de 2 ans, faire entrer dans ma vie une petite vie de 4 ou 5 ans avec déjà une histoire, une personnalité éclose dans un ailleurs qui n'aura rien de commun avec ici, un pari d'adaptation qui me semble bien trop hasardeux. Enfin, je n'en suis qu'au tout début de ce projet et je pense qu'il devient indispensable que je rencontre cette femme, dont m'a parlé Kunga.

Eclairée d'une flamme/La pierre sourit/Sereine

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Cette semaine a filé à la vitesse grand "v". "Farenheit 9/11" et "Carnets de Voyage" vus au cinéma. Emotions multiples en voyant le premier et la réalisation que ces images du 11 sept 2001 me renverront toujours au décès d'Amala (la vision de l'effondrement des deux tours, et le sentiment de peur autour de moi qui s'en suivit, comme un détonateur, point de départ d'une période de douloureuses crises d'angoisses, de cauchemars, de visions récurrentes de son visage au moment de l'infarctus).

Un concert au Divan du Monde avec JG : Lavilliers et l'excellentissime Mino Cinelu. Un dîner indien et, le lendemain soir, un italien (gnocchis aux cèpes divins chez Il Duca), des repas qui ralentissent ma perte de poids bien que, bon an mal an, elle se poursuive.

Enfin, je sens que ce petit "coin" de moi qui était devenu si triste, cet été, certes ne se pare pas de boas ni ne lance de confettis, mais reprend de belles couleurs chatoyantes. Et c'est déjà ça.

 
         
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Des escaliers "durs aux amoureux" à grimper et pour m'en distraire, ce guide acheté la semaine dernière, une vraie mine que je consulte tout en reprenant mon souffle. Arrivée en haut de la Butte, je réalise vite que commencer par la case "arrivée" du circuit ne va pas être chose aisée, le plan n'étant pas très précis (ou moi pas assez attentive). Alors, il suffit d'un signe, qu'une brise se lève agitant les frondaisons, me donnant l'impression d'entrer dans une volière pleine d'ailes soyeuses, et je range l'ouvrage dans mon sac pour mieux me perdre dans ce fouillis de petites rues qui s'étirent sous mes pas. Et là, j'en découvre des coins charmants que je n'avais fait que frôler jusqu'ici. Mes yeux opérant une drôle de sélection, je ne capte quasiment que le végétal. Les premiers marrons et les pince-nez au sol, le lierre qui court le long des façades, les jardins qui se laissent à peine entrevoir derrière des grilles, les figues à portée de mains dans la rue de l'Abreuvoir. Jusqu'à la pause à la terrasse du Rendez-vous, pour profiter encore un peu de cet air de fin d'été fleurant bon la chlorophylle et de la lumière douce qui va avec, où je me prends à rêver d'un futur possible. Habiter Allée des Brouillards ou rue des Saules, un jour.

 
         
   
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5 heures debout et j'ai les pieds qui grésillent. Voilà.

 
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
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  Stealing stuff brings bad karma © 2004