Septembre 2005

 
         
         
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Cet après-midi, au moment où je refermais la porte de l'appartement derrière nous, Lilly s'est arrêtée de hurler, à murmurer un "reuh" plein de trémolo avant de nicher son nez dans mon cou en têtant le tissu de ma tunique, son petit corps se relachant complétement dans mes bras. Le mieux qu'il me restait à faire était de respirer un bon coup et de faire le vide pour pouvoir accueillir son regard endormi avec tendresse. Oui, rien d'autre à se dire que c'est ainsi la vie avec un bébé est pleine d'imprévus.

Oublier un instant ChagsBral, l'envie que j'avais de pouvoir partager avec lui un déjeuner rapide en terrasse avenue T., la quiche avalée en trois bouchées pendant qu'il faisait les cent pas un peu plus loin, Lilly pleurant dans ses bras. Un instant gâché, pensais-je, qui n'a aucun intérêt. Rentrer à la maison, retourner rapidement dans le cocon là où je sais comment la calmer, où, je ne sais pourquoi, je me sens moins impuissante.

Bref, le choix demain matin se résume à "sortie avec Lilly dans le Tikamak" ou "Lilly dans la poussette". *grat grat la tête* Il va bien falloir qu'elle s'y habitue quand même. Enfin, je dis ça mais je ne suis même pas certaine qu'il s'agisse d'un problème d'adaptation à la poussette.

Bon, sinon je me donne trois semaines/un mois pour retranscrire mes notes du mois de juillet.

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Après le biberon de 4 heures du mat, je me suis rendormie comme une masse. Si on m'avait dit un jour que je serais capable de reprendre le sommeil comme ça au petit matin, c'est clair je l'aurais jamais cru. D'ailleurs, après le bib de 8h ou 9h, il peut m'arriver de repiquer du nez, sans problème également. De même, il m'arrive de faire une sieste (de 12h00 à 13h00 ou de 14h à 16h00, il n'y a pas vraiment de règle), parfois c'est avec Lilly dans mon lit ou chacune dans le sien (et j'adore me réveiller, mon visage contre le sien, son petit corps tout chaud au creux du mien et quel plaisir lorsqu'elle se réveille de capter son regard).

Ce matin, plutôt en forme, j'ai décidé de m'accorder, luxe suprême, une longue douche bien chaude, de me laver les cheveux, sans toutefois être certaine d'avoir le temps de me servir du sèche-cheveux. Bien agréable moment. Le plus souvent, je ne m'accorde que 5 mns pendant que Lilly gazouille/somnole dans son transat juste à côté de la porte de la salle de bains. Il m'est même arrivé, je dois bien l'avouer, d'en sortir après y être juste entrée pour la trouver rouge de gros sanglots, merci les coliques du nourrisson.

Mais rien de cela ce matin, donc. Plaisir ensuite de boire tranquillement mon café et de savourer quelques tranches de brioche recouvertes de confit de pétales de roses. Il était environ 10 h lorsque le téléphone a sonné. Un appel que je n'attendais réellement plus, ayant envoyé les faire-parts * (de chez Fifi Mandirac, simple et très mignon, qui a fait un tabac) rapidement après ma sortie de clinique (il y a env. 5 semaines). Il s'agissait de Sabine, une amie de collège, avec laquelle j'ai partagé une très grande amitié jusqu'il y a une dizaine d'années. Amitié qui avait résisité, tant bien que mal, à son cheminement différent du mien (mariage à 23 ans, trois enfants, l'éloignement géographique (Washington, Bâle). Je l'avais recontactée au moment du décès d'Amala, qui l'avait sincèrement affectée, puis plus rien. Je l'avais regretté, repensant avec une certaine nostalgie à ces années partagées. Il y a 4 ans, ils venaient enfin de se réinstaller à Paris, achetant un appartement à deux rues de chez Sang-Po, nous aurions pu nous voir plus facilement. J'avais des nouvelles de temps en temps par mon père très ami avec le sien qui lui avait appris ma grossesse. Enfin, donc, ce matin, elle s'est décidée à jeter un nouveau pont entre nous, m'offrant ses sincères félicitations. Comme à chaque fois, nous avons retrouvé avec facilité le même ton, la même envie de savoir ce que chacune devenait. Il s'en est suivi une heure de blabla avec la promesse de se voir très vite car j'ai décliné son invitation à venir déjeuner chez eux demain. Lilly, depuis 48 heures, pleure beaucoup à cause de coliques douloureuses. Au point que j'ai repris la tisane de fenouil (pas celle de l'herboristerie mais du BabySoif) et que j'envisage, si les choses ne se calment pas un peu d'ici lundi, de changer de lait. Nous voyons le pédiatre de la crèche mardi et je lui poserai la question de l'intolérance au lait de vache.

Compte tenu de ce qui précède, nous sommes restées à la maison, tranquillement, enfin, disons que j'ai passé pas mal de temps avec Lilly dans les bras afin de la consoler du mieux que je pouvais. Juste fait une petite ballade en fin d'après-midi en passant par la grande pharmacie du coin pour acheter du BabySoif, du liniment oléo-calcaire et un thermomètre car la prise de température par l'oreille avec un bébé qui gigote et un conduit tout petit, bonjour.

Pour finir, la baignoire Shantala (ou ma façon de la tenir lorsqu'elle s'y trouve et qui n'a pas l'air de la rassurer) ne plaisant définitivement pas à Lilly, il faut que je m'équipe en début de semaine d'une baignoire classique où je pourrai l'allonger sur un petit transat.

En ce qui me concerne, le moral est meilleur même si les pleurs de Lilly depuis deux jours m'épuisent. Voir son enfant pleurer la plus grande partie de son temps d'éveil a un effet usant et franchement, j'en ai un peu marre qu'on me dise que c'est normal, un bébé ça pleure. Ben non, je suis désolée, je n'arrive pas à l'accepter. Qu'un bébé pleure, c'est ok, qu'un bébé pleure non stop en se tortillant depuis 48 h pour moi c'est pas ok. J'espère que le fenouil va la soulager.

Pas encore fini de lire "Hanté" de Philippe Dupuy ni le "Journal d'une combattante" de Naomi Klein.

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La tisane au fenouil infuse alors que Lilly vient de se rendormir. Il est 9h20, le soleil perce enfin les nuages et inonde la chambre (il n'y a pas si longtemps, cela survenait vers 7h ; bientôt ces longues heures de clarté me manqueront vraiment, consciente j'en profite pour sortir pour de plus longues promenades).

L'appartement est un vrai souk ; il faudrait que je passe l'aspi, la salle de bains et la cuisine ont besoin d'un bon nettoyage, il y a encore la vaisselle d'hier midi dans l'évier, une lessive à lancer, du linge à ranger dans la commode de Lilly. Enfin, je regarde ça avec un peu de recul, c'est pas crade non plus et j'attends personne, les envies de sortie, le temps que je passe avec ma fille sont prioritaires.

Hier déjeuner, au bureau, avec collègue S. qui m'attendait avec plein d'adorables cadeaux et du tit punch de son île. Présentation de Lilly à celles et ceux qui n'étaient pas là lorsque je suis passée en août. Concert de louanges, beaucoup de compliments, des félicitations en veux tu en voilà, des questions aussi à profusion, parfois assez indiscrètes, sur mon accouchement et ses suites, que j'élude. Je suis étonnée du changement d'attitude de certaines. Maintenant on est du même bord semble m'indiquer un soudain tutoiement. Enfin, ça m'arrange qu'elles finissent par relater leurs accouchements réciproques en détail, ça meuble. Pas trop eu le temps de discuter avec ma chef qui déjeunait à l'extérieur puis avait un rv dans un immeuble. Partie remise, je repasserai d'ici 2/3 semaines déjeuner avec elle (j'ai quand même réussi à aborder la question d'une reprise au 4/5ème, juste pour avoir son avis, me l'a fortement déconseillé pour le moment compte tenu de ce qui se prépare d'ici la fin de l'année).

Après le déjeuner, petit détour par la boutique Natalys sur les Champs pour acheter une baignoire Babymoov pour Lilly. Essayée depuis sans grand succès. Ma fille n'aime pas l'eau. Ce n'est qu'en la tenant contre moi, mon visage contre le sien, lui murmurant des mots doux, un bras la soutenant de la tête au bas du dos, que j'ai réussi rapidement à la savonner mais ça m'a fendu le coeur de la voir hurler en s'accrochant fortement à mon bras lorsque je lui ai lavé les cheveux. Vraiment un crève-coeur. Il va pourtant bien falloir qu'elle s'y fasse ma puce. Ca marche la martothérapie avec un bébé ?

Sur un autre front, grande nouveauté aujourd'hui : Lilly fait ce que la pédiatre appelle des sourires réponses depuis ce matin. Rien de plus craquant que le sourire de son enfant.

 
     
         
 
   
       
 
         
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Il est 9h00. Je viens de me pencher sur son petit lit, Lilly dort encore à poings fermés. Et ils le sont bien, les petits poings remontés à la hauteur de ses joues rebondies. Le souffle doux, le visage serein, le petit corps dodu bien au chaud dans la gigoteuse. A l'extérieur, le thermomètre indique 16°. Le jour est gris, l'automne arrive à grands pas. J'ai l'impression de n'avoir pas eu d'été. Où passe le temps ?

Samedi dernier, déjeuner chez papa/belle-mère. Appartement sens dessus dessous. TexanGirl arrivée de Dallas avec sa fille, qui est rentrée à l'école maternelle du bout de la rue, et ses chats. Présence également de l'autre petite fille, du même âge, qui avait grande hâte de faire la connaissance de Lilly. Scène charmante : les deux petites penchées au-dessus du couffin où papa a couché "l'héritière" *soupir énervé* et lui chantant "au clair de la lune". Au même moment, un des chats s'approche, flaire, alléché certainement par l'odeur de lait, Lilly vient juste de prendre son biberon.

Quant au mari de TG, il est entrain de vendre leur maison, signature dans 3 semaines, puis les rejoindra ici. Papa a mis à leur disposition la partie de l'appartement ex-Amala, en prolongation du sien, qui leur permet d'être complètement autonomes (cuisine, salle de bains pour être un peu en famille et pas forcément tjs côté des parents). Je pensais que depuis qu'ils avaient pris cette décision de se rapatrier en France, en raison des sérieux problèmes psy de TG, son mari se serait mis intensivement au français. Que nenni. Quand je m'inquiète de la santé de TG auprès de papa, il tente de résumer la situation d'un "Ca fait 4 jours que je lui demande de nettoyer la litière de ses chats.." *haussement d'épaules* Alors pour ce qui est de la recherche d'un boulot...

Enfin, déjeuner sympa si ce n'est que les petites n'en ont fait qu'à leur tête et je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec TG. Du coup, je lui ai proposé de venir déjeuner à la maison prochainement ou, si Lilly est calme, nous pourrions aller à la Halle St Pierre.

A part ça, semaine peinarde. J'ai pris le temps, un matin, de passer chez Virgin acheter le dernier Paul Auster, "Brooklyn Follies", et "Mildiou" de Lewis Trondheim. Egalement pris un cd de musique classique (principalement des berceuses) pour Lilly. Pas de chance, rupture de stock chez Darty pour les lecteurs compacts CD et K7. J'en voudrais un petit pour la chambre de ma puce. Pensent être livrés dans 3 semaines, j'ai fait mettre de côté un Toshiba. J'ai profité de l'occasion pour échanger à la Grande Récré, située juste à côté, le cadeau offert par collègue S. contre un ravissant hochet fleur Cotoon (Smoby) et un autre plus coloré (Tiny Love).

 
         
     
         
     
         
   
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
     
         
   
         
     
         
  Stealing stuff brings bad karma © 2005